La Presse Bisontine 219 - Juillet 2020
LE PORTRAIT
43 La Presse Bisontine n°219 - Juillet 2020
BESANÇON
Santé
Étudiants en santé, héros du quotidien De nombreux élèves en médecine, kiné, pharmacie, soins infirmiers, ont participé à la lutte contre l’épidémie dans les hôpitaux. Karim Demnati est l’un d’eux. Intégré au service de réanimation du C.H.R.U. de Besançon, il ressort avec des certitudes et une déception.
L es applaudissements tous les soirs à 20 heures ne paient pas un livre de médecine. Grâce à la prime de 1 500 euros versée par l’État et la Région aux personnels soignants, Karim Demnati pourra toutefois étoffer sa bibliothèque en vue de sa 6 ème année de médecine. Pour racheter une voiture, ce sera plus compliqué… la sienne venant de le lâcher. Pendant deux mois, de mars à mai, il a porté masque, blouse et sur- blouse au sein du service de réa- nimation du Professeur Gilles Capellier. 2 kg en moins mais de l’expérience en plus, Karim Dem- nati en sort grandi : “Ce que j’ai vécu me conforte dans l’idée que je ne sais pas faire autre chose que la médecine ! C’est ce que je veux faire : être médecin généraliste ou intégrer un centre des maladies infectieuses” dit-il posément.
travail en 5 jours. Il ne s’en plaint pas. “J’ai appris à m’organiser” dit- il avec humilité. Depuis la mi-juin, le Bisontin souf- fle. Ses examens pour entrer en 6ème année sont terminés. Il tient par l’intermédiaire de son témoi- gnage à rendre hommage à tous ces étudiants qui ont grossi les rangs des personnels soignants : “Les étudiants en médecine, kinés, infirmiers… sont venus avec leurs bagages pour aider ! Personne n’a rechigné. Tout le monde voulait participer et certains ont dû rester confinés chez eux parce qu’ils n’ont pas pu venir. Des étudiants en troi- sième année sont même venus jouer le rôle d’aide-soignant, ils ont lavé et désinfecté les poignées de porte, d’autres ont gonflé les rangs du centre 15, d’autres ont joué le rôle de brancardier ! Il y a eu une véri- table mobilisation” explique-t-il à la terrasse du café du C.H.R.U. Minjoz. Karim a les traits tirés. Pourtant, sa tête est déjà à son stage de 5 semaines chez un méde- cin généraliste à partir du 22 juin, à Belfort, sa ville natale. Ce stage sera-t-il plus tranquille que le précédent ? Sans doute. Inté- gré dès le 10 mars au sein du ser- vice de réanimation adulte de l’hô- pital Jean-Minjoz à Besançon, l’étudiant a pris dans le visage - comme tous les soignants - cette période de plein fouet… “Heureu- sement que nos étudiants étaient là ! , souligne le Professeur Thierry Moulin. Ils ont tenu la digue pour ne pas qu’elle cède face au raz-de- marée nommé Covid” poursuit le doyen de l’U.F.R. Santé. Ce que Karim retient, ce sont les bons moments : “Tous les matins, nous nous retrouvions avec l’équipe
médicale pour évoquer le cas de chaque patient. L’un d’eux est resté trois semaines dans le service, on le suivait chaque jour, comme les autres. Lorsqu’il est arrivé, il était intubé, toutes ses analyses étaient au rouge… et puis il s’en est sorti ! Il avait 65 ans” témoigne le futur médecin. À l’inverse de cet homme âgé de trente ans qui n’a pas sur- vécu. À ce moment-là, les soignants mesurent leur vulnérabilité : “Je me suis dit que ça aurait pu être moi ou un autre à sa place” avoue Karim Demnati. Comme les internes ou les méde- cins, Karim a pratiqué la méthode de retournement des patients où avec 5 autres personnes, il faut alterner position ventrale et dorsale afin qu’elle soit bénéfique. Pendant quatre mois, il s’est “auto-confiné”. Mis à part sa petite amie, elle aussi en 5 ème année, il n’a vu personne. Quatre mois sans voir sa famille, c’est long… L’élève repart de son stage avec des certitudes. Ce métier est fait pour lui, c’est certain. En revanche, il ne croit plus au monde d’après : “Les gens sont capables de faire une heure de queue dans un fast-food mais refusent de patienter aux urgences…Le monde d’après, c’était le monde d’avant…” Ne lui parlez pas du Professeur Raoult : “On a d’immenses chercheurs ici et ail- leurs… mais on n’entend que lui. Peut-être parce que c’est un bon communicant” émet celui qui est aussi vice-président de la vie étu- diante à l’Université de Franche- Comté, poste qu’il partage en binôme avec Athéna Blanc, élève de troisième année. Durant le confi- nement, le duo a par exemple œuvré avec des associations étudiantes
À 26 ans, il vit trois vies. Celle d’étu- diant en médecine, celle d’infirmier la nuit à la maison de retraite des Salins de Bregille à Besan- çon pour payer ses études, celle de vice- président de l’Uni- versité de Franche- Comté en charge de la vie étudiante. Lorsque se sont accumulés crise du Covid, ses examens et son emploi de nuit à la maison de retraite des Salins de Bregille, Karim a par exemple réa- lisé 100 heures de
“Le monde d’après, c’est
le monde d’avant.”
Karim Demnati a réalisé son stage de 5 ème année de médecine en réanimation, au cœur de l’épidémie.
Bio express
l 26 ans, natif de Belfort l Étudiant en 5 ème année de médecine l Vice-président de l’Université de Franche-Comté en charge de la vie étudiante. Son mandat devait se terminer en avril. Il a été prolongé
(Besançon associations fédérées) pour donner des paniers de légumes aux étudiants, a accéléré l’aide en matériel informatique pour les étudiants les plus pré- caires avec prêts de tablettes ou clés 4 G. La jeune génération a prouvé qu’elle pouvait se mobiliser. Elle n’est pas dorée comme certains
voudraient le faire croire : “J’ai 26 ans et ma vie se jouera à la 6 ème année, sur un lancé de dés, le concours national. Entre le début de la vie étudiante et l’entrée dans le monde du travail se passe une vie où l’on ne gagne pas ou peu d’ar- gent. Il faut que les étudiants en médecine soient reconnus !” À bon entendeur. n
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