La Presse Bisontine 215 - Décembre 2019

LE GRAND BESANÇON 32

La Presse Bisontine n°215 - Décembre 2019

La vie à la ferme et la consommation de lait cru protégeraient des allergies L’étude Pasture, menée auprès de 1 000 enfants européens dont 200 Francs-Comtois, montre dans ses derniers résultats l’effet bénéfique d’une alimentation riche en fromage dès le plus jeune âge. RECHERCHE Santé

V oilà un bien drôle de paradoxe dans une société à cheval sur l’hygiène et en perpé- tuelle chasse contre les bactéries. Et pourtant, le lait

et pour autre moitié à proximité dans 5 pays européens (Alle- magne, Suisse,Autriche, France et Finlande). Des questionnaires, des prélè- vements et d’autres suivis effec- tués avant même la naissance de ces enfants ont conduit jusqu’ici à une soixantaine de publications scientifiques “et ce n’est pas fini” , remarque Domi- nique Vuitton, qui se réjouit aujourd’hui de pouvoir complé- ter les données à l’âge adulte. Les enfants étant désormais âgés de 17 ans. “Les maladies allergiques interviennent à tout moment de la vie. On a aussi confirmé que l’exposition de la mère avant la naissance était bénéfique au devenir immuno- logique et allergique de l’enfant

cru jouerait un rôle contre les allergies et les infections de la petite enfance. “Si nous n’avons pas travaillé spécifiquement sur le comté ou les fromages au lait cru, nous avons néanmoins pu

constater que c’était un facteur de protection indépendant de la vie à la ferme” , précise Domi- nique Vuitton, professeur d’im- munologie clinique à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté. D’une façon générale, les résul- tats obtenus montrent qu’une consommation variée de fro- mages entre 12 et 18 mois s’ac- compagne d’une diminution de dermite atopique (eczéma) à 6 ans et d’allergies alimentaires, mais aussi d’un moindre risque de rhinite, d’asthme…Ce, grâce à l’effet sur le système immu- nitaire produit par les compo- sants microbiens et les proprié- tés anti-inflammatoires des acides gras contenus dans les fromages. Avant cela, l’étude Pasture avait déjà conclu au rôle protecteur de la diversification alimentaire précoce et des expositions aux animaux et aux micro-orga- nismes de la ferme. “La pous- sière, la paille, le foin et le contact régulier avec divers animaux influencent l’immunité.” Coor- donnée en France par le profes- seur Jean-Charles Dalphin, chef du service de pneumologie au C.H.U. de Besançon (récemment décédé), l’étude suit depuis 2002 une cohorte de 1 000 enfants vivant pour moitié à la ferme

L’étude est menée côté français par le C.H.U. de Besançon et l’I.N.R.A., “avec le soutien de la M.S.A.”, précise Dominique Vuitton.

via des analyses de sang du cordon ombilical.” Présentés en mai dernier à l’Acadé- mie nationale de médecine, les der- niers résultats, qui prennent pourtant le contre-pied des recommandations en vigueur préconi- sant aux enfants de moins de 5 ans et aux femmes

Bons à manger et pour la santé.

enceintes d’éviter le lait cru, n’ont pas suscité de réactions vives. Preuve “qu’une partie de la population, y compris médi- cale, pense que le risque est modéré.” Comme sur l’introduction tar- dive de la diversification ali- mentaire, que cette étude tend à infirmer, le rapport bénéfices- risques mériterait ainsi d’être

réévalué autrement qu’au seul regard du principe de précau- tion. “Il y a un véritable enjeu sociétal autour de la production et la consommation de fromages traditionnels, et les aspects “risques pour la santé” sont sou- vent mis en avant pour masquer d’autres réalités” , conclut Domi- nique Vuitton. n S.G.

Localisation des familles franc-comtoises intégrées à l’étude Pasture. (image M.S.A. et Association Santé éducation prévention).

TOURISME Un marché porteur La Franche-Comté fait

les yeux doux au Japon

B ien décidés à profiter du capital sympathie des Japonais pour la France, les acteurs locaux du tourisme avaient un argu- ment de poids tout trouvé pour les séduire. Ses huit sites Unesco, que ce public apprécie particulièrement. “La clientèle japonaise est très réceptive au tourisme culturel et à cette offre à la valeur universelle. C’est un des critères majeurs dans le choix de leur destina- tion touristique” , souligne Loïc Niep- ceron, président de Bourgogne- Franche-Comté Tourisme. Encore fallait-il les mettre en valeur autour de séjours dédiés. “Nous avons Le Comité régional du tourisme se lance dans une opération séduction, par le biais de ses sites Unesco. Une délégation part début décembre à Tokyo et Osaka pour attirer les Japonais, avec qui travaillent déjà plusieurs entreprises locales.

à leur voyage” , remarque Loïc Niep- ceron. Or, ils se cantonnaient surtout jusqu’ici aux territoires œnologiques. L’idée est de les amener à visiter d’au- tres secteurs via cette accroche Unesco. Une découverte plus large qui sera sans doute facilitée par les nombreux échanges commerciaux déjà tissés entre la région et le Japon.À commen- cer par le vin. Le pays du soleil levant est le troisième marché, en volume et en valeur pour les vins de Bourgogne.

tracé un itinéraire qui passera par les 8 sites Unesco, avec des hébergements haut de gamme et la mise en lumière de prestataires déjà investis et appréciés au Japon comme le fabricant de cas- seroles Cristel (qui y fait 7 à 8 % de son chiffre d’affaires).” Le shopping constituant aussi l’une des priorités de cette clientèle, avec la gastronomie et les paysages préservés. Les différents partenaires impliqués, dont la Citadelle de Besançon ou la Saline royale d’Arc-et-Senans, défen- dront ainsi collectivement la destina- tion sur place auprès des agences de voyages. “Ce qui nous intéresse, ce n’est pas d’avoir des hordes de bus mais un tourisme équilibré avec l’implication de chaque prestataire.” Ce passage au Japon sera également l’occasion de démarcher la presse nippone. L’augmentation de 11,6 % du nombre de nuitées des touristes japonais enre- gistrée en région entre 2017 et 2018 est plutôt de bon augure. D’autant que ce public, très diplômé, est doté d’un pouvoir d’achat aisé. “Ceux qui viennent consacrent entre 5 000 à 6 000 euros

De nombreux produits tels que le miel ou les fromages comtois sont également exportés. “Les Japonais apprécient notre culture de la cuisine. Ils sont friands de la tech- nique et du savoir-faire français” , souligne le pâtis- sier Xavier Brignon, qui accueille depuis quatre ans deux stagiaires japo- nais sur la saison d’hiver et d’été. Le Bisontin fait également des démonstra- tions à l’école Tsuji,

À la conquête de l’Est.

Les acteurs du tourisme locaux veulent séduire la clientèle japonaise.

et Jeol) et leurs utilisateurs avec son logiciel innovant MountainsMap. Elle possède une antenne à Tokyo depuis 2010. “L’activité y est en plein essor. On cherche même à renforcer l’équipe là-bas” , précise Clare Jamet, sa direc- trice marketing. n S.G.

implantée dans le Rhône et dans l’Ain, où sont formés de jeunes chefs nip- pons. Les applications industrielles ne sont pas en reste comme le prouve l’entre- prise bisontine Digital Surf, qui a conquis les fabricants japonais d’ins- truments de mesure (comme Hitachi

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