La Presse Bisontine 229 - Juillet 2021

16 Besançon

La Presse Bisontine n°229 - Juillet 2021

INSERTION

Le théâtre pour regagner la confiance “Pour moi, ce fut une échappatoire”

Dix personnes travaillant dans des structures d’insertion à Besançon ont pu, grâce à l’association Porte-Voix, participer à des ateliers d’écriture et de théâ- tre. Les textes ont été narrés devant un public. De quoi leur donner confiance.

I ls s’appellent Sylvie, Rabina, Afnan, Névilla, Mickaël, Alexandra, Cécile, David et Valérie.Tous ont un parcours de vie différent.Tous ont un par- cours professionnel différent. Ils travaillent en structure d’in- sertion comme les Jardins de Cocagne, la Brasserie de l’Espace

à Planoise, la Blanchisserie du refuge. Tous se sont rejoints et retrouvés sur la scène du Scè- nacle, rue de la Vieille-Monnaie à Besançon, pour participer à un atelier d’écriture et de théâtre à destination des personnes en parcours d’insertion. “Lorsque nous avons initié ce projet avec

José Shungu en 2017, nous avons tout de suite vu les effets positifs : le mieux-être, prendre la parole en public, valoriser le parcours de ces personnes qui sont en insertion dont certaines peinent à se regarder dans la glace. Sur les précédentes for- mations, neuf personnes ont

La troupe est composée de dix per- sonnes en insertion.

brisé depuis. Afnan, Palesti- nienne, d’écrire sur la guerre, David sur le combat des Gilets jaunes. “Ce fut pour moi une échappatoire” avoue Alexandra, de l’équipe “fruits” des Jardins de Cocagne. Tous ont fait preuve de courage pour prendre la parole et investir la scène devant une quarantaine de spectateurs. L’association Porte-Voix portée par Émilie Bouglé, Clémence Noirot, Fran- çois Capelli et Maud Resillot, a réussi sa mission. n E.Ch.

texte, s’est confié sur la maltrai- tance vécue lorsqu’il était jeune. Sylvie, qui a perdu un membre de sa famille d’une embolie pul-

ensuite trouvé un emploi” témoigne Émilie Bouglé, prési- dente de l’association Porte-Voix qui a bénéficié de l’aide de “Pres- tation certification” pour finan- cer cet accompagnement à dix personnes. Durant quatre mois, ces Bison- tins ont été accompagnés par José Shungu pour travailler des textes sur un thème choisi, le tout mis en scène par Quentin Juy. Chacun des participants a écrit sur un sujet qui lui tenait à cœur. David, des Jardins de Cocagne, dans un magnifique

monaire, a parlé de la maladie qui balaie tout sur son passage, Alexandra d’évoquer son amour pas- sionnel pour la Guadeloupe où elle a ren- contré l’amour,

Émilie Bouglé, présidente de l’association Porte-Voix, et José Shungu.

Prendre la parole devant du public.

SPORT

Un virage pour le Centre de lutte bisontin

Les lutteurs entrent dans

Les membres du C.P.B. accueillent Karl Amoussous (3 ème à droite), champion de M.M.A.

la cage du M.M.A. Le prestigieux C.P.B. crée une nouvelle section pour accueillir cet art martial mixte dans son antre quitte à bousculer

certaines habitudes. Il va recruter un entraîneur et se déployer à Planoise, dans une nouvelle salle.

L La France était le dernier pays au monde à interdire le M.M.A., une discipline jusque-là décriée car jugée “sans foi ni loi” où les combattants s’écharpent dans une cage

nous” indique le président qui a perdu des adhérents pour la partie fitness. Après avoir mûri le projet, le C.P.B. a choisi de développer deux axes. Le pre- mier concerne la création d’une section M.M.A. en s’appuyant sur les offres actuelles que sont la lutte, le grappling, le full-contact que le C.P.B. accueille en son sein depuis deux ans. Pour cela, trois lieux seront mis à disposition : le gymnase Bersot, le pôle des Montbou- cons et la future salle de Planoise. Chaque adhérent possédera un accès à toutes les séances de lutte, grappling et full-contact, en plus d’une formation ou d’un perfectionnement avec le cham- pion Karl Amoussous. Le second axe concerne le quartier de Planoise : “Je fais partie de ceux qui pensent qu’il y a plus de talents que de délinquants à Planoise, annonce le pré- sident des lutteurs. Avec Profession

faisant office de ring.Après un rapport parlementaire auquel le sénateur du Doubs Jacques Grosperrin a participé, la discipline a finalement été autorisée en 2020 à condition qu’elle soit affiliée

à une fédération de sport de combat. Cette reconnaissance d’un sport comme les autres regroupant plusieurs disci- plines comme la boxe, le kickboxing, le muay-thaï, le judo, le jiu-jitsu, la lutte, fait le bonheur de Karl Amous- sous. Le Français, champion et star du M.M.A., a dû s’expatrier à Genève pour s’entraîner et combattre. Le 22 juin, il était à Besançon pour visiter les ins- tallations du Club pugilistique bisontin, rue Bersot, soit 600 m 2 dédiés à la lutte, pour 200 licenciés et de nombreux titres nationaux ainsi qu’une médaille olym- pique avec Ghani Yalouz en 1996. Quel rapport entre sa présence et la lutte ? Le club du président Max Tudezca a décidé de s’ouvrir à cette discipline pour proposer cette activité à ses lut- teurs. C’est un tournant : “On reste un club de lutte mais nous avons la volonté de nous diversifier. C’est vital pour

Sport, nous allons intégrer dans les anciens locaux de la Poste une salle où nous pourrons accueillir les sportifs” annonce-t-il. Pour structurer cette acti- vité, une personne sera recrutée pour apporter un “accompagnement social via cette discipline” dont le financement du poste est assuré par l’État. Ancien lutteur bisontin de haut niveau, Ruslan Muktarov est l’exemple type de ces lutteurs qui basculent vers le M.M.A. Parti à Genève se perfectionner, Ruslan a découvert les subtilités “d’une discipline très stratégique… dit-il. Pen- dant deux mois, je me demandais ce que je faisais là. Moi, lutteur, je n’osais pas frapper avec mes mains. J’ai appris d’autres disciplines comme le jiu-jitsu, j’adore” confie-t-il. Avec le M.M.A., le C.P.B. devrait trouver un nouveau souf- fle. n E.Ch.

Ruslan Muktarov (à gauche), ancien lutteur de haut niveau, se lance dans le M.M.A.

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