La Presse Bisontine 233 - Novembre 2021

Le dossier 29

La Presse Bisontine n°233 - Novembre 2021

l Témoignage

Un jeune au séminaire à l’époque

Consolation, austère séminaire Jean-Marie Robbe s’est retrouvé sans trop le vouloir au sémi- naire de Consolation où il effectuera une partie de sa scolarité de 1957 à 1963. Dans le livre “La pépinière”, publié chez L’Harmat- tan, il raconte cette expérience d’une éducation religieuse parti- culièrement stricte, autoritaire dans un lieu tout aussi fermé.

Jean-Marie Robbe ne retourne jamais en hiver à

Consolation supportant difficilement

l’austérité d’un lieu, d’un petit séminaire qui l’a marqué à vie.

“J’ ai écrit ce livre pour exorciser mon passé et en finir avec ces cau- chemars qui m’ont accompagné une bonne partie de mon existence” , explique Jean-Marie Robbe aujourd’hui enseignant en retraite. À l’origine de ces cauchemars, non pas des comportements répréhensiblesmais le poids du sentiment d’enfermement avec l’idée qu’il n’y a aucune porte de sortie. L’effet labyrinthe. Au cours de ces six années, a-t-il été témoin d’actes troublants ? “Je n’ai jamais rien remarqué de tendancieux sur les comportements. J’ai eu des contacts avec d’anciens camarades qui se sont sentis victimes d’attitudes ambiguës sans aller jusqu’à l’acte.Tous les élèves devaient aller se confesser en se retrouvant seul dans la chambre du prêtre, rappelle l’auteur avant d’ajouter : ce livre n’est pas un réquisitoire, je

raconte ce que j’ai vécu, la vérité, la confrontation avec un système conçu à mon sens pour étouffer la personnalité.” Son histoire commence à 11 ans, à l’âge d’entrer au collège. Ses parents qui n’ont rien de tyrans font néanmoins confiance au sérieux de l’enseignement catholique. L’aîné de la famille se

voient dans l’établissement et ses méthodes le terreau vers de brillantes carrières. “Certains prêtres m’ont aussi apporté un soutien discret, en confir- mant en partie la rigidité du système. On sent qu’il y a toujours un mur du silence. Beaucoup de prêtres et de catho- liques refusent d’en parler.” Bien sûr, et Jean-Marie Robbe insiste sur point, il faut se replacer dans le contexte d’une époque où Consolation n’était pas une exception.Alimentation des plus basiques, une douche toutes les deux ou trois semaines, loisirs qua- siment inexistants : autres temps, autres mœurs. Au fil des années, l’en- fant docile qu’il était en arrivant a fini par se rebeller fortement notamment sur le plan intellectuel. “En arrivant en classe de 1 ère , j’ai eu envie d’aller

6 heures avec des temps de prière pra- tiquement toutes les heures jusqu’à 19 heures On nous occupait en perma- nence pour ne pas laisser de place à l’oisiveté” , poursuit celui qui estime avoir été en quelque sorte victime d’un système d’enfermement intellectuel et physique. Une vie autarcique, à huis clos. Même la qualité d’enseignement lais- sait à désirer avec des enseignants pas vraiment formés et un enseigne- ment avant tout axé sur les humanités : le français, le latin, le grec. Les sciences en général n’étaient pas des priorités à Consolation. La culture se limitait bien souvent à la religion, à la musique religieuse. Le livre de Jean-Marie Robbe n’a pas été bien perçu par l’Église et par d’anciens élèves de Conso qui

voir ailleurs. J’ai échoué à la première partie du Bac avec des notes catastro- phiques en latin et en grec. J’ai quitté Consolation pour redoubler ma classe de Première au lycée de Pontarlier. J’ai découvert un tout autre univers péda- gogique avec de vrais cours d’éducation physique, de langues, de sciences. J’ai repassé avec succès la première partie du Bac pour entrer en classe de Mathé- matiques Élémentaires” , poursuit celui qui enseignera plus tard les mathé- matiques dans plusieurs collèges du Doubs. De Consolation, il gardera néanmoins le goût du chant choral. Une expérience qui forge aussi le caractère et l’aidera à développer l’esprit critique. Unmoin- dre mal. n F.C.

retrouve alors scolarisé au petit séminaire de Consolation. “Ce n’est pas du tout une voca- tion” , observe l’inté- ressé. Si aujourd’hui le site est un lieu de balade et de pique- nique très apprécié à la belle saison, ce n’est pas le souvenir qu’en gar- dera le petit Robbe. “On ne rentrait qu’une fois par trimestre. Les jour- nées commençaient à

Une douche toutes les deux ou trois semaines.

eu aut es f Spéciali

ils e

d

o eleveur t/ u r s, teur e ou 2 mo elax manuel euil Faut

1 r

au mag Dispon

asin ible

immédiat do - du - e

t emen

( Espace V Û1¬ !Ň ##)"),

3 8 Tél. 0 ) 2 Be / alentin

1 53 42 12 sançon

espac

s.com

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker