La Presse Bisontine 233 - Novembre 2021

Le dossier 27

La Presse Bisontine n°233 - Novembre 2021

La colocation de catholiques devrait “pousser les murs” l Jeunesse Visite à L’Escale jeunes, rue de la Convention Depuis la Covid, de nombreux jeunes veulent vivre leur foi “en communauté”.

Rue de la Convention à Besançon, un lieu plein de vie, qui n’a rien d’austère, dénote d’un dynamisme de la jeunesse catholique.

D errière ce porche en pierre taillée non loin de la cathédrale Saint- Jean de Besançon se cache “L’Escale jeunes”, une mai- son jadis appelée “La Maîtrise” qui fut jusque dans les années soixante-dix l’ancien petit sémi- naire puis un foyer-séminaire pour de jeunes lycéens et étu- diants. En 2021, le lieu dans son aspect, n’a plus grand-chose à voir avec les bâtiments austères et froids qui ont formé ici des générations de prêtres. La maison n’est plus repliée sur elle-même. Au contraire. Vient qui veut ici à condition de respecter quelques règles. C’est en 2003, sur l’ini- tiative de M gr André Lacrampe, ancien archevêque de Besançon, et de son conseil, que “L’Escale jeunes” est devenue une coloca- tion pour jeunes voulant vivre et partager leur foi toute l’an- née. Dans cette maison colorée, un baby-foot est installé à côté de

Raphaël - originaire de Paray- le-Monial - a intégré une école d’ingénieurs. Depuis un an, ils vivent leur foi ensemble et la partagent plusieurs fois par semaine.Tous sont évidemment de fervents pratiquants qui prient chaque jour et se retrou- vent - comme le mercredi soir où nous les avons rencontrés - dans la chapelle pour la messe. Personne ne leur a imposé de poser leurs valises ici. “Lorsque l’on intègre L’Escale jeunes pour un an, il y a une notion d’enga- gement (N.D.L.R. : avec un temps de prière au moins une fois par semaine). Nous sommes ici une pépinière à bonnes idées pasto- rales” , explique le Père Pierre Imbert. L’engagement ne semble pas faire peur àMargot, investie par exemple dans la chorale. Idem pour Raphaël qui redoute même son départ “parce que l’on se sent bien ici” dit-il. Alors qu’un Français sur deux dit ne pas croire en Dieu (son- dage Ifop d’août), phénomène encore plus marqué chez les jeunes, “L’Escale” à Besançon observe le contraire. “Jamais nous n’avons hébergé autant de monde ! Il faudrait pousser les murs, convient le prêtre référent. Certains viennent trouver leur place dans l’Église et dans le monde, d’autres se sont dit qu’ils ne voulaient pas revivre un confi- nement sans pouvoir prier comme on peut le faire chaque jour à la chapelle” dit-il pour expliquer la recrudescence des demandes. Depuis peu, le lieu a ouvert ses portes à des étudiants de B.T.S. du lycée Saint François-Xavier, actuellement en travaux. “Dans ces jeunes-là, on retrouve des athées, des musulmans…, et ce n’est pas pour autant qu’on leur demande leur passeport (il sou- rit). Ils croisent les sœurs dans

l’entrée. Dans la salle de l’au- mônerie, les jeunes se sont “créés un endroit cosy où ils peuvent discuter, discuter de leur foi bien sûr, mais aussi d’autres sujets, jouer au ping-pong… Ce n’est pas une salle de caté froide et austère” présente le père Pierre Imbert. À 36 ans, cet homme d’Église est le référent de L’Escale jeunes, une maison qui abrite à l’année trois prêtres, trois sœurs de la

congrégation de la Charité, une famille, six étu- diants, et six jeunes “pros”, c’est-à-dire des travailleurs.Mar- got et Raphaël ont intégré cette “coloc catholique” l’an dernier.Mar- got, originaire de Saint-Étienne, est à Besançon pour ses études d’orthophonie,

L’entreprise est rémunérée au nombre de kilomètres parcourus.

Chaque soir, le Père Imbert (à droite) partage le repas avec les résidents de “L’Escale jeunes” qui sont des étudiants, de jeunes travailleurs, tous animés par la foi. Zoom Abus sexuels dans l’église : la vision des jeunes L e rapport final de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église n’est pas caché et encore moins minimisé au sein de L’Escale jeunes à Besançon. “Savoir que ce sont des hommes d’Église, c’est-à-dire les représentants du visage de Dieu aux yeux de tous les hommes et de toutes les femmes, me fait mal, très mal, indique une jeune résidente. Il me fait d’autant plus mal que des personnes ont été touchées dans leur chair.” Pour le père Pierre Imbert, les tumultes sont graves mais il tient à rappeler que c’est bien l’Église qui a voulu ce rapport grâce à l’appui d’une commission indépendante. Pour cet autre jeune, le rapport “a eu beaucoup plus d’impacts dans le milieu catholique qu’ailleurs.” Que la presse en parle, c’est une bonne chose “ mais elle jette tout de même le discrédit sur tous les prêtres, et ça, c’est difficile à admettre” ajoute un autre résident. Le père Sébastien Moine - qui est aussi le prêtre de la paroisse de Nancray - l’a très bien expliqué dans son homélie. Il a invoqué la charité et dénoncé ces abus que le rapport a révélés au grand jour. Une façon de montrer que l’Église ne veut plus rien mettre sous le tapis même si le secret de la confession demeure. n

la cour, les étudiants, et tout se passe très bien. C’est la preuve que nous sommes au cœur du monde” poursuit l’homme qui fut infirmier à Besançon avant de donner sa vie à Dieu. Une expérience qui l’aide à “être en phase avec ce monde.” “J’ai eu des collègues lorsque j’étais infir- mier qui ne parlaient pas de leur foi, d’autres qui se cherchaient, et d’autres qui en étaient très loin, témoigne le Père Pierre. Quand j’accueille les jeunes aujourd’hui, je les entends d’au- tant mieux car nous ne sommes pas dans un entre-soi !” Dernièrement, un jeune qui n’était jamais venu à L’Escale est arrivé en pleurs. Qui lui a dit de venir ici ? Peu importe. Le prêtre référent l’a écouté, a discuté mais le jeune n’est jamais revenu. “Ce n’est pas grave qu’il ne soit pas revenu, l’important c’est d’accueillir au nom de l’Évangile, accueillir les autres parce que nous sommes chrétiens.” Tous les ans, les colo- cataires laissent place à d’autres. Tous ne vivront pas leur foi de la même façon mais “L’Escale jeunes” leur aura donné les moyens de vivre heureux et en paix. n E.Ch.

Une colocation entre prêtres, sœurs, étudiants, jeunes travailleurs, à Besançon.

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