La Presse Bisontine 210 - Juin 2019

LE DOSSIER

La Presse Bisontine n°210 - Juin 2019

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l Innovation

Inciter le geste de tri

Quand les stations de tri se muent en œuvres d’art

La direction “gestion des déchets” de la C.A.G.B. installe de nouvelles stations de tri dans Besançon. Plus accessibles et de plus grande capacité, elles sont décorées par des artistes de street-art.

tel point qu’au centre-ville, où il n’est pas matériellement possible de prévoir des bacs jaunes individuels, les 50 points d’apport volontaire deviennent insuffisants, nécessitant parfois de les collecter jusqu’à 6 fois par semaine. La collectivité veut aller plus loin. C’est tout l’objet de la convention de parte- nariat que la C.A.G.B. a signé avec l’organisme Citéo (ex-Éco Emballages) et le Sybert. “Un plan d’action est prévu sur trois ans, de 2019 à 2021 pour rem- placer les anciens conteneurs par des “stations de tri” qui permettront, en un lieu unique, de déposer différentes caté- gories de déchets recyclables dans des bornes d’apport volontaire” indique Marie-Laure Journet-Bisiaux, la direc- trice du service “gestion des déchets”. Huit nouvelles stations de tri expéri- mentales sont en phase d’installation à plusieurs endroits du centre : rues Gambetta, de la Gare d’Eau, d’Anvers, Mégevand, du Palais de justice, du Petit Battant, de Port-Cîteaux et place Jean-Cornet. Soit au total 24 conte- neurs nouveaux, mieux adaptées aux usages, avec des ouvertures plus larges pour ne plus inciter les usagers à dépo- ser leurs recyclables à côté du bac plutôt que dedans. “Sur les trois ans, nous prévoyons d’installer 47 stations

E n dix ans, entre 2008 et 2018, le poids des déchets résiduels a baissé de 35 % à l’échelle de l’agglomération. Preuve que le geste de tri est entré dans les mœurs.

Et même si, on l’a vu, le tri ne règle pas tout, la collecte des déchets recy- clables et, elle, en constante augmen- tation : + 11 % depuis la mise en place de la redevance incitative en 2012. À

Ces nouvelles stations de tri ont été inaugurées le 16 mai.

70 % de matière recyclable” espère Mme Journet-Bisiaux. “Il faut pour- suivre notre engagement en faveur du tri. Avec l’installation de ces nouvelles stations de tri, je lance un appel au civisme. Nous serons plus sévères contre ceux qui ne respectent pas les consignes” annonce lemaire Jean-Louis Fousseret, venu inaugurer ces premières stations expérimentales le 16 mai. Tous les ans, chaque habitant du Grand Besançon dépose en moyenne 68 kg de recyclables (papiers, emballages en plastique, en métal ou en carton) dans les bacs jaunes ou les points d’apport volontaire en ville, ainsi que 35 kg de verre. Cette amélioration continue du service ne pallie pourtant pas un phé- nomène qui lui, a du mal à régresser : la prolifération d’emballages dans les circuits de distribution. n J.-F.H.

de tri.” Pour allier l’utile à l’esthétique, la C.A.G.B. a confié à trois artistes locaux de street-art l’habillage des conteneurs aériens : la tatoueuse Morgane Dorffer, l’artiste Aurel Rubbish (spécialiste des papiers découpés) et le graffeur Nacle.

Le montant de ce plan sur trois ans s’élève à 1,180 million d’euros. Citéo finançant 80 % des nouvelles stations aériennes dont le coût atteint 360 000 euros. “Avec ces nouvelles ins- tallations et l’augmen- tation de la capacité de certaines stations enter- rées, nous devrions déplorer moins de dépôts sauvages qui sont constitués à 65 ou

Reste un problème : la prolifération des emballages.

Nacle et Aurel Rubbish, deux des trois artistes à qui a été confié l’habillage de ces nouvelles stations de tri.

l Réclamations

“Pas de quartiers pour les déchets !” l Planoise Du 3 au 7 juin À l’initiative du conseil citoyen de Planoise et avec l’appui de nombreux partenaires, plus de 600 élèves du quartier Planoise participent à une semaine de sensibilisation à la gestion des déchets.

