La Presse Bisontine 212 - Septembre 2019

La Presse Bisontine n°212 - Septembre 2019

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l Incinération Le (vieux) four ne pose plus de souci Le préfet a demandé le 7 mars dernier une fermeture d’urgence du four datant de 1976, anticipée par le Sybert, après la découverte de taux sept fois supérieurs à la mesure entre juillet 2018 et janvier 2019. D’importants travaux ont été menés. partenaires, dont ici la Ville de Besançon, lamétropole, le Département et la Région, et pour la dernière partie les industriels à travers la taxe grands pollueurs. “Des partenariats scientifiques et transfron- taliers viennent compléter nos ressources en finançant des études complémentaires à leur demande” note la direction d’A.T.M.O. L’agence de surveillance emploie 28 personnes à l’échelle de la grande région. n Les relais officiels de l’État À l’intérieur, la température de l’air doit y est constante. Le bourdonnement de la clima- tisation y est donc continu. Car les appareils de mesure ne sup- porteraient pas les changements de température trop brusques. Nous sommes sur de la Prévoyance à Besan- çon, non loin du lycée Jules-Haag, site Montjoux. Sur ce petit terrain, un cube blanc de la taille d’une petite remorque A.T.M.O. Bourgogne-Franche-Comté est ce qu’on appelle uneA.A.S.Q.A., ou association agréée de surveillance de la qualité de l’air. À son origine constituée par des citoyens soucieux de la qualité de l’air, elle a obtenu dès 1996 avec la loi L.A.U.R.E. un agrément ministériel. Les associations agréées comme A.T.M.O. Bourgogne-Franche-Comté sont désormais financées en partie par l’État, en partie par les collectivités locales de camion dans lequel des appareils de mesures bourrés d’électronique relè- vent 24 heures sur 24 des données chif- frées sur la pollution de l’air, capté sur le toit de l’équipement. David Besan- cenez, un des techniciens du réseau A.T.M.O., est chargé de la maintenance de l’équipement. Sur le territoire de la ville, une autre station de ce type est installée, rue Mégevand. Une troisième station est l Mesures Trois stations de mesure Les vigies de la qualité de l’air Plusieurs stations de mesures fonctionnent en continu pour évaluer la qualité de l’air sur le Grand Besançon. Il y en a deux à Besançon, une troisième à Montfaucon.

David Besancenez, un des techniciens de station pour A.T.M.O. Bourgogne- Franche- Comté.

Internet d’A.T.M.O. (www.atmo-bfc.org). Les données remontent toutes les 15 minutes auprès d’un serveur du labo- ratoire d’A.T.M.O. “Cela nous permet de gérer les éventuelles alertes pollution en temps réel” note David Besancenez. En complément de ces stations fixes, A.T.M.O. dispose de quatre laboratoires “mobiles”, des remorques équipées de capteurs qui permettent d’effectuer des campagnes ponctuelles de mesures sur le reste du territoire. “Cela nous permet de confirmer qu’on est sur les mêmes taux que l’on habite à Planoise, à Chalezeule, rue de Dole ou à Mon- trapon. Les niveaux y sont équivalents” rassure Anaïs Detournay. n J.-F.H.

installée dans le Grand Besançon, sur la commune de Montfaucon, chargée, elle, de mesurer plus particulièrement les taux d’ozone dans l’air. L’association agréée dispose également d’un labo- ratoire d’analyses rue de l’Orangerie, quartier de Saint-Ferjeux. “L’objectif de ces stations est de mesurer la qualité de l’air que respirent les Bisontins à longueur d’année” résume le techni- cien. Plusieurs petites “cheminées” posée sur le toit de la station captent l’air ambiant dont l’analyse sera décortiquée en fonction des polluants recherchés. “Nous mesurons les particules, les P.M. 10 fines et les P.M. 2,5 très fines, ainsi que l’oxyde d’azote, et l’ozone.” La station de mesure située sur Mége-

vand, face au centre diocésain, est ce qu’on appelle une station-trafic servant à “mesurer le niveau de pollution sur un axe de trafic assez élevé.” Bordée de hauts immeubles, cette artère est une

des plus passantes de Besançon. Elle a la par- ticularité, avec ce phé- nomène dit des rues- canyons, de présenter les niveaux d’oxydes d’azote parmi les plus élevés de Besançon. Chaque jour, les données des stations et les indices de qualité de l’air de Besançon et de son agglomération sont consultables sur le site

La rue Mégevand, la plus touchée

par les oxydes d’azote.

Où en sont les rejets de dioxine à Besançon ?

Par mesure de précaution, l’un des fours a été arrêté : des analyses en semi-continu n’étaient pas bonnes alors que celles en continu l’étaient.

L es questionnements concer- nant l’impact sur la santé des fumées émises par les inciné- rateurs d’ordures ménagères ne sont pas récents. Celui de Besançon qui brûle 47 000 tonnes de déchets par an grâce à deux fours, dont un d’an- cienne génération, n’a pas échappé à cette réflexion. Dès 2000, le professeur Jean-François Viel (aujourd’hui au C.H.R.U. de Rennes) avait constaté une augmentation de la fréquence des certains cancers dans les deux cantons voisins de l’usine d’incinération. Ensuite, l’équipe du professeur Chris- tophe Roux avait démontré l’évolution de la qualité du sperme chez des hommes sains, vivant à proximité de l’incinérateur bisontin. L’étude avait fait apparaître de manière scientifique que la production de spermatozoïdes des patients exposés aux fumées de l’incinérateur, dans un périmètre de quelques kilomètres dessiné par les

vents dominants, a amplement réagi aux dioxines contenues dans l’atmo- sphère avant la mise en service du nouveau système d’incinération, moins polluant dès 2002. En clair, après 2002 et grâce four moins polluant, les résul- tats sur la santé étaient bien meil- leurs. En janvier dernier, le four de 43 ans a donné des sueurs froides au Sybert, propriétaire de l’unité de valorisation. Les cartouches de mesures en semi-

travaux d’une durée de six semaines ont été menés sur le four de 1976 alors que d’autres sont en cours sur celui de 2002. “Nous sommes au-dessous de toutes les normes de rejets, martèle Catherine Thiébaut. Nous conduisons une étude pour savoir si les dioxines présentes sont bien les nôtres. Ce n’est pas sûr.” Les nouvelles normes plus restrictives d’ici 2021 sur les émissions de Nox (oxyde d’azote) n’inquiètent pas le Sybert. Au contraire : “Nous étions déjà en dessous des seuils. Nous nous améliorons encore avec ces travaux” conclut la présidente. Le four de 1976 est reparti pour quelques années. n E.Ch.

Le préfet a tout de même ordonné le 7 mars une “mesure d’urgence avec fer- meture sous 24 heures du four de 1976.” Durant la fermeture, les déchets ont été acheminés vers d’autres centres de la région. Les experts ont émis l’hypo- thèse suivante : “La pollution de la ligne de prélèvement pourrait être due aux difficultés de fonctionnement du four rencontrées entre août et octo- bre 2018.” Des analyses complémen- taires ont été demandées. Depuis, tout semble être rentré dans l’ordre : “Nous avions prévu d’importants travaux sur ce four qui avait été arrêté en février, avant que le préfet nous le demande” corrige la présidente. Ces importants

a pas eu de rejets à l’extérieur, affirme Catherine Thiébaut, présidente du Sybert. Ces analyses en semi-continu n’ont au plan réglementaire, qu’un statut indicatif. Les analyses qui sont réalisées régulièrement dans le lait des exploitations agricoles voisines de l’in- cinérateur sont bonnes.” C’est exact, il n’y a pas eu de rejets extérieurs : les fumées sortant de l’usine sont épurées grâce à des injections de bicarbonate de sodium (pour les acides) et du char- bon actif (pour les dioxines). Les pous- sières sont captées par le biais d’un électrofiltre puis d’un filtre à manches. 99,9 % des polluants sont filtrés et rete- nus.

continu (A.M.E.S.A.) ont en effet enregistré 8 valeurs supérieures à 0,1 ng/Nm 3 (mesure évaluant les dioxines) dont 6 entre le 9 juillet et le 6 décem- bre puis une autre en jan- vier 2019 sans que l’ex- ploitant n’arrive à expliquer ce dépasse- ment. La population a-t- elle été touchée ? “Il n’y

Le préfet ordonne la fermeture sous 24 heures.

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