La Presse Bisontine 212 - Septembre 2019

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n°212 - Septembre 2019

HISTOIRE Besançon, un vignoble millénaire “L’horlogerie a été la vraie concurrente du vignoble bisontin”

nage. Comme l’Église a besoin de vin pour sa liturgie, d’autant que les fidèles communiaient alors sous les deux espèces, toutes les villes françaises sièges d’un évêché ont eu un vignoble. Besançon n’a pas échappé à cette règle. La vigne ici aussi a été la compagne de l’Église. L.P.B. : Ce vignoble était tombé dans l’oubli ? R.C. : Presque totalement. Il faut dire que la réputation du vin de Besançon n’a jamais dépassé les frontières de la région, il n’a jamais été exporté, mais il avait une audience locale et surtout, cette activité a fait vivre des milliers de personnes, notamment à son apogée au XVIII ème siècle où on comptait sans doute plus de 1 000 vignerons à Besan- çon. On comptait à Besançon environ 1 500 hectares de vignes, ça représente la moitié du vignoble jurassien actuel. L.P.B. : Pourquoi cette activité a-t-elle été abandonnée ? R.C. : À partir du XIX ème siècle, le vin de Besançon a été concurrencé par les vins duMidi qui arrivaient par le canal du Rhône au Rhin. Puis il y a eu l’émer- gence de l’horlogerie qui a donné aux ouvriers bisontins un travail plus rému- nérateur et moins pénible. L’horlogerie a été la vraie concurrente du vignoble bisontin.À cette époque, les superficies sont tombées à 600 hectares. Le vigno- ble a ensuite subi les assauts du phyl- loxéra à la fin du XIX ème siècle. Et enfin

Le géographe Robert Chapuis consacre un livre à l’histoire de la vigne à Besançon. La ville comptait au plus fort de l’activité plus de 1 000 vignerons. Des passionnés réhabilitent l’activité.

autour de son vignoble.

La Presse Bisontine : Pourquoi ce livre ? Robert Chapuis : Étant originaire deVuil- lafans, j’avais commencé à travailler sur la haute vallée de la Loue. Puis j’ai étendu mes recherches aux vigno- bles du Doubs et de la Haute-Saône qui étaient beaucoup moins connus que celui du Jura. J’ai enseigné à Besançon durant dix-sept ans à la faculté de géographie. Jeme suis aperçu que Besançon méritait à elle seule un ouvrage car il y a une vraie histoire

L.P.B. :À quand remontent les premières vignes à Besançon ? R.C. : Nous avons des preuves écrites de l’existence de vignes à Besançon dès le XIème siècle. Mais le vignoble bisontin est sans doute beaucoup plus ancien. Quand la France se christianise au IIIème siècle, les cités romaines vont se transformer en diocèses et l’ar- chevêque va devenir un grand person-

L’universitaire Robert Chapuis a enseigné pendant dix-sept ans à la faculté de géographie de Besançon.

plus tard que le maire actuel Jean- Louis Fousseret a relancé cet arpent de vigne municipale situé du côté de Velotte. Des associations, notamment à Bregille, sont également très actives dans ce domaine. Le vin de Besançon n’aura jamais un avenir commercial mais tant que des élus seront intéressés par cette histoire deux fois millénaire, il y aura du vin à Besançon. C’est une histoire qui tient aujourd’hui du sym- bole et du folklore, mais elle signifie quelque chose. ■ Propos recueillis par J.-F.H. Besançon, un vignoble millénaire Par Robert Chapuis, en collaboration avec Patrick MilleAux éditions L’Harmattan

est survenue la guerre de 1914-1918 qui a privé Besançon de main-d’œuvre. Les vignes n’étaient plus entretenues, cette période marque le déclin puis l’arrêt total du vignoble commercial

bisontin. Les vignes bisontines sont ensuite complètement tombées dans l’oubli. L.P.B. :Il est en train de renaître sous l’impulsion de quelques passionnés ? R.C. : Et également sous l’impulsion de la Ville de Besançon. Après guerre, Jean Minjoz avait tenté à plusieurs reprises de le relancer, mais sans succès. C’est beaucoup

Besançon dans son amphithéâtre de vignes (1575). Vue cavalière de Pierre D’Argent (Bibliothèque municipale de Besançon).

“La vigne a été la compagne de l’Église.”

ASSOCIATION Récréer du lien en ville De furieux clients au Pixel Bien connu des Bisontins, le café-restaurant situé au cœur de la Cité des arts est géré depuis un an par l’association La Furieuse, qui en a fait un lieu d’échange culturel et solidaire.

I ci, onmet résolument l’accent sur l’humain et la mixité sociale. “On veut que cela soit un espace où tout le monde trouve sa place quel que soit son revenu” , résume Anne-Lyse Pillot, sa gérante. Et à voir les cafés suspendus accrochés der- rière la caisse, on comprend vite que cela ne sont pas de vains mots. La pratique, qui nous vient d’Italie, donne à tous la possi- bilité de profiter d’une boisson chaude. Le Pixel qui pratique déjà des petits prix sur les bois- sons sans alcool (café, sirop et limonade nature à 1 euro) pro- pose ainsi depuis mai aux clients qui le souhaitent de mettre 1 euro de plus, pour payer à l’avance un café à quelqu’un qui

n’en a pas les moyens. Dès son ouverture à la mi-août 2018, il a également créé une tarification solidaire pour sa partie restaurant. “Il y a le tarif classique, le p’tit tarif (réservé aux adhérents) qui offre 25 % de réduction à ceux qui en ont besoin et le furieux tarif pour lequel on accepte de payer un

peut se faire pour l’euro sym- bolique. “Cela faisait longtemps que nous cherchions un local pour créer un café-restaurant de ce type” , précise Anne-Lyse Pillot, qui a monté le projet avec un noyau dur d’une dizaine de personnes. Ces Bisontins, issus du militantisme, souhaitaient recréer du lien en ville. En répondant à l’appel d’offres du Grand Besançon, propriétaire des murs, ils ont pu concrétiser leur envie et prendre la suite de la gestion du Pixel après Soli- darité Doubs Handicap. Un bail locatif de 6 ans a été conclu. Diverses activités (théâtre, concerts, ateliers avec les Jeux de la Comté, débats…) y sont organisées trois soirs par

L’équipe de la Furieuse et ses bénévoles ont fêté leur un an au Pixel à la mi-juillet.

peu plus.” Le tout est basé sur la confiance. L’adhésion à l’as- sociation, en sou- tien à ces actions ou pour bénéfi- cier de ces tarifs préférentiels, est d’ailleurs fixée à un prix libre et

Un réseau d’échanges et de savoir à la rentrée.

lage en font aussi un lieu à part. Ce qui lui a valu de remporter le prix “Talents économie sociale et solidaire” de la Boutique de Gestion, avec 2 000 euros à la clef que l’association prévoit déjà de dédier à de nouvelles initiatives solidaires. ■ S.G.

semaine, le mercredi, jeudi et vendredi, “et on voudrait mettre en place à la rentrée des perma- nences juridiques et sociales.” Sur le modèle du Bar Atteint à Belfort, l’équipe va aussi pro- poser un réseau d’échanges et de savoir avec le renfort d’un service civique. Le principe ?

“Faire se croiser offres et demandes. On a tous quelque chose à apporter à quelqu’un” , remarque Anne-Lyse Pillot. Sa démarche éco-responsable avec l’absence de menus à ral- longe (incluant une cuisine végé- tarienne), des produits bio et locaux et une chasse au gaspil-

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker