La Presse Bisontine 220 - Aout 2020

34 Spécial été - Escapade en Suisse voisine

Le sublime Creux du Van sous haute protection floristique Val de Travers Considéré comme l’un des sites les plus spectaculaires de la montagne jurassienne, ce fer à cheval vertigineux est victime de son succès. Il reste accessible mais en restant sur les sentiers balisés.

D’ abord le choc paysager. Ici l’eau et la glace ont uni leurs forces pour éroder cet impressionnant cirque

on l’a cru jadis. Le pied de la falaise est recouvert d’éboulis atteignant jusqu’à 250 m d’épaisseur. On y trouve de curieux petits arbres rabougris, des

rocheux d’1 kilomètre de diamètre et 200 m de hauteur. Van vient du celte vanne signifiant pente rocheuse ou combe, sans rapport avec le vent comme

Les bouquetins : pourquoi ? Comment ? L’attractivité du Creux du Van repose sur la

Cette espèce a-t-elle trouvé au Creux du Van un biotope qui lui correspond ? A.T. : Lacolonieactuellesemble arriver à son point d’équilibre en rapport avec le milieu. On parle beaucoup de l’im- pact des touristes et prome- neurs sur la flore du Creux duVan. Qu'en est-il des bou- quetins ? A.T. : L’impact du bouquetin sur la flore a été relaté par des naturalistes depuis son intro- duction au milieu du XXème siècle.Cet impactmériterad’être étudié de manière plus appro- fondie. Il est à noter que les bouquetins eux aussi subissent une très forte pression liée à une fréquentationexponentielle de visiteurs au fil des ans et qui associent les bouquetins au Creux du Van ou vice-versa. n Propos recueillis par F.C.

Ici, tout est grandiose, même l’impact du tourisme sur la nature.

pêche. Depuis quand occupent-ils les lieux ? A.T. : C’est sous son impulsion qu’ont été réintroduits le23 juillet 1965deuxpremiersbouquetins provenant du parc zoologique duDählholzli àBerne. D’autres animaux viennent par la suite augmenter la colonie. Entre 1965 et 1970, quatorze individus, 8mâles et 6 femelles, sont relâchés dans la réserve. Ces derniers proviennent des cantons de Vaud et du Valais. Les premières naissances ont lieu en 1970. En 2008, 22 indi- vidusarpentent la réserve. Suite à un déclin de la population, il a été décidé d’un apport de “sang neuf” en 2005. Cinq nou- veaux bouquetins viennent ren- forcer la colonie. Fin 2019, la population est estimée à plus de 20 individus.

présence de bouquetins. Une colonie réintroduite et qui semble bien acclimatée comme l’explique Alain Tschanz, le ranger du Creux du Van.

épicéas plus que centenaires dont la taille ne dépasse pas deux mètres de haut. Pourquoi ce nanisme ? L’expli- cation réside dans les circulations d’air à l’intérieur des éboulis qui maintien- nent des conditions extrêmes en toute saison, d’où ces adaptations. Balayée par un climat unique, la flore qui s’épanouit autour du Creux duVan se rapproche davantage des espèces artico-alpines que jurassiennes. On peut citer par exemple l’aster desAlpes ou l’anémone à fleurs de narcisses… Cette flore souvent proche du mur en pierres sèches qui ceinture le Creux du Van souffre particulièrement du piétinement par les nombreux visi- teurs. Pour assurer la restauration de cette flore et sa conservation, les cantons de Neuchâtel et deVaud viennent de met- tre sous protection quatre secteurs dés- ormais interdits d’accès, à admirer seulement depuis le sentier dans le pâturage. “Ces mesures s’appliquent

entre la falaise et le mur qui s’étend sur 1,5 km environ. Elles consistent à interdire l’accès sur la moitié du sentier qui longe la falaise. Le dispositif de protection défini pendant les vacances d’été comprend la pose de cordelettes autour des secteurs à protéger ainsi que l’installation d’une signalétique et de panneaux d’information et de sensibilisation. L’efficacité de ce dis- positif sera évaluée à la fin de la saison et des mesures complémentaires pour- ront être prises si nécessaires en 2021” , indique Philippe Jacquot-Descombes, conservateur cantonal au Service de la faune, des forêts et de la nature. Ces prescriptions s’ajoutent aussi aux interdictions liées à la réserve natu- relle dont fait partie le Creux du Van. Pas de camping, ni grillades, ni chasse, ni parapente, chiens tenus en laisse, respect des sentiers balisés…Quelques contraintes favorisant la préservation d’un site exceptionnel et qui doit le rester. n

Pourquoi des bouquetins à cet endroit ? Alain Tschanz : L’origine des bouquetins au Creux du Van est due à l’engagement d’un

homme et d’un naturaliste exceptionnel:ArchibaldQuartier qui a notamment occupé la fonctiondechef duserviceneu- châtelois de la chasse et de la

Introduite en 1965, la colonie de bouquetins compte actuellement une vingtaine d’individus.

Infos tourisme : Office de tourisme du val de Travers Noiraigue. Tél. : 00 41 32 889 68 96

La Brévine

Baignade “nature” dans le froid sibérien Le lac des Taillères à La Brévine connu pour sa rudesse l’hiver se réchauffe très bien l’été. Une baignade chez le “voisin”, c’est toujours dépaysant.

Le lac des Taillères, en Suisse voisine (photo Tourisme neuchâtelois).

C e n’est pas pour rien que les Suisses l’appellent la “Petite Sibérie”. La vallée de La Bré- vine où se situe le lac des Tail- lères (1 000 mètres d’altitude) est réputée comme la plus froide de Suisse non loin du village de La Bré- vine, battant même le village deMouthe certains hivers. L’été, si la bise n’est pas trop forte, on peut facilement faire trempette. C’est en effet le premier lac qui gèle l’hiver mais aussi le premier qui se réchauffe rapidement (entre 18 et 24 °C)… car sa profondeur n’est pas importante. Il est autorisé d’y nager mais il est interdit d’y pêcher.

Se rendre en Suisse, c’est évidemment s’arrêter dans une fromagerie, visiter La Chaux-de-Fonds et Le Locle à quelques kilomètres de là. Pour les amoureux de l’horlogerie, le musée international de l’horlogerie de La Chaux-de-Fonds mérite un coup d’œil. À partir du 25 août, une manufacture horlogère de renom, Corum, ouvre en exclusivité ses portes au public une fois par semaine. Durée de la visite : 2 heures. n

Long d’environ 1,9 kmpour 250 mètres de largeur, entouré par des pâturages et des forêts de sapins. C’est de la bai- gnade “nature”. Il faut prévoir des san-

dales. Certains y font de la planche à voile ou du paddle. Pour se baigner, la pente est douce. Il n’y a pas de baignade sur- veillée. C’est un secteur connu des habitants du Val de Morteau car situé à moins de 20 minutes de Morteau. On y accède par Montlebon via la douane du Gardot, puis La Bré- vine.

L’eau peut vite grimper jusqu’à 24 °C.

À 2 km de La Brévine (Suisse), le lac des Taillères. Compter 30 minutes depuis Pontarlier

Une baignade à 1 000 mètres d’altitude (photo V. Bourrut).

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