La Presse Bisontine 210 - Juin 2019

DOSSIER

La Presse Bisontine n°210 - Juin 2019

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M eubles, gravats de chantier, déchets verts, pneus… sont retrouvés de plus en plus fréquemment par des promeneurs, des agents de l’O.N.F. ou les autorités locales. Mais difficile de mettre la main sur les contrevenants quand l’infraction n’est pas prise sur le fait. “Le maire peut agir au titre de ses pouvoirs de police mais il faut réussir à en définir la provenance et voir aboutir la procédure judiciaire, souvent longue et classée sans suite” , explique Pascal Duchézeau, conseiller en charge de la gestion plus déposer ici ou ailleurs.” L’expérimentation va durer trois mois. “À la suite de cela, on déci- dera si on va plus loin, comment on fait et avec quels finance- ments” , précise le conseiller com- munautaire. Plusieurs proposi- tions sont également en réflexion, mais pas finalisées. Parmi les pistes creusées ail- leurs, on retrouve le retour du ramassage des encombrants en ville, l’enrochement pour réduire les stationnements ou l’accès limité aux parkings des forêts. Pour rappel, les sanctions fixées au titre du Code forestier et du Code pénal, vont de quelques milliers d’euros jusqu’à 75 000 euros d’amende et la saisie du véhicule. n S.G. En finir avec les déchets en forêt l Environnement Trois communes partenaires Une expérimentation est actuellement menée par l’O.N.F. et le Grand Besançon pour lutter contre les dépôts sauvages en zone forestière. Des capteurs d’image ont été placés en différents endroits du territoire. des déchets au Grand Besançon et maire deMontferrand-le-Châ- teau. “Certains élus, qui se trou- vent démunis face à la hausse de ces incivilités, nous ont donc sollicités pour trouver une solu- tion.” Au-delà des risques de pollution ou d’incendie, se pose la question de l’impact sur la faune et bien sûr du coût du nettoyage et de l’élimination de ces déchets. Le problème n’est pas nouveau ou propre à l’agglomération bison- tine, mais cela aurait tendance à s’aggraver. Des professionnels, peu enclins à payer le surcoût en déchetterie, choisissent de déverser leurs déchets en forêt. Les communes dotées de zones artisanales seraient particuliè- rement impactées. “On voit de tout. J’ai même déjà retrouvé sur ma commune des carcasses de boucherie” , donne en exemple Pascal Duchézeau. Les particuliers ne sont égale- ment pas en reste, et les ordures ménagères liées à la redevance incitative ne constituent qu’une partie des dépôts. “On vient dépo- ser des matelas après un démé- nagement, des branchages après le jardinage du week-end…pour ne pas s’enquiquiner.” Pour dissuader et identifier les auteurs de ces incivilités, il a donc été décidé avec l’O.N.F. de déployer des capteurs d’image. Des opérations similaires se sont déjà tenues en Ile-de-France. Trois communes de l’Agglomé- ration se sont portées volon- taires, comprenant des points sensibles sur un large périmètre. “Nous avons veillé à avoir une continuité de territoire. Le but est d’éduquer ces personnes à ne

Pascal Duchézeau a lui-même déjà été confronté aux dépôts sauvages sur sa commune de Montferrand.

l Chailluz

Une mesure radicale

Interdire les véhicules à Chailluz, une solution pour éviter les dépôts ?

L’élue bisontine Anne Vignot est favorable à l’idée de restreindre le flux de véhicules dans la forêt bisontine. Une mesure qui limiterait, selon elle, les dépôts sauvages.

qui voit sa fréquentation augmenter (8 000 passages cet hiver au parc ani- malier) ? Cette question a été posée dans le cadre du Conseil de la Forêt avec tous les utilisateurs de la forêt” dit l’élue qui juge cette mesure plus efficace - et moins coûteuse - que les caméras. Quid de l’accès des personnes à mobilité réduite ou de ceux qui y travaillent ? De ceux qui veulent organiser un bar- becue ? Où se garer ? Autant de réflexions qui seront débattues. Chailluz, 1 622 hectares de bois, est un peu victime de son succès entre le développement des activités nature et un flux de véhicules “dont certains ne respectent pas la limitation à 30 km/h” poursuit l’élue. Les Petites Baraques sont devenues le refuge de fêtes en tous genres jusqu’à l’aube, troublant au passage la faune

C hailluz, un poumon vert enrhumé. Les feuilles des arbres cachent aux Petites et Grandes baraques, parking des Acacias, chemin du Cul-des-Prés, auxQuatrouillots, des tas d’immondices, ramassés hebdomadairement par les services des espaces verts. Des pneus, de la laine de verre, des sacs plastiques, des conserves, des matelas… La liste pourrait être encore plus longue. Chaque année, les agents des espaces verts - dont certains sont dévolus à Chailluz - réalisent 700 heures de tra- vail de ramassage. Ce sont autant d’heures qui ne sont pas consacrées à

d’autres missions de protection de la forêt, et un coût de traitement pour la collectivité. Dans 100 % des cas, les pollueurs jettent leur détritus au bord d’un chemin accessible en voiture. Le coup est facile : un arrêt-minute, le coffre s’ouvre, le sac est balancé…quand ce n’est pas une camionnette qui décharge 90 pneus comme ce fut le cas en début d’année à l’entrée de Chailluz. Ils ont été enlevés par l’association de chasse en collaboration avec la Ville. AnneVignot, adjointe aumaire chargée des espaces verts imagine desmesures : “Pourquoi ne pas restreindre ou interdire les véhicules à l’intérieur de Chailluz

Anne Vignot, à gauche, lors de l’opération “forêt propre” organisée en lien avec les chasseurs de Besançon. 2 tonnes de déchets seront ramassées.

environnante. Des méchouis sont orga- nisés dans le baraquement ouvert et les détritus posés devant l’entrée… “Il ne faut pas laisser croire au public que l’argent de leurs impôts leur permet de tout lâcher dans la nature ! Faut-il enle- ver les poubelles pour les pique-niques, ou en mettre davantage ? C’est un vrai

débat. Il faudrait beaucoup de commu- nication sur ce sujet, faire comprendre aux gens que s’ils viennent avec des ali- ments emballés, ils repartent avec” conclut l’adjointe. Face aux incivilités, Chailluz pourrait être mise sous cloche… n E.Ch.

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