La Presse Bisontine 215 - Décembre 2019
La Presse Bisontine n°215 - Décembre 2019 21
l Réaction Le nouveau président de l’U.C.B. “Nous voulons deux heures de stationnement véritablement gratuites”
À la tête de l’Union des commerçants de Besançon (U.C.B.) depuis deux mois, Thierry Dietsch attend des autorités une meilleure compréhension des problématiques commerciales du centre-ville.
rant de diriger tout le monde vers Micropolis et de faire faire aux auto- mobilistes 13 kmde détour pour accéder en ville ! Autre chose concernant la signalétique : nous avions suggéré de signaler le centre-ville depuis les par- kings situés autour de la Boucle, cette proposition a été refusée par la Ville au motif qu’elle n’était pas “multimo- dale” ! On suggère régulièrement des choses mais laVille nous explique trop souvent comment c’est possible de ne pas faire ces choses. Mais on ne baisse pas les bras. L.P.B. : Qu’attendez-vous des candidats aux municipales à Besançon ? T.D. : On a prévu de tous les rencontrer pour leur exposer notre vision des choses et également pour écouter ce qu’ils proposent en matière de station- nement, de sécurité, d’attractivité, d’événementiel…Notre idée est d’ins- taurer un débat qui soit constructif en rappelant à tous ces candidats que le commerce, c’est la vie d’une ville.Même si on doit d’abord compter sur nous- mêmes, on peut aussi affirmer que notre survie dépend aussi des poli- tiques. On ne peut pas continuer à vider nos centres-villes comme ça. L.P.B. : Votre suggestion concernant le sta- tionnement ? T.D. : Nous voulons des heures vérita- blement gratuites et pas 59 minutes et si on dépasse d’une minute on doit payer 3,60 euros. Notre idée est d’ins-
L a Presse Bisontine : Vous succédez à Cécile Girardet, démissionnaire suite à la fermeture de son commerce, à la tête de l’Union des commerçants de Besançon. Avec quelle ambition ? Thierry Dietsch : En tant que vice-prési- dent jusqu’ici, mon arrivée à la prési- dence de l’U.C.B. était un peu dans l’ordre des choses, même si mon ambi- tion n’était pas d’être président. Mais à un moment donné, il fallait prendre ses responsabilités et on ne pouvait pas laisser une association comme la nôtre sans tête. Je prends les rênes, provisoirement, sachant quemonmaga- sin (N.D.L.R. : Doubs Direct, rue Pas- teur à Besançon) me prend beaucoup de temps. Je considère que la présidence de l’U.C.B. est quasiment un travail à plein temps, je ne prends pas cette fonction à la légère et j’ai la chance d’être très bien épaulé par son directeur Adrien Pourcelot et son équipe. Je ne veux pas faire les choses à moitié, d’au- tant que nous sommes dans une période charnière, à l’approche des élections municipales, avec de nombreux sujets à aborder au nom des 190 adhérents de l’U.C.B. Mon ambition est de porter haut la voix des commerçants auprès des autorités municipales, préfectorales,
car on a bien souvent l’impression d’être écoutés mais pas entendus. Je souhaite convaincre tout le monde que l’U.C.B., la Ville, les collectivités, sommes des partenaires. L.P.B. : Vous avez le sentiment que l’U.C.B. ne trouve pas l’écoute suffisante auprès des auto- rités ? T.D. : Le travail de lobbying que nous menons ne paie pas toujours en effet. Certains dossiers piétinent ou n’avan- cent pas vite, il faut bien le reconnaître. Des essais ont été engagés par la Ville
Thierry Dietsch a été élu à la présidence de l’U.C.B. le 24 septembre dernier.
taurer deux heures véritablement gra- tuites, que ce soit dans le temps de midi ou n’importe quel autre moment de la journée. On souhaite aussi que le Free pass qui est un bon outil soit beaucoup mieux mis en avant par la Ville, qu’on arrête de faire vivre ce dis- positif en catimini. On fait des choses mais sans communiquer autour, il y a des choses qui ne vont pas. Il faut rendre à l’U.C.B., et plus largement au commerce de centre-ville, de la visibi- lité. L.P.B. : L’arrivée l’an dernier d’un manager du commerce en la personne de Pierre Bouvier (ex-président de l’U.C.B.) va-t-elle dans le bon sens ? T.D. : Oui, ça va dans le bon sens mais il faut qu’on arrive à travailler encore mieux ensemble. Le problème est que bien souvent, c’est Pierre qui demande des autorisations aux services muni- cipaux alors que ce devrait être le contraire. L’arrêté sur les publicités devant nos commerces en est un des derniers exemples regrettables.
