La Presse Bisontine 223 - Novembre 2020
BESANÇON 12
La Presse Bisontine n°223 - Novembre 2020
SPORT
Des compétitions tronquées Pour continuer à jouer, le G.B.D.H. “vit sous cloche” Comment les clubs de sports bisontins s’adaptent-ils face à la Covid ? C’est au prix de gros efforts, pas toujours récompensés, qu’ils essaient de faire barrage au virus. C’est certain, cette saison sportive ne ressemblera à aucune autre. Le club de basket du BesAc ne prétendra pas le contraire.
L es handballeurs bisontins ne fanfaronnent pas, loin de là. Depuis la reprise du championnat, le Grand BesançonHandball Doubs a dis-
ché. On fait le dos rond, tempère Christophe Vichot, le président. Nos joueurs et une partie du staff vivent sous cloche avec un test Covid réalisé chaque lundi. Cela demande des efforts humains et l’on perd en convivialité car nos après-matches sont externalisés. Nos partenaires suivent, les sup- porters également (1 300 spec- tateurs de moyenne au Palais des sports depuis le début de saison). Financièrement, nous avons budgétisé ce championnat même si les protocoles sanitaires engendrent un coût supplémen- taire. Je ne m’inquiète pas pour cette saison mais pour la pro- chaine si notre championnat ne se déroule pas normalement” explique-t-il. Du souci, les basketteurs bison- tins du BesAc s’en font. Touché de plein fouet par la Covid-19,
puté tous ces matches en Pro- Ligue, l’antichambre de la Divi- sion 1, soit 5 au total à la date du 24 octobre. “On sait qu’un jour au l’autre on peut être tou-
Les handballeurs bisontins ont réalisé un début de saison normal contrairement aux basketteurs. Au Palais des Sports, ils ont accueilli en moyenne 1 300 spectateurs
D’abord pour 5 cas, puis pour 4 autres. Un vrai cluster. Les pre- miers n’ont pu revenir à l’en- traînement que le 12 octobre et les suivants n’ont pu reprendre leur pleine activité que le 19 octobre. Dans ces conditions, les matches de championnat du 2 octobre contre Caen, du 4 octobre contre Le Havre, du 9 octobre contre le Centre Fédéral ont d’abord été reportés. De même que le match de Coupe de France du 13 octobre à Mulhouse. Ce sont
le BesAc est la seule équipe à ne pas avoir encore disputé un seul match du championnat de Nationale 1, dans cette curieuse et inédite saison 2020-2021.Avec
au total six matches qui n’ont pu avoir lieu jusque-là et qu’il va falloir recaser dans un calen- drier qui, avant cette interrup- tion due aux cas positifs de coro- navirus, était déjà très serré. Le premier match des joueurs coachés par Nicolas Faure s’est déroulé le 24 octobre à Boulogne- sur-Mer, le premier à domicile devant être (sauf contre-ordre) le 27 octobre. À noter que les horaires des matches devraient évoluer avec le couvre-feu. n E.Ch.
au total 9 cas de Covid déclarés, les joueurs du BesAc sont restés confinés, selon la réglemen- tation de l’Agence régionale de santé et en relation avec la Fédération fran- çaise de basket-ball.
Christophe Vichot, président du G.B.H.D. (photo G. Canta- rutti).
Un vrai cluster au BesAc.
COMMERCE
Tif for men Didier Lacroix, la mémoire de la rue Bersot
Leone. À l’entrée, un écriteau indique. “Le coiffeur de l’Est le plus à l’ouest.” Le coiffeur ne manque pas d’humour. En 1976, Didier se met à son compte au 9 de la rue et il appelle son salon “Tif for Men”. Les débuts sont un peu difficiles. La mode est aux cheveux longs pour les gar- çons. Antoine chante “Ma mère m’a dit va t’faire couper les che- veux, je lui ai répondu dans 20 ans si tu veux…” La déco a suivi avec les santiags au mur, la tête d’Apache, les lambris en bois, les faux cactus plus verts que nature, des fau- teuils pivotants années cin- quante rachetés à un brocanteur. S’y ajoute une belle collection de photos en noir et blanc d’hommes aux cheveux bien pla- qués ou de vedettes de la chan- son ou encore d’anciens com- merçants de la rue posant devant leur échoppe et des vieilles coupures de presse jau- nies. En fait, c’est presque un cabinet de curiosités qui change au fur et à mesure des décou- vertes du chineur et de la contri- bution des clients qui va de la carte postale de la promenade des Anglais à Nice à celle de Santa Barbara (Californie) ou bien de Kuala Lumpur (Malai- sie). On y retrouve des coupe- choux, d’anciens rasoirs dont un collector des années trente, des tondeuses, des blaireaux,
des fers à cranter, des publicités pour Petrol Hahn ou la brillantine Roja, la crème après rasage Rasoline de Moli- nard, un boulet de canon datant de louis XIV qui res- semble à un crâne avec la boule à zéro, des caricatures des gens du quartier “croqués” par G.
