La Presse Bisontine 225 - Février 2021

BESANÇON 14

La Presse Bisontine n°225 - Février 2021

LYCÉE

Ouverture des inscriptions sur Parcoursup

“On se dit que notre bac ne vaudra rien !” Comme l’an dernier, les élèves de terminale voient

la préparation de leur baccalauréat perturbé par la Covid-19. Dans les établissements bisontins comme ailleurs, l’inquiétude grandit quant au bon déroulement des épreuves.

P rotocole sanitaire oblige, plu- sieurs terminales alternent aujourd’hui entre leur lycée et la maison. Une organisation qui n’est pas sans rappeler le premier confi- nement, alors qu’arrive le grand oral du bac et que s’ouvre ce 20 janvier l’inscription des vœux sur Parcoursup. “Il y en a qui gèrent plus au moins bien le travail à la maison, c’est sûr que ça n’aide pas !” , remarque Emma, scola- risée adans un lycée jurassien, non loin de Besançon. Sa classe a été divisée en deux pour pouvoir être présente en alternance dans l’établissement. “Nos professeurs nous envoient des explica- tions la semaine où on est à la maison, mais reprendre ses cours seuls, ce n’est quand même pas pareil.” Pour elle qui a choisi un bac avec une spécialité maths et S.V.T., le manque de manipulations se fait aussi ressentir. “Le plus souvent, on fait les expériences quand on est présent dans le lycée pour mieux interagir.” Gabrielle, en terminale générale au lycée Saint-Jean à Besançon, a plus de chance. “On a le même emploi du temps que d’ordinaire, y compris quand

on alterne à la maison.” Des caméras installées dans les salles de classe per- mettent de suivre en direct les cours. “Ils prévoient aussi de ramener tous les élèves de terminale en présentiel dans les prochains jours jusqu’à nos bacs blancs de philosophie et de spé- cialités, en limitant la présence des autres niveaux. Ça va faire du bien au moral et nous rassurer un peu” , souligne Gabrielle, qui se réjouit de l’équilibre trouvé par son lycée. “On voit qu’ils essaient de trouver des solutions.” L’organisation reste tout de même com-

Les élèves de terminale sont coincés entre la nouvelle réforme du bac et la crise sanitaire.

pliquée, y compris pour le corps enseignant qui a une visibilité limitée. “Les profs râlent qu’ils n’ont pas le temps de faire tout le pro- gramme” , remarque Emma. La rentrée s’an- nonçait pourtant sous de bons auspices. Mais le renforcement des restrictions après les vacances de la Tous- saint a conduit à l’an- nulation des trois

Difficulté à boucler les programmes.

périodes d’évaluation communes de première et de terminale, en novembre. Des notes ont déjà été remplacées par les moyennes des bulletins scolaires. Pour l’heure, les épreuves de spécialité sont maintenues du 15 au 17 mars, en voie générale comme technologique. Le grand oral (qui sanctionne la fin d’année depuis la nouvelle réforme du bac), reste également programmé entre le 21 juin et le 3 juillet. “Il se prépare

reconnaissance de son diplôme. “On se dit que notre bac ne vaudra rien !” Même sentiment du côté de Gabrielle, qui se prépare au concours de Sciences Po. “La notation en contrôle continu donne l’impression qu’on ne le mérite pas et on entend aussi dire qu’on ne sera pas suffisamment préparé à passer des épreuves pour la poursuite de nos études supérieures.” n S.G.

en principe dès la classe de première, ce qu’on n’avait déjà pas pu faire avec le premier confinement” , se désole Emma. Comme ses conscrits nés en 2003, elle subit en plus la double peine d’être tombée pile l’année de la mise en place de la réforme, avec des changements dès la seconde. “Nos profs nous disent qu’ils seront conciliants.” La jeune fille s’en félicite mais s’inquiète pour la

Covid-19 : comment s’adaptent les apprentis ? Le manque de pratique lié au confinement se fait ressentir dans certains secteurs. Témoignage d’un jeune coiffeur bisontin en 2 ème année de brevet professionnel. FORMATION Des aides à l’embauche

le devrais.” La fermeture du salon, l’an der- nier, l’a privé de pratique pen- dant quasiment deux mois. “Les cours pratiques à l’école n’ont pas été conservés non plus.” Ce qui fait qu’il se sent aujourd’hui moins confiant. “On n’a pas vrai- ment le temps de travailler en salon sur les choses où on est le plus en difficulté. ça reste la course avec les clients” , confie Alexis, qui a toutefois pu s’exer- cer récemment sur des mèches, avec une cliente volontaire et l’aide de sa patronne. S’il est maintenu, son examen se tiendra fin mai ou début juin et il deviendra donc salarié. L’ex- périence de ce trentenaire, en reconversion après être passé par le commerce et l’armée, lui confère une certaine adaptabi- lité. Mais ce n’est pas le cas de tous les apprentis. Certains pâtissent plus durement de la crise, comme ceux qui évoluent dans la restauration, l’hôtellerie et l’événementiel, qui sont dans l’attente de la réouverture ou se retrouvent sans employeur. D’autres milieux, dont l’accom- pagnement des personnes âgées, hésitent aussi à signer de nou- veaux contrats d’apprentissage. Ce qui a poussé le gouvernement a lancé le plan “#1jeune1solu-

C e matin-là, Alexis Laplume est à l’œuvre dans “Le petit salon” de la rue des Granges. En train de réaliser une coupe homme. Son client lui confie avoir pris rendez-vous avant les nouvelles annonces gouverne-

mentales du soir, par peur d’un prochain reconfinement total. Ses gestes, assurés et précis, ne laissent rien paraître de son manque de pratique. Pourtant, il l’avoue volontiers : “J’arrive en deuxième année avec beau- coup moins d’aisance que je ne

Léandre poursuit son apprentissage au Moulin des

pains, aux Chaprais.

aménagements au C.F.A. et en entreprise (diminution du temps de travail, achat de matériels… ) sont toutefois prévus dans ce cas. Léandre DeVresse, apprenti en 2 ème année de C.A.P. pâtissier au “Moulin des pains”, bénéficie ainsi d’un tiers-temps supplé- mentaire pour ses examens. “J’espère pouvoir le passer. Pas comme l’an dernier où ils ont dû tout valider en contrôle continu.” Il se prépare déjà au C.A.P. blanc en février. C’est son employeur, Olivier Vonin, qui a détecté ses diffi-

tion”. Les entreprises bénéficient d’une aide exceptionnelle de 5 000 euros pour le recrutement d’un alternant de moins de 18

cultés cognitives. Ayant lui- même un enfant dyspraxique. “C’est assez difficile à détecter. Il est simplement plus lent sur certaines choses.” La crise n’a, ici, pas eu de grosse incidence puisque la boulangerie est restée ouverte. Seuls ses cours au C.F.A. Hilaire de Char- donnet pourraient être remis en cause par les conditions sani- taires. “Comme on n’est que 10 dans ma classe, on peut y aller. Mais pour combien de temps encore ?” n S.G.

ans (en contrat d’apprentissage ou de profession- nalisation) et de 8 000 euros s’il a plus de 18 ans. Restent les diffi- cultés qui peu- vent s’ajouter pour les appren- tis en situation de handicap. Des

Certains employeurs hésitent.

Privé de pratique en première année, Alexis peaufine encore certaines techniques de coiffure.

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