La Presse Bisontine 220 - Aout 2020
HAUT-DOUBS 4
Commerces et activités de proximité : les leçons de la crise ?
Les commerces alimentaires ont le vent en poupe aux Longevilles-Mont d’Or. Zoom sur cette commune du Haut-Doubs riche de 650 habitants qui connaît depuis deux ans une vague d’installations ou d’extension sans précédent de son offre en commerces alimentaires. Nouvelle boucherie, nouveau bistrot, projet de restaurant, fromagerie flambant neuve, extension du magasin de produits fermiers : ça bouge aux Longevilles. Reportage déconfiné.
l Agro-alimentaire 7 millions d’euros investis dans la nouvelle fromagerie Nourrie au mont d’or et au comté, la S.A.R.L. Les Longevilles-Mont d’Or Arnaud a fait le choix d’un nouvel outil de travail flambant neuf adapté aux conditions de travail et aux règles de fabrication en vigueur.
l Installation Qualité et inventivité au menu de la nouvelle boucherie-charcuterie Rien ne semble effrayer Thomas Lacroix qui du haut de ses 24 ans ne se refuse aucune transformation susceptible d’égayer le palais de ses clients de plus en plus nombreux.
Q uel luxe de pouvoir ainsi s’offrir deux ateliers de transfor- mation qui ne fonctionneront que six mois par an ! Aux Longevilles, la fabrication du comté s’arrête quand débute celle du mont d’or. Les deux filières ont le vent en poupe. Cette séparation s’applique aussi aux autres ateliers mixtes. “Cela repré- sente trois années d’efforts. Les travaux sont en cours de finition et tout est opération- nel en août” , indique Bernard Gresset qui préside la S.A.R.L. Les Longevilles- Mont d’Or Arnaud. La fruitière des Longevilles avait déjà fait l’objet d’un agrandissement en 1996 lors de l’association avec l’affineur Arnaud soucieux de mettre un pied dans l’A.O.P. mont d’or. La coopérative présidée par JulienMaraux réunit 12 sociétaires qui livrent annuellement 4 millions de litres de lait. “On avait besoin de remettre à niveau les conditions de travail pour le personnel et d’avoir des ate- liers adaptés à l’organisation des flux” , explique Cédric Merlier, le maître fromager qui travaille avec deux seconds, trois aides et des apprentis. S’ajoutent aussi
18 saisonniers pour le mont d’or. L’équipe salariée intègre aussi un chauffeur-ramas- seur et les trois vendeuses qui officient au magasin. Mention spéciale pour cette boutique spacieuse, boisée à souhait, où il est également possible de s’approvisionner en produits régionaux. “Le magasin ouvre 7 jours sur 7 avec la possibilité de passer des commandes en ligne” , poursuit le fromager. Le coût de cette reconstruction s’élève à 7 millions d’euros. “On se retrouve avec 1 800m 2 de bâtiment. Tout est conçu pour faciliter le travail et limiter la pénibilité des tâches. C’est aussi un facteur d’attractivité quand il s’agit de recruter” , souligne Cédric Merlier plutôt satisfait d’avoir trois filles pour l’as- sister à l’atelier. Pas de galerie de visite dans cette fruitière qui ne souhai- tait pas jouer cette carte sachant qu’à quelques kilo- mètres de là se trouve la fro- magerie touristique deMéta- bief qui est tournée vers cette démarche pédagogique. Une nouvelle page se tourne dans l’histoire de la fruitière des Longevilles qui collectionne les médailles au salon de l’agriculture à Paris. n F.C.
D es côtes de bœuf maturées d’1 kg à faire rougir les cow- boys les plus endurcis, des chipolatas à l’ail des ours qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, l’étal du jeune boucher des Longevilles fait saliver. “Je change mes recettes. Je teste toutes sortes d’assaisonne- ments. En étant patron, on peut proposer de nouveaux produits ou valoriser desmorceauxmoins nobles sans tromper la confiance des clients. Ici, je m’éclate, je m’amuse. On peut développer un vrai rela- tionnel avec les gens” , apprécieTho- mas Lacroix qui a ouvert son
Thomas Lacroix, le jeune boucher a plutôt bien réussi son coup en misant sur la qualité et les circuits courts.
