La Presse Bisontine 234 - Décembre 2021

Besançon 9

La Presse Bisontine n°234 - Décembre 2021

SOCIAL

Les S.D.F. ne sont pas seuls À Besançon, des sans-abri se prennent en main Un sans domicile fixe créé “Les Compagnons de la rue”, un collectif qui souhaite mettre à disposition des logements que l’association se propose d’autogérer. Dans le même temps, cinq appartements pour accueillir des sans-abri avec leurs chiens ouvrent. Il est prévu que la cantine de la boutique Sainte Jeanne-Antide propose des repas tous les jours.

L’ arrêté anti-mendicité pris en 2018 par l’an- cienne municipalité avait suscité la colère

urbain, elle ne remet pas des bancs “anti-mendiants”. Un détail, certes, qui a son impor- tance pour ceux qui vivent dans

des associations de défense des sans-abri. C’est du passé. Aujourd’hui, quand la Ville de Besançon remplace sonmobilier

Philippe Cremer, conseiller municipal délégué chargé es dispositifs d’accueil des sans-abri.

nos mains pour écrire un lende- main, dit-il sobrement. On peut imaginer que la mairie nous mette un lieu à disposition, il y a beaucoup de logements non occupés, que nous pourrions réno- ver avec nos mains et gérer. Pour- quoi pas un bâtiment à Saint- Jacques comme cela avait été mis à disposition des migrants ?” imagine Alain. Il veut aussi redonner la possi- bilité aux personnes de la rue de bénéficier de leurs droits civiques.Vaste programme. Pour cela, le collectif doit gagner la confiance de tous : “C’est sans doute le plus dur” admet-il. À Besançon, il existe des centres d’accueil abritant les S.D.F.mais ils ne semblent pas faire l’una- nimité : “Les Glacis, à Besançon, c’est insalubre. On dispose d’une douche le matin pour trente per- sonnes” témoigne le représen- tant du collectif. Les deux autres principaux foyers sont l’Agora et Javel. “Il faut deux mois pour obtenir une place” constate le représentant du collectif. La Boutique Sainte Jeanne-Antide propose des repas chauds les midis. “J’ai demandé à ce que dès 2022, les repas soient aussi proposés le week-end” annonce Philippe Cremer. La Ville avec le Centre commu- nal d’action social (C.C.A.S.) a ouvert cinq places dans un hôtel bisontin où les sans-abri peuvent dormir avec leurs chiens. Une collaboration avec la maison d’arrêt pour préparer la sortie des personnes incarcérées afin qu’elles ne soient pas livrées à la rue. n E.Ch.

la rue. Le premier dispositif dumandat d’Anne Vignot fut de nommer un conseiller délégué aux dis- positifs d’accueil des sans-abri et d’accompagnement des migrants, en la personne de Phi- lippe Cremer. L’élu bisontin dresse un constat simple, mais terrible : de plus en plus de jeunes sont dans la rue.ÀBesan- çon, ils seraient 138 de 18 à 25 ans à mendier ou squatter, 609 de 26 à 39 ans, 242 de 40 à 59 et enfin 21 de plus de 61 ans. Ces chiffres évoluent. Ce qui ne change pas, c’est la détresse. Si des sans-logis ont choisi cette vie-là, d’autres la subissent. “Je veux monter, avec les autres compagnons, un plan de bataille pour que plus per- sonne ne soit à la rue cet hiver car 90 % des personnes à la rue veulent en sortir” annonce Alain Levavasseur. Alors qu’il était inséré socialement, cet homme s’est retrouvé sans toit. Il y a quelques semaines, il a adressé un courrier à la maire de Besan- çon en lui présentant son enga- gement. Cette dernière lui a organisé une réunion avec l’élu référent. Avec d’autres membres, Alain a créé “Les Compagnons de la rue”, une association dont le principal objet est d’acquérir et d’obtenir le droit d’usage d’un bien immobilier pour offrir à une personne dans le besoin et en urgence, l’accès à un habitat décent, ainsi que la possibilité de se nourrir et de recevoir des soins. “Nous avons à notre dis- position notre détermination, notre solidarité, notre parole et

EN BREF

Jouets Une collecte solidaire de jouets d’occasion est organisée jusqu’au 5 décembre à la déchetterie des Tilleroyes à Besançon pour aider les familles modestes et limiter le gaspillage. L’opération “Laisse Parler Ton Cœur” est organisée par l’éco-organisme Écosystem. Tous les jouets sont acceptés : électriques et électroniques, de premier âge, de société, en bois, poupées, puzzles, peluches, déguisements… à condition d’être en bon état et complets. Le Sybert les donnera ensuite à l’association Emmaüs France qui les triera, les nettoiera, les désinfectera et les réparera si nécessaire. Ils seront ensuite revendus à prix solidaires dans la boutique de l’association ou offerts aux familles les plus modestes.

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