L.P.B. : Comment lutter contre les cellules com- merciales vides ? T.D. : Il faut taxer les propriétaires qui font de lamoins-value fiscale en laissant leurs locaux vides. Ce n’est pas normal. Le législateur donne aux villes la pos- sibilité de taxer ces propriétaires. Il faut que Besançon le fasse.Avant cela, il faut travailler de manière incitative avec les propriétaires en les incitant par exemple à rénover leurs locaux, et que la taxation soit le dernier recours, mais qu’elle soit possible. L.P.B. : Le virage du e-commerce est-il bien pris par les commerçants du centre ? T.D. : Les commerçants n’ont sans doute pas besoin d’une market place supplé- mentaire. Il faudrait d’abord qu’ils se dotent d’un portail sur lequel seraient référencés tous nos commerces, les par- kings, les choses à visiter, etc. On tra- vaille à ce genre d’outils fédérateurs, et pour cela, nous souhaiterions un véritable appui des pouvoirs publics. n Propos recueillis par J.-F.H.
sur le parking à 1 euro. Le concept est retenu, puis il s’arrête sans qu’on nous prévienne. Même chose pour la signalé- tique : il y a cinq ans maintenant que l’U.C.B. se bat pour que soit signalé le centre-ville depuis le Trou-au-Loup. Ce dossier est entre les mains du préfet depuis 2016 qui avait acté le principe, renvoyé le dos- sier à la Ville et depuis, on n’a aucune nouvelle. Il est quand même aber-
“Le commerce, c’est la vie d’une ville.”
l Battant Chapellerie Kausia Il porte le chapeau de la reconquête commerciale Créer une chapellerie à Battant, il fallait oser. Installé depuis 2014, Patrick Mougey fait mieux que résister.
Q uand il décide d’instal- ler son magasin de cha- peaux à Besançon, Patrick Mougey a deux possi- bilités qui s’offrent à lui : un local rue des Granges, un autre rue Battant. Pragmatique, il réalise un comptage devant cha- cune des deux boutiques. Résul- tat sans appel : “Je me suis aperçu que le nombre de pas- sages était beaucoup plus impor- tant à Battant, que la surface était aussi plus importante , que le magasin était aux normes handicapées.” se souvient-il. En juin 2014, cet ex-salarié d’un grand groupe commercial qui avait licencié 400 personnes crée donc sa “petite” entreprise : Kausia, vente de chapeaux, cas-
un quart de ses produits y sont présentés. “Un chapeau, c’est comme une paire de chaussures : il faut l’essayer. Se démarquer des autres est une bataille quo- tidienne, c’est pour cela que l’on essaie de proposer un large choix. Jusqu’à présent, les gens revien- nent d’une saison à l’autre.” Vu de l’intérieur, Battant a des atouts à faire valoir. Pour rendre Kausia alléchant, il a tout de même fallu rénover la boutique, investir dans l’éclairage. “Le rapport qualité-prix” , c’est ce qui le démarque dit le proprié- taire. Unmessage à faire passer aux futurs élus en charge du commerce ? Comme d’autres de ses collègues, le professionnel a mal vécu le courrier reçu de
quettes, écharpes, bérets, gants. Son créneau n’est pas commun. C’est ce qui fait aujourd’hui sa force : “À l’époque, il y avait une attente dans le domaine, alors je me suis lancé. Le bouche-à- oreille a fonctionné dès le début” indique le gérant, aidé aujourd’hui par une salariée. Dans cette activité, les ventes sont tributaires bien souvent
Patrick Mougey dans son magasin, Kausia, rue Battant à Besançon.
du climat. Plus il fait froid, plus les gens se cou- vrent. La concur- rence Internet ? Le gérant y est confronté. Il a développé un site Internet mais seulement
“Plus de passages rue Battant.”
la mairie lui demandant de se mettre en conformité avec les panneaux publicitaires sous peine de poursuite. “Nous, com- merçants, concevons qu’il y a des normes à respecter comme celles qui concernent l’accueil
Pour la période des fêtes de fin d’année, Kausia ouvrira les dimanches après-midi. Ce qui s’appelle le service client. n
du public, reconnaît Patrick Mougey. Mais il est difficile d’ac- cepter d’être pointés du doigt pour un panneau publicitaire que je paye pour l’installer dans la rue. Nous aurions pu être pré- venus au préalable.”
E.Ch.
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