La Presse Bisontine 233 - Novembre 2021

Économie 39

La Presse Bisontine n°233 - Novembre 2021

NOVILLARS

Les nuisances des camions La centrale biomasse ne fait pas que des heureux

Nuit de noces de courte durée ? Le maire - et des habitants - regrettent le flot ininterrompu des camions venus décharger le bois alimentant la centrale de biomasse de Novillars et la papeterie. Une rue doit être refaite… à la charge du contribuable. Mais l’usine annonce qu’elle va mettre la main à la poche.

A près la réalité des dis- cours, celle du terrain. En février 2019, laminis- tre déléguée à la Tran- sition écologique Emmanuelle Wargon accompagnée des élus de la Région et du Grand Besan- çon frappaient des mains. Ici se bâtissait un projet industriel et durable qui utilise le bois pour produire de l’électricité verte (vendu sur le réseau pour 20

des élus peu avant la création, rien n’a bougé. En revanche, les inquiétudes des riverains liées au déchiquetage du bois avant combustion sont dissipées. “Mais depuis la réalisation du réseau de chaleur, des travaux ont été réalisés il y a un an… et on aper- çoit des affaissements. Qui va payer ? G.B.M. puisque la com- pétence voirie est communau- taire” annonce le maire. En octobre dernier, Grand BesançonMétropole a validé un avenant au réseau de chaleur visant à apporter des clarifica- tions nécessaires concernant les tarifs et la facturation. Pour l’heure, les clients raccordés à ce réseau que sont la mairie pour son école, l’hôpital et Habi- tat 25 pour ses logements, n’ont pas encore reçu de facture. “Je ne peux donc pas dire si on a économisé…mais ce devrait être le cas, je l’espère” note le maire. Novillars va-t-il raccorder d’au- tres bâtiments ? “À la salle poly- valente, une chaudière a été ins- tallée il y a moins de sept ans.

pital, le foyer de vie Doubs Soli- darité handicap ainsi qu’un quartier H.L.M. Pourtant, le maire et des riverains déchan- tent : “Ce sont plus de 160 camions qui passent quotidien- nement à Novillars, chargés de bois provenant de 100 km à la ronde, et qui repartent à vide, dans la rue qui conduit à la cen- trale biomasse ! Du coup, on doit refaire cette rue : cela va coûter 400 000 euros dont 200 000 euros sont pris en charge par le Grand Besançon. Je loue la patience des habitants. Ils ont supporté durant plusieurs mois des tra- vaux sans un mot de remercie- ments de la part de l’entreprise” lâche Bernard Louis, le premier magistrat, un brin agacé par le peu de communication de la part de l’industriel voire de Grand Besançon Métropole. Il a repris le dossier à son arrivée, en 2020 et tente de négocier avec la cen- trale biomasse et la papeterie une participation aux travaux. Quant à l’acheminement du bois par la voie ferrée annoncée par

ans) et alimente en vapeur la papeterie située à 200 mètres de là. 87 millions d’euros étaient investis - dont de l’argent public -, 70 emplois étaient pérennisés à la papeterie GemDoubs, 50 autres étaient annoncés pour la filière bois qui n’a pas (encore) atteint ce chiffre. Ils sont 33. Deux ans plus tard, l’usine fonc- tionne ainsi que le réseau de chaleur. Il alimente l’école, l’hô-

Bernard Louis, maire de Novillars. En arrière-plan, la vapeur qui sort de la centrale biomasse, en fonction depuis bientôt deux ans.

La Biomasse revendue à un fonds d’investissement Le propriétaire de C.B.N. (Centrale Biomasse de Novillars) a été racheté en septembre dernier par le fonds d’investissement “Pearl Infrastructures capital”, un fonds spécialisé dédié au financement de projets d’infrastructures environnementales. En soi, cela ne change rien au fonctionnement du procédé industriel. Contactée par nos soins, l’entreprise indique que le nombre de camions est d’environ 25 par jour. “ La municipalité nous a demandés (à GemDoubs et C.B.N.) de payer le surcoût de préparation de la rue Weibel. C.B.N. accepte de prendre sa part au surcoût” explique l’entreprise. Voilà qui devrait rassurer le maire. n Ouverture en janvier 2022 En colocation à plus de 80 ans Âges & Vie s’apprête à ouvrir trois nouvelles colocations pour personnes âgées à Saône. Elle en compte déjà une quinzaine sur le Grand Besançon, avec parfois de longues listes d’attente. SAÔNE

désormais se passer du gaz, lequel constituait un important poste de dépense. Environne- mentalement, l’économie est de 25 000 tonnes de CO2 par an. Outre le réseau de chaleur qui fonctionne grâce à la chaleur dite fatale, l’électricité produite ici - soit l’équivalent de la consommation annuelle de 105 600 personnes, est vendue sur le réseau. n E.Ch.

