La Presse Bisontine 221 - Septembre 2020
38 ÉCONOMIE
La Presse Bisontine n°221 - Septembre 2020
Maty veut rendre le diamant accessible Le bijoutier bisontin a sorti fin 2018 une collection en diamants de synthèse. Il a été parmi les premiers à miser sur ce marché encore naissant en France, aujourd’hui en progression. JOAILLERIE Pierre naturelle V.S. pierre artificielle
remarque Florence Boissier. “Cela peut nous permettre d’at- tirer de nouveaux clients, ou de réactiver des clients qui ne consomment plus de diamant pour des raisons de prix.” Un pari mesuré sachant que l’Institut international du dia- mant (la De Beers), référence en la matière, investissait aussi ce marché. Mais comme tout lancement, il s’accompagne d’in- certitudes. “On sait que cela va prendre du temps, comme quand l’or 350 est arrivé et qu’il n’y avait encore que du 750.” Fidèle à sa volonté de rendre le bijou accessible à toutes ses clientes, Maty entend convaincre avec le regret de devoir utiliser cette appellation “synthétique’’ obli- gatoire. “On aurait préféré “dia- mant de culture’’. Mais ça reste un produit premium, unique- ment monté chez nous sur or 750.” Ses premières collections de 2018 et 2019 comptaient une soixantaine de pièces. Celle de 2020, sortie début août, compte quelques ajouts : 79 pièces au total plutôt classiques (solitaire, alliance, créole, bague pavage… ) qui rappellent les références du diamant.Avec un prix d’appel de 499,90 euros pour un pen- dentif ou des boucles d’oreilles. “Nous avons des résultats encou- rageants. On a vu dès le départ
C omme la perle de culture avant lui, le diamant de synthèse se fait peu à peu une place dans le milieu de la joaillerie, intriguant même les grandes marques du secteur qui peinent à se posi- tionner face à ces pierres de
laboratoire. Car s’ils ne sortent pas des entrailles de la Terre, ces diamants ont une ressem- blance évidente avec les pierres naturelles. Ils ont les mêmes propriétés physiques, chimiques et optiques. Si bien que même des gemmologues doivent s’en
remettre à une machine pour les différencier. Certains y voient l’avenir (avec une production plus éthique que l’exploitation minière), et d’au- tres, une concurrence. Davan- tage exploité aux États-Unis, ce marché était vierge en France il y a encore deux ans. Maty a souhaité saisir la balle au bond en misant sur son accessibilité : “De 30 à 50 %moins cher qu’un diamant naturel à qualité égale” , indique Florence Boissier, chef de produit et acheteuse. Le bijou- tier bisontin y a également vu un moyen de redonner de l’ap- pétence pour le diamant. “Le consommateur d’aujourd'hui veut échapper aux traditions. Il est très ouvert aux nouveaux codes, à un luxe différent” ,
Les clientes peuvent désormais s’offrir un diamant pour
Florence Boissier, ici devant une vitrine du magasin du Boulevard Kennedy, croit au succès du diamant synthétique.
qui n’avaient soit pas accès jusqu’ici à la pierre mythique, soit qui choisissent de s’offrir une pierre plus grosse pour le même budget. n S.G.
un intérêt de la clientèle, même si ça ne s’est pas traduit tout de suite en vente.” Le diamant syn- thétique est encore méconnu selon le bijoutier, mais séduit jeunes et moins jeunes clientes
quelques centaines d’euros.
OISELAY-ET-GRACHAUX Meules diamant Diamatec, la pépite au milieu des champs
La société dirigée par Jérôme Thevenot, lauréat du réseau Entreprendre, poursuit sa croissance dans le domaine hyper-spécialisé des meules diamant et outillages diamantés pour l’industrie de précision.
I ci, on est loin de Témis ou d’un autre technopôle high-tech. L’en- treprise est implantée quasiment au milieu des champs, quelque part entre Gray et Vesoul, précisément aux abords du petit village d’Oiselay-et- Grachaux, en Haute-Saône. On n’est pas pour autant coupé du monde, à trente minutes à peine de Besançon et de Vesoul. Et encore moins coupé de la technologie de pointe puisqu’ici la précision est la règle d’or. Diamatec est spécialisée dans la conception et la fabrication de meules diamant et d’outillages diamantés comme des disques à tronçonner, des limes, des forets, le tout à destination de l’indus-
trie mécanique, automobile, aéronau- tique, optique et même spatiale. Rachetée par Jérôme Thevenot, un ingénieur issu de Centrale Lille qui a fait ses armes dans l’aménagement du territoire et qui a saisi l’opportunité de cette acquisition en 2017, Diamatec va bientôt fêter ses 50 ans. Dix-huit salariés travaillent aujourd’hui sur le site haut-saônois, une équipe étoffée récemment par l’embauche de deux jeunes en apprentissage, chargés du développement commercial et d’un chercheur en recherche et développe- ment. En reprenant l’entreprise auparavant gérée par Thierry Vrillacq, Jérôme
Jérôme Thevenot a repris l’entreprise Diamatec en 2017.
Thevenot s’est fixé le challenge de “développer l’export. Nous sommes pré- sents désormais au Mexique, en Suède ou encore en Allemagne” confie le diri- geant. Restructurée, l’entreprise affiche une belle croissance de 15 % cette année avec un chiffre d’affaires annuel de 2,3 millions d’euros. “Notre avantage essentiel par rapport à la concurrence, c’est sans doute notre réactivité relate Jérôme Thevenot. Pendant que nos concurrents sont à six ou huit semaines de délai, nous sommes plutôt à deux ou trois semaines grâce à notre petite taille et à notre souplesse.” La crise sanitaire a quelque peu freiné le bel élan de Diamatec qui, pour rat-
traper le retard, n’a fermé ses portes que pendant une dizaine de jours cet été afin de pouvoir répondre aux com-
rie-miroiterie en France. Usiner le verre est un vrai métier, nous nous démar- quons aussi par ce genre de compé- tences.” La reprise de cette entreprise par Jérôme Thevenot suite à un parcours plutôt atypique, a valu à ce dernier d’être lauréat du réseau Entrepren- dre. Également très sensibilisé aux questions environnementales, le patron de Diamatec envisage à assez court terme d’avoir un bâtiment industriel “totalement neutre en car- bone.” Il veut prouver qu’on peut concilier croissance industrielle et développement durable. n J.-F.H.
mandes de l’industrie biomédicale et pharma- ceutique notamment. “Pour la pharmacie, nous fournissons par exemple les outils pour fabriquer les ampoules prédécou- pées” illustre le respon- sable qui met un point d’honneur à mettre en avant son savoir-faire Made in France. “Il ne reste quasiment plus de fabricants pour la verre-
Dix-huit salariés
Les outils diamantés fabriqués ici doivent répondre à une précision sans faille.
travaillent sur le site haut- saônois.
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