nir vieux. C’est aussi l’huile de coude !” Dans une telle ambiance, on se sent à l’aise et on a tendance à se livrer aux confidences. “L’an- cienmaire, Robert Schwint, était un habitué. Il me parlait des rumeurs qui circulaient dans la ville. Les fausses informations qui tentaient de le dénigrer, l’af- fectaient beaucoup.” Ce qui est sympathique dans cette rue pas très longue, c’est cette vie de quartier très animée où tout le monde se connaît et se salue. Didier se souvient des disparus : “la Ginette” qui a com- mencé comme “épicerie boit debout” où les hommes venaient boire un canon sur un tonneau après le travail. Le sympathique patron du restaurant Le Pied de Cochon avec son petit chien bien nourri des restes des clients, la “Mimi du Coup franc”, un rac- courci pour parler d’Angèle, la patronne du bar Le Coup franc, dont le mari était un ancien joueur de foot. Toute une vie qui continue dans la bonne humeur avec les nou- veaux, mais Didier est toujours là et ne se voit pas arrêter. “Mes clients me manqueraient trop.” On continuera donc à aller le voir dans son salon, à se faire couper les cheveux éventuelle- ment et surtout à se faire racon- ter les histoires de la ville. n B.C.
Le 5 novembre, le coiffeur du salon Tif for Men aura travaillé pendant 60 ans dont 52 dans la rue Bersot, un quartier qu’il connaît par cœur.
“J’ai 74 ans et je viens encore tous les jours à pied.”
L a longue histoire du coif- feur débute le 5 novembre 1960, le jour de ses 14 ans, chez Juliette Muller, coif- feuse au 48 de la rue Bersot. Didier Lacroix s’en souvient encore. “Quand mon premier client est arrivé, je l’ai fait s’ins- taller sur le fauteuil mais le client a cru que c’était moi qui allais lui couper les cheveux ! Comme j’étais tout gamin, il a pris peur et il est parti.”
Au mur de la boutique, bien en évidence, la photo de son père, Henri Lacroix, avec ses mous- taches à la Clark Gable, “son référent” comme il dit, avec qui il a travaillé pendant 8 ans rue de la Rotonde de 1968 à 1976. “Il avait reçu le 1 er prix de coiffure masculine à Lyon en participant à un concours organisé par la maisonVitabrill. C’était la mode de la gomina pour lisser les che- veux et les maintenir en place
et c'était Joséphine Baker qui lui avait remis la coupe en 1958” raconte Didier en montrant le trophée en question. “Si l’on ajoute les années de travail de mon père aux miennes, on obtient 110 ans de coupes de cheveux.” Quand on pousse la porte de ce petit salon, on se retrouve dans un décor un peu Far West, le rêve d’aventure des jeunes gens des années soixante-dix qui avaient vu les films de Sergio
Moutarlier, une silhouette en carton de CortoMaltese, le grand voyageur qui faisait fantasmer Didier un peu à l’étroit dans ses 25 m². Pour s’évader, une fois par an, tout l’argent gagné pen- dant l’année passait dans un beau voyage vers des destina- tions lointaines : Bolivie, Pérou, l’Inde, le Kilimandjaro en 1982, le Centre Afrique et ses villages de Pygmées… “Mais je n’ai jamais mis les pieds en Amé- rique. Le rêve américain, c’est mon fils, Brice qui l’a réalisé en devenant géologue au Kansas après avoir bourlingué lui aussi dans pas mal de pays…” Pour le trekking, Didier est entraîné. “J’ai 74 ans et je viens encore tous les jours à pied depuis Chaudanne où j’habite, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Je n’ai pas mal aux arti- culations comme certains copains qui se plaignent de deve-
Didier Lacroix dans son salon et ses collections d’objets hétéroclites.
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