La Presse Bisontine 215 - Décembre 2019

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n°215 - Décembre 2019

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DÉCHETS

Conséquences des pannes

Four en panne : 6 000 tonnes de déchets enfouies Les deux fours de l’usine de Planoise à l’arrêt, le Sybert n’a trouvé d’autres solutions que l’enfouis- sement, les autres incinérateurs de la région étant, eux aussi, en carafe. Tout doit rentrer dans l’ordre.

La salle de commande des deux incinérateurs de Planoise (photos J. Varlet).

L a Presse Bisontine a consacré au mois d’août un article lié aux arrêts répétés d’un des deux fours de l’unité de valorisation éner- gétique qui incinère 47 000 tonnes de déchets par an. Le préfet du Doubs avait demandé le 7mars une fermeture d’urgence du plus vieux four - âgé de 43 ans - après la découverte de taux de rejets de gaz et particules sept fois supérieurs aux normes entre juillet 2018 et janvier 2019, la fermeture a été anti- cipée par l’exploitant. Mais les contre- mesures n’ont révélé aucun rejet dans l’atmosphère. Ce four-là est reparti avant de lâcher en juin puis de redé- marrer à nouveau avant un nouvel arrêt ! En novembre dernier, c’est le sénateur Jacques Grosperrin (Les Républicains) qui a dénoncé le manque de commu- nication de la présidente du Sybert Catherine Thiébaut. Il lui reproche de n’avoir informé aucun élu de l’arrêt de toute l’usine de valorisation énergétique. “Des arrêts techniques, il y en a sur un outil industriel comme celui-là et il y en aura encore, se défend la présidente du syndicat. Celui-ci n’avait rien de particulier sauf qu’il est intervenu alors que l’autre four (de 2012) est en main- tenance. Il n’y a pas eu une volonté de cacher quoi que ce soit ! L’information a été donnée en comité syndical du 15 octobre. Peut-être a-t-elle été mal comprise. On n’avertit pas le bureau chaque fois qu’il y a un problème tech- nique… mais à l’avenir on le fera” annonce Catherine Thiébaut.

Les deux fours à l’arrêt, le Sybert a cherché à se rapprocher d’usines d’in- cinération voisines dans le cadre d’ac- cords conclus. Problème : l’incinérateur du S.E.R.T.I.R.D. (Bourgogne, Terri- toire-de-Belfort) est en tombé en panne. On ne parle pas de celui de Strasbourg, à l’arrêt depuis 5 ans. Préval (Pontarlier) et le S.Y.T.E.V.O.M. (Noidans-le-Ferroux) n’ont pas pu prendre tous les déchets duGrand Besançon. Résultat : le Sybert a enfoui une partie de ses déchets à Drambon, en Côte-d’Or. “Ce n’est pas lameilleure solutionmais nous n’avions d’autres choix” se défend le syndicat. Environ 6 000 tonnes ont été achemi- nées par camion pour un prix d’en- fouissement annoncé à 92 euros (hors taxes) la tonne, soit environ 570 000 euros, le coût de transport n’étant pas compris dans ce calcul. Le

aura-t-il des conséquences financières sachant que la taxe générale sur les activités polluantes (T.G.A.P.) sera plus élevée ? “Il n’y aura pas d’influence budgétaire supplémentaire avec l’en- fouissement, si ce n’est le transport, légèrement plus cher. L’incinération elle aussi a un coût” répète le Sybert qui rappelle que ces “grands travaux” sur le four le plus récent lui permettront d’aller au-delà des normes en vigueur dans le domaine des rejets atmosphé- riques dès 2020. La fermeture définitive du vieux four est actée pour 2021. L’investissement de 15 millions d’euros pour le four de 2002 permettra d’ingurgiter des ordures ménagères qui diminuent chaque année dans leGrandBesançon,la communauté de communes Loue-Lison, et leVal Mar- naysien. Ces trois secteurs font office de bons élèves avec 136 kg de déchets jetés par foyer et par an. C’est moitié moins que la moyenne nationale. Le Sybert aimerait arriver à 100 kg…soit autant d’ordures en moins à brûler. Fallait-il donc investir 15millions d’eu- ros ? Oui, car il y aura toujours des déchets à incinérer. D’après les profes- sionnels, la Côte-d’Or n’a plus de fours modernes, d’où l’éventualité d’un trans- fert vers l’usine de Besançon, capable à l’avenir de brûler 38 000 tonnes par an tout en rejetant moins de produits dangereux dans l’air. Un bémol : ce seront davantage de camions sur les routes. Le déchet le moins polluant, c’est celui que l’on ne produit pas. n E.Ch.

prix de l’incinéra- tion est selon l’or- ganisme quasiment équivalent (91 euros hors taxes). “Les déchets n’ont pas été envoyés n’importe où et n’importe com- ment ! , coupe Loys Monllor, directeur du Sybert. La D.R.E.A.L. nous a aidés mais il n’y avait pas d’autres solutions que l’en- fouissement.” Cet enfouissement

On a dû avoir recours à de l’enfouissement en Côte-d’Or.

Depuis novembre, les déchets arrivent à nouveau dans la fosse pour être brûlés.

Repères l Budget

l Déchetteries payantes ? Le Sybert gère 16 déchetteries qui fonctionnent bien (623 000 visites en 2018). Ce service coûte chaque année toujours plus cher parce qu’il implique du person- nel et parce que les coûts de traitements grimpent. Pour équilibrer ce service, l’impact par habitant est de 22,51 euros (par an), somme que l’usager ne voit pas sur sa facture. Les élus n’ont pas décidé de limiter le passage aux déchetteries. Vont-ils facturer le badge à l’ave- nir ou limiter à un nombre de passages ? Pourquoi un habitant d’un appartement paierait-il autant qu’un propriétaire d’une maison avec 10 ares de terrain

économie ? Il n’a pas reconduit l’exploitation du tri à la société Coved (qui sous traitait à Gare- B.T.T.) et a augmenté la part en régie, ce qui a permis de réa- liser des économies, de l’ordre de 1 euro par an et par habi- tant. n Le paiement voire la limitation du passage aux déchetteries du Grand Besançon n’est pas d’actualité même si des questions quant au financement de ce service se posent.

qui utilise forcément davantage ce service ? “Faire payer serait un très mauvais signal, cela encouragerait les dépôts sau- vages”, répond la présidente du Sybert. Limiter ? Les élus en 2013 n’ont pas fait ce choix. “Il faut travailler sur la prévention : il existe des solutions pour gar- der des déchets verts sur sa par- celle sans passer par la déchet- terie.” La déchetterie est payante pour les professionnels. l Économie La contribution liée au tri (bacs jaunes) va baisser en 2019. Elle passera de 149,70 euros à 135 euros. Comment le Sybert est-il parvenu à dégager une

Le Sybert est un établissement public en charge du traitement des déchets de ses trois commu- nautésmembres.Ces collectivités ont gardé la compétence “collecte des déchets” et ont transféré la partie “traitement” au Sybert. Il équilibre son budget par la contri- bution des adhérents (58 %) et par des recettes de fonctionne- ment (42 %) que sont les ventes de matières et d’énergie prove- nant du centre de tri (papier et emballages), des déchetteries (ferrailles, mobilier, déchets d’équipements électriques et électroniques…), de l’usine d’in- cinération (vapeur et matériaux ferreux et non ferreux).

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