La Presse Bisontine 212 - Septembre 2019

ÉVÉNEMENT L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n°212 - Septembre 2019

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l Environnement Des milliers d’arbres déjà abattus “La forêt telle qu’on la connaît, ne sera plus la même dans 30 ans”

frênes souffrant de chalarose, une maladie très virulente causée par un champignon d’origine asiatique. Lemassif boisé bisontin, qui se compose surtout de feuillus, se voit durement impacté depuis la dernière sécheresse de 2018 (l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées en France), et la chaleur de cet été 2019 n’arrange rien. “On vit clairement une crise sani- taire” , résume Guillaume Favand, qui porte un regard inquiet sur l’avenir. “Cette succession de sécheresse est fac- teur de stress hydrique pour les arbres.

L’absence de précipitations régulières pose problème, car on n’a pas tant d’eau que cela dans nos sols.” Certaines essences comme le hêtre se montrent en outre assez fragiles, “avec des parasites de faiblesse qui viennent se greffer” dès qu’une partie est sèche. “Ce sont des arbres qui régulent mal leur transpiration à l’inverse des espèces méditerranéennes, avec un enracine- ment plutôt traçant.” De la même façon, plus le peuplement est vieillissant, plus il se montre vul- nérable. Partout, on voit ainsi des arbres devenir secs et bruns, avec des risques éventuels pour les usagers dans les zones les plus fréquentées. Du secteur bisontin jusqu’à Venise, les dépérissements se font importants, mais moins encore qu’autour de Baume-les-Dames. “On constate que les zones où il y a à la fois des peuple- ments de hêtre et de chêne s’en sortent mieux.” Cette diversification fait partie des pistes de réflexion pour demain. “Avec le réchauffement climatique, on sait que la forêt qu’on connaît aujourd’hui, ne sera plus la même dans 30 ans. Il faut essayer de favoriser le développe- ment d’essences locales comme le chêne sessile, et de diversifier les peuplements.” Se pose toutefois le problème du coût des nouvelles plantations ou des inter- ventions dans les milieux pour favoriser l’ensemencement naturel des espèces

La sécheresse impacte lourdement les paysages forestiers. À Besançon comme ailleurs, on constate un dépérissement des arbres, qui amène à plusieurs coupes sanitaires.

L ors de notre passage en forêt de Chailluz, accompagnés par Guillaume Favand, responsa- ble territorial de l’O.N.F., il ne nous a pas fallu faire beaucoup de mètres pour tomber sur les premiers arbres malades. À quelques pas des Petites baraques, des hêtres se trouvent

ainsi marqués à la bombe dans l’attente de leur prochain abattage. Cette essence est l’une des plus touchées par la séche- resse en Franche-Comté, avec les sapins. Mais elles ne sont pas les seules : les épicéas faisant les frais des attaques de scolytes, qui pullulent avec ces vagues de chaleur répétées, et les

présentes (alisiers, érables, tilleuls...). La priorité est donnée dans la gestion de crise à la surveillance et la sécuri- sation, avec des coupes sanitaires pour éviter que des branches mortes ne tom- bent, ainsi que l’exploitation des arbres atteints avant qu’ils ne soient trop dépréciés. “Des générations de forestiers ont travaillé dessus et on doit aujourd’hui les récolter prématuré- ment” , se désole Guillaume Favand. Tout l’enjeu consiste aujourd’hui à inverser la tendance et à préserver les arbres sains. n S.G. Certains arbres, fragilisés et asséchés, montrent des taches noires ou des failles dans leur écorce.

Guillaume Favand devant un chargement, suite à des coupes nécessaires pour préserver les arbres sains.

l Environnement Sous haute surveillance L’ambroisie aux portes du Grand Besançon La lutte contre cette plante envahissante se poursuit sur le territoire, où le risque allergique est à nouveau au plus haut. Son pollen se disséminant d’août à septembre.

jusqu’ici, la question n’en est pas moins “prise au sérieux.” La plante, qui pose des problèmes agronomiques liés à son exten- sion dans les cultures, se montre aussi à enjeu vis-à-vis de la santé publique. D’autant qu’elle pro- gresse rapidement avec la pré- sence d’un front de colonisation depuis le Jura (qui a vu lui-même la plante arriver de Saône-et- Loire et de l’Ain). En 2018, ce département voisin concentrait 68,8 % des communes de Franche-Comté touchées d’après la F.R.E.D.O.N. Franche-Comté, chargée de coordonner la lutte régionale. Des décrets préfectoraux ont été pris dans l’ensemble des dépar- tements (celui du Doubs qui remontait à 2014, vient d’être réactualisé). Ils amènent diffé- rents types d’actions : du chan- tier d’arrachage au recensement des foyers… en fonction du niveau d’infestation et du type de milieux (sols agricoles, bords de route, terrains privés...). Sur les dernières cartographies, on a pu observer une présence dans le Grand Besançon, “sans que l’ambroisie y soit vraiment implantée. Ici, c’est lié à des chan- tiers et des déplacements de terre”, note Marc Vuillemenot du Conservatoire botanique national de Franche-Comté. “On a pu en voir sur les accotements dans le secteur des Montboucons,

Marc Vuillemenot rappelle que les activités humaines favorisent la propagation de l’ambroisie.

N ez qui coulent, yeux qui piquent, gorge irritée… Ces symp- tômes, les personnes sensibles aux pollens les connaissent bien ! Elles devront malheureusement encore faire avec, durant ce mois de septem- bre, tout juste sorties de la période de pollinisation des gra- minées. La faute à l’ambroisie qui prolonge la période des aller- gies. Son pollen, à l’origine de fortes réactions, “engendre rhi- nites, conjonctivites, trachéites, eczémas… et même dans 50 % des cas de l’asthme” , remarque le docteur Jean-Marc Rame, coor- dinateur du Réseau d’allergolo- gie de Franche-Comté. “Le pro- blème est qu’il va toucher les allergiques actuels mais aussi recruter de nouveaux aller- giques.” Dans les zones infestées par l’ambroisie, 6 à 12 % de la popu- lation sont concernés (jusqu’à 20 % pour les plus exposées). Si le Doubs est peu concerné

ritoire, mais on peine encore ici et là à mobiliser. “On se croit à tort épargné ici, alors qu’il y a un repérage insuffisant. Sans signalement, on ne voit pas le problème. Tout l’enjeu consiste à intervenir au plus tôt pour contenir sa dispersion. On mise pour cela sur une action collé- giale (collectivités, particuliers, agriculteurs, chefs de chantier… )” , indique Nezha Leftah-Marie, responsable de l’unité santé environnement du Doubs à l’Agence régionale de santé, qui rappelle qu’une plateforme de signalement a été créée il y a deux ans (www.signalement- ambroisie.fr). n S.G.

sur le quartier Saint-Claude, dans les terre-pleins à Château- farine et aux bords de la R.N. 83 vers Larnod ou de l’A 36 vers Chemaudin” Des signalements ont aussi été faits par le passé sur Vaire-Arcier et Thoraise. “Les premières taches ont été trouvées à Besançon durant les travaux du tramway” , explique Guy Longeard du service des espaces verts. “Depuis, la Ville assure une veille constante.” 69 communes seraient concernées dans le Doubs avec une appa- rition progressive en altitude sur le premier plateau (Mami- rolle, Étalans…). Une centaine de référents communaux ont été désignés pour animer le ter-

L’ambroisie colonise surtout les abords de route (R.N. 83, A 36) dans l’agglomération, et apparaît de façon isolée dans les zones commerciales et d’activités de Besançon.

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