échoppe le 11 février. Depuis, confi- nement ou pas, la nouvelle bou- cherie-charcuterie des Longevilles ne désemplit plus. Originaire du Haut-Doubs, il a appris le métier en grande surface. Comme quoi…Vivant depuis trois ans aux Longevilles, il souhaitait voler de ses propres ailes et n’était pas intéressé par la Suisse. La fer- meture de la boucherie existante le conforte dans son projet. “On sentait qu’il y avait une vraie demande et j’avais vraiment envie de pouvoir exercer mon métier à ma façon” , explique celui qui va
faire l’acquisition d’un local qu’il puisse aménager à sa guise. Deux années lui seront nécessaires pour voir son projet aboutir. Cap sur les circuits courts avec viande bovine fournie par les Éle- veurs de La Chevillotte, cochon de plein air élevé à Mignovillard, volailles de la ferme d’Uzel… Il joue avec la carte locale pour les produits d’épicerie fine comme le pistou duBon Sauvage confectionné à Entre-les-Fourgs.
Plein d’énergie, Thomas Lacroix manque de bras pour aller au bout de ses idées. Il est d’ailleurs à la recherche d’un boucher qui puisse le seconder au laboratoire pendant qu’il sert aumagasin.Assez lucide, il apprécie le pouvoir d’achat de la plupart de ses clients qui ne regar- dent pas à la dépense pour se faire plaisir. La boucherie-charcuterie des Longevilles ouvre du mardi au dimanche midi avec repos du lundi. n F.C.
C omme souvent dans ce type d’endroit, l’ambiance n’est ici que le reflet de la per- sonnalité du maître des lieux. Rien d’im- posé, mais un choix de vie pour ce jeune sexa- génaire qui a choisi de mettre un terme prématuré à sa carrière de cadre infirmier en Suisse pour s’épanouir dans un projet personnel qui lui tenait à cœur depuis longtemps. Originaire de La Rochelle, Richard Matilla est venu travailler dans le Jura au début des années quatre-vingt-dix. Après Champagnole, Salins et Pontarlier, il choisit d’exercer en Suisse et s’installe alors aux Longevilles-Mont d’Or dans ce qui était autrefois un centre de vacances. “J’ai toujours eu envie de tenir une épicerie de village ou du moins un commerce qui soit utile aux gens” dit-il. Comme il y avait déjà une épicerie aux Longe- l Commerce Le Haut-Bistrot en toute convivialité Curieux mélange de bar-épicerie-petite restauration et point d’animation, ce nou- veau commerce mise sur l’accueil décon- tracté en joignant l’utile à l’agréable.
Richard Matilla incarne l’esprit d’un commerce utile et agréable aux habitants.
villes au moment de sa reconversion, il opte pour un bistrot d’ambiance. “Je n’avais pas envie de faire de la concurrence à mes voisins” , justifie celui qui ne tenait pas à proposer un bar classique. Le projet qu’il a développé avec Agnès sa com- pagne s’apparente plus à un espace convivial où l’on peut se poser, boire un verre, déguster une planche de produits régionaux, faire un puzzle, jouer de la musique. Pour compenser la fermeture de l’épicerie vil- lageoise, il propose quelques activités de service : dépôt de pain, fromages à la coupe, épicerie de dépannage… Idéalement placée au cœur des Longevilles-basses, sa terrasse avenante est une invitation à la pause gourmande, pour se
rafraîchir, consommer une bière locale, un vin du Jura, déguster glaces, gaufres, crêpes ou un assortiment de fromages et salaisons du pays. “On est plus dans l’esprit du goûter ou de l’ac- compagnement d’apéritifs.” Le nouveau tavernier des Longevilles ne compte pas s’arrêter là. Il souhaite que sa terrasse devienne aussi une scène d’animation comme il l’a fait pour la fête de lamusique ou le 13 juillet. Il remettra le couvert fin août avec une soirée guinguette façon moules-frites. Après les vacances, il souhaite remettre au goût du jour les veillées en y conviant les enfants du village. Le Haut-Bistrot est ouvert tous les jours, sauf le mercredi. n
L’amélioration des conditions de travail à la fromagerie des Longevilles-Mont d’Or Arnaud facilite le recrutement du personnel féminin au magasin comme à l’atelier.
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