À la mairie, il faudrait changer tous les chauffages…L’investis- sement me paraît trop coûteux pour se lancer.” De son côté, la papeterie Gem- Doubs qui utilise la vapeur pour chauffer sa pâte à papier se dit “satisfaite des relations et des conditions d’achat de vapeur, notamment dans cette période perturbée, car nous avons un prix connu jusqu’en 2034” explique l’entreprise qui peut

Dans ces colocations, non médicalisées, la moyenne d’âge est de 88 ans.

A u centre de l’habitation se trouve une grande pièce de vie parta- gée, avec coin cuisine et salon télé. Tandis que certains éplu-

chent les pommes pour la tarte dumidi, d’autres étendent leurs linges dehors ou écoutent Édith Piaf sur le canapé. Chacun vaque, ici, à ses occupations comme dans une coloc’ étudiante.Aidés

recevoir leurs proches sans horaires contraints) est également vue comme un avantage. Avec un reste à charge d’environ 1 600 euros par mois pour les résidents. Ce qui amène d’impor- tantes listes d’attente à peine la struc- ture ouverte parfois. Il y a aujourd’hui une trentaine de mai- sons Âges & Vie, dont une quinzaine dans le Grand Besançon. Le nouvel ensemble à Saône, regroupera trois colocations avec 7 chambres chacune. Il intégrera un immeuble, comprenant 22 autres appartements privés à l’étage (dont deux occupés par les auxiliaires de vie employées sur place). Une façon aussi “de favoriser l’intergénérationnel”, selon Julien Comparet, “en participant à la fête des voisins, carnaval…” Le chantier, livré en cette mi-novembre, doit permettre son ouverture en janvier. Une porte ouverte sera organisée six semaines avant. Les réservations se feront sur place. n S.G.

les animations, comme l’aide au lever ou la toilette le matin, l’entretien du linge…” Elle aussi apprécie ce cadre de vie. “La colocation ne s’adresse pas qu’aux jeunes, au contraire.” Elle y voit une alternative auxmaisons de retraite pour les personnes en perte d’autono- mie. Limitées à 7 ou 8 personnes, cesmaisons se montrent à taille humaine. “Nous les implantons prioritairement dans

de trois auxiliaires de vie, de jour comme de nuit, les colocataires de la maison de Montfaucon ont été parmi les pre- miers à profiter de cette solution inno- vante (développée en 2008 par Âges & Vie). “On est bien ici” , résume Clara, 93 ans. “On s’entend tous bien !” Si elle a pris l’habitude, passé 19 heures, de rejoindre ses quartiers (sa chambre privée de 30 m 2 ), cette nonagénaire pétillante aime en journée jouer au triomino avec ses colocataires ou simplement discuter. “C’est la solitude qui nous a fait venir ici” , glisse une autre occupante des lieux, présente depuis 4 ans. “On fait parfois des promenades et d’autres acti- vités,mais on aime bien aussi être tran- quille à notre âge !” Wahiba, l’une des auxiliaires à Mont- faucon, le sait bien et a appris à connaî- tre chacun d’entre eux. “On s’adapte à leurs envies. Ce qui est bien, c’est qu’on a du temps pour s’occuper d’eux : pour

les petites communes périurbaines ou rurales, au plus proche de leur ancien habitat et leur habitude de vie” , indique Julien Comparet, chargé de communica- tion chez Âges & Vie. La liberté offerte aux colocataires (qui peu- vent apporter leurmobi- lier, leur animal de com- pagnie, aller et venir depuis leur terrasse ou

C’est une alternative à l’E.H.P.A.D.

À Montfaucon, la vie s’écoule tranquillement à la “coloc”.

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