4 500 appels par an

Les déchets arrivent en tête

des appels Proxim’cité

L e quotidien de Jean-Pierre Col- lilieux, c’est de répondre aux sol- licitations des citoyens vigilants. Créée en 2001, la plateforme Proxim’cité est toujours aussi utilisée avec 4 500 appels par an. L’an dernier, l’agent municipal a reçu 1 700 mails et 2 450 appels téléphoniques. “Nous traitons entre 15 et 20 dossiers par jour” observe M. Collilieux. Sa mission : que la per- sonne qui contacte Proxim’cité ait un retour dans les 48 heures. “C’était la promesse de Jean-Louis Fousseret en créant Proxim’cité en 2001. Son opposant de l’époque Jean Rosselot avait dit que s’il tenait cette promesse, le maire pour- rait être réélu à vie !” se souvient en souriant Franck Desgeorges, directeur du service relations aux usagers. Le pari a donc été tenu. Aucune solli- citation ne reste sans réponse sous 48 heures. Un lampadaire qui ne marche plus, et l’ampoule est changée dans la foulée. Un nid-de-poule apparaît dans une rue et l’intervention est déclen- chée. “On ne laisse jamais les gens sans réponse, c’est cela la force de Proxim’cité” ajoute Jean-Pierre Collilieux. Si le nombre global d’appels au service La plateforme de la mairie dédiée aux réclamations des usagers reçoit 4 500 sollicitations par an. Désormais, quasiment une sur quatre concerne la probléma- tique des déchets. Immersion.

Numéro vert Proxim’cité : 0800 25 3000 proximcite@besancon.fr

est étonnamment stable - entre 4 000 et 5 000 par an -, la nature des sollicita- tions a changé. La thématique des déchets est désormais la raison numéro 1 des appels à Proxim’cité. “Dans les dix premières années du dis- positif, les appels concernant des dépôts sauvages de déchets étaient d’environ 300 par an au maximum. Désormais, on dépasse largement les 1 000 demandes par an sur ce thème. C’est devenu un vrai fléau” poursuit le res- ponsable du service. Ce phénomène explique le recrutement imminent de quatre nouveaux agents à la Ville. Si le dispositif Proxim’cité est si réactif depuis dix-huit ans, c’est aussi parce que la Ville de Besançon a la chance d’avoir ses principaux services - voi-

rie-propreté, eau, assainissement, espaces verts… - en régie directe. Un gage d’efficacité. Proxim’cité est en effet bien identifié comme étant un outil municipal au service de la population. Les statistiques sont plutôt flatteuses : en 2018, 96 % des sollicitations ont été suivies d’une intervention dans les 48 heures. Au moment où la C.A.G.B. s’apprête à devenir communauté urbaine (au 1 er juillet), les élus commencent à s’in- terroger sur la pertinence, ou non, d’étendre le dispositif Proxim’cité aux communes de la périphérie. n J.-F.H.

I ci aussi, la problématique déchets est préoccupante. On voit, parfois, des déchets tomber des fenêtres des immeubles de Planoise, quand ce ne sont pas des couches ou même des meubles ! “L’autre fois, c’était un micro-ondes. Le phénomène est devenu à ce point préoccupant que les agents de la régie des quartiers viennent ramasser les déchets avec des casques sur la tête !” note Monique Choux, qui habite le quar- tier depuis 1978 et qui a vu la situa- tion se dégrader “à partir du début des années 2000.” Aujourd’hui, elle anime le conseil citoyen de Planoise. À l’initiative de ses membres, une grande semaine de sensibilisation à la thé- matique des déchets est planifiée du 3 au 7 juin, au cours de laquelle plus de 600 élèves des écoles, collèges et lycées de Planoise seront mobi- lisés autour d’actions de sensibili- sation. Les principales associations du quartier (P.A.R.I., Des racines et des feuilles, les P’tits débrouil- lards…), les bailleurs sociaux ainsi

que les partenaires institutionnels (Ville, D.G.D., Sybert…) seront mobi- lisés autour de la même cause dans des actions coordonnées par les ser- vices démocratie participative et gestion urbaine sociale de proximité de la Ville. “Place Cassin, au Parc urbain, rue de Cologne, aux Époisses, aux abords des établissements d’en- seignement : le quartier sera qua- drillé du lundi au vendredi avec des stands associatifs et des actions de ramassage des déchets par les élèves eux-mêmes” ajouteM me Choux. Au-delà de la simple problématique déchets, le propos sera étendu aux questions de recyclage, de gaspillage alimentaire, de compostage…Tout le monde se retrouvera le vendredi midi pour un grand temps fort autour d’un grand pique-nique au Parc urbain. “Nous comptons faire de cette initiative inédite sur Besan- çon un rendez-vous qui serait renou- velé tous les ans à la même époque.” De la prévention à très grande échelle. n J.-F.H.

Jean-Pierre Collilieux est au cœur du dispositif Proxim’cité.

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