La Presse Bisontine 210 - Juin 2019

LE GRAND BESANÇON 32

La Presse Bisontine n°210 - Juin 2019

NANCRAY Hommage “Dimitri nous donne la force de continuer”

Lucie Leroux-Morin et Patrick Morin, reprennent la brasserie artisanale créée par Dimitri. Le lieu reste ouvert.

Orpheline de son créateur décédé à l’âge de 35 ans, la brasserie “Bière du Doubs” à Nancray est reprise par Lucie Morin, son épouse. Le papa apporte son aide.

s’embuent. Lui aussi ne peut s’empêcher de penser à son fis- ton “capable de rêver de choses possibles et de croire en ses rêves” lâche-t-il. Très vite, Lucie souhaite rap- peler que la brasserie de son homme restera cet endroit qui lui ressemblait tant : joyeux, convivial, ouvert à tous. Une leçon de vie. “Dim fait partie de nous, il fait partie de la brasserie. Nous avons reçu de nombreux soutiens, messages, qui nous réconfortent. Des brasseurs m’ont appelé pour savoir si j’avais besoin d’aide. La porte reste ouverte et c’est avec plaisir que l’on parlera de lui. Que chacun vienne à son rythme !” Patrick se souvient de ces soirs d’été dernier où près de 150 per- sonnes venaient assister aux matches de la Coupe duMonde. “C’était son bonheur que de voir dumonde chez lui.On ne pouvait pas arrêter !” poursuit le papa dans une grande dignité. Lucie a déjà pris en main l’outil de production qu’elle maîtrise parfaitement. Elle possède la même formation d’ingénieur.

C’ est une histoire de famille que Lucie veut à tout prix faire per- durer. Pour Dimitri décédé à l’âge de 35 ans d’une gravemaladie le 23 avril dernier, elle poursuit l’aventure de la “Brasserie du Doubs”, une entre- 5 100 euros pour la recherche L a cérémonie d’adieu àDimitri a réuni le 25 avril plus d’un millier de personnes au Musée des maisons comtoises de Nancray. La famille remercie toutes les personnes présentes et les messages reçus. Les dons (5 100 euros) reçus iront à la recherche au sein de l’institut Gustave-Roussy à Paris. n

prise créée en 2009 par sonmari. Son courage et sa dignité forcent le respect. Car dans cette ancienne scierie remarquable- ment transformée en brasserie au centre de Nancray, le souve- nir de “Dim” est partout, derrière cette troisième cuve installée par ses soins au début de sa maladie ou devant ce champ de houblon planté en guise de test. Son départ, rapide, laisse un vide immense aussi bien chez ses deux filles Noélie et Manon, âgées de 5 et 8 ans, que sa famille, ses amis nombreux. “Je ne pouvais pas imaginer que tout cela s’arrête alors je ne me suis pas posé 10 000 questions. J’ai fait le choix de quitter mon travail pour reprendre l’activité. Tout cela me paraissait naturel” dit-elle. À quelques mètres de là, Patrick, papa de Dimitri, enlace sa belle-fille dont les yeux

de 10 variétés, de la blonde, brune, triple en fût de chêne. Dimitri devient avec Richard, autre brasseur à Mamirolle (la Terra Comtix) décédé en début d’année (La Presse Bisontine de mars), l’une des chevilles ouvrières dans l’organisation de la profession à travers l’as- sociation des Brasseurs comtois la Brassicomtoise.

“Dim” et Lucie avaient prévu de s’installer ensemble en 2022. Le destin, terrible, en a décidé autrement. Il n’a toutefois pas emporté le souvenir de cet amou- reux de sport et des personnes. Encore moins sa recette. Lui rendre hommage, c’est ouvrir une de ses bières à sa santé. À la tienne “Dim”. n E.Ch.

“Ce projet de brasserie, c’était le nôtre avec Dimitri. Lorsque nous nous sommes rencontrés lors de notre dernière année de Master, on a commencé à brasser. C’était en 2007, dans le garage de ses parents” se souvient la jeune maman. La suite, on la connaît : les bières de la Brasserie s’imposent, la gamme s’étend avec pas moins

ENVIRONNEMENT Haies arrachées “50 ans d’un territoire ont disparu en trois jours” Dans le canton de Roulans, l’arrachage en avril dernier de haies a suscité l’émoi et une plainte pour “destruction d’espèces”. L’opération a été réalisée en dehors la période légale.

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C e sont six chasseurs de L’Écouvotte, qui, les pre- miers ont tiré la son- nette d’alarme. Cet endroit qu’ils nomment Basse- Terre était pour eux un terri- toire préservé composé de haies, murgers, chênes et cerisiers. Un lieu où le petit gibier tels que les lièvres, les faisans,mais aussi les oiseaux, pouvaient se reproduire.Mais en trois jours, tout a disparu sous le coup d’une machine entre le 21 et 23 avril. “Cela m’a révolté ! Ce sont 50 années d’un territoire sauvage qui ont disparu” constate Christophe Girardet, membre la société de chasse locale qui a déposé plainte. Jusque-là, l’ancien exploitant avait fait de cet espace une pâture, transmise à un nouvel agriculteur en début d’année, dont ce dernier a souhaité uti- liser chaque m 2 au maximum pour y planter du maïs. Arra- cher les haies facilite l’accès

DOUBS

À L’Écouvotte, l’association de chasse porte plainte après un arrachage de haies opéré

le mois dernier.

destruction d’espèces protégées, un dossier désormais dans les mains du procureur de la Répu- blique de Besançon qui déci- dera de poursuivre - ou non - l’exploitant. Joint par nos soins, ce dernier ne souhaite pas apparaître. Il plaide l’erreur “pour une date dépassée de quelques jours” , explique que “la jalousie entoure ce dossier” , qu’il replantera dès l’an pro- chain de l’herbe. Pour sa défense, ce terrain est proche de l’autoroute bruyante et pol- luante. Un argument qui n’en- lève en rien le caractère irré- médiable de l’arrachage. Plus de 2 000 m 3 de bois attendent au bord d’un chemin : ils rejoin- dront une chaufferie-bois pour être broyés…En attendant, ce sont les nids des merles et de bergeronnettes qui sont passés à la moulinette. n

des machines agricoles. C’est son droit. Sauf que les travaux ont débuté hors de la période légale.Aucun taillage de haies ou d’arbres n’est en effet auto- risé du 1er avril au 31 juillet pour permettre la nidification des oiseaux. Sollicité, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage a constaté les faits sur place. La police de l’environnement a établi une procédure pour

Des centaines de m 3 destinés à une chaufferie- bois.

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