La Presse Bisontine 210 - Juin 2019

LE DOSSIER

La Presse Bisontine n°210 - Juin 2019

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DÉCHETS, AFFICHAGE SAUVAGE, TAGS, NUISANCES SONORES…

CES INCIVILITÉS QUI NOUS GÂCHENT LE QUOTIDIEN

Leur nombre a explosé ces dernières années. Les dépôts sauvages de déchets sont devenus le fléau des services de la Ville et de la C.A.G.B. L’affichage sauvage et les tags aux messages parfois haineux ajoutent encore à ce sentiment de dégradation de l’espace public, parfois également souillé par les nuisances sonores. Dossier.

Le nombre de dépôts sauvages a bondi de 1 000 % ! l Phénomène Déjà 700 pneus Depuis 2010, le phénomène ne cesse d’augmenter et les chiffres explosent. Le passage à la redevance incitative n’a sans doute pas arrangé les choses.

Q uai de Strasbourg, un matin de mai. Des dizaines de cartons dans lesquels ont été posés des sacs-pou- belles, des bouteilles, des morceaux de plastique, des cagettes… Pour les agents du service propreté de la Ville et de la direction des déchets de la C.A.G.B., c’est le lot quotidien. À tel point que les collectes doivent être effectuées jusqu’à six fois par semaine dans et autour de ces conteneurs qui débordent. “Et il faudra sans doute recommencer demain” soupire Didier Tournoux, le chef du service propreté. En 2010, son service avait comptabilisé quelque 700 dépôts sauvages sur le territoire de la ville. Ce chiffre est passé à presque 7 000 en 2018. Et on trouve désormais de tout, y compris des matelas, des sommiers, des pneus. “Nous avions ramassé 1 100 pneus sur toute l’année dernière. Depuis le début de cette année, nous en sommes déjà à 700” poursuit le chef de service. Sans compter les 55 matelas, 50 canapés et 30 sommiers déposés n’importe où

par leur propriétaire négligent. “Ce phénomène a explosé surtout ces trois dernières années” constate Daniel Mou- rot, le directeur de la voirie bisontine. Dans les quartiers, le constat est tout aussi alarmant qu’en ville : 5 tonnes de dépôts sauvages avaient été ramas- sées en 2001, contre 130 tonnes en 2018, soit une hausse de 2 600 % ! Et

et plus globalement de la collectivité et la hausse de certaines pratiques comme les garages sauvages qui se débarrassent ensuite de leurs déchets n’importe où, ainsi que les abus de cer- tains professionnels qui ne respectent pas les consignes de collecte des cartons alors que ce service est gratuit” poursuit M. Mourot. Le pire, c’est que 80 % de ces dépôts sauvages pourraient aller en déchet- terie, donc être recyclés. Les campagnes de prévention sonnent comme des coups d’épée dans l’eau. “Nous avons pris la peine d’aller frapper à toutes les portes des restaurateurs du secteur Arènes-Battant l’été dernier. Tous nous assurent qu’ils ont compris le système de collecte mais les dépôts sauvages de cartons continuent” déplore Marie Zéhaf, l’adjointe au maire chargée de la voirie. “On paie des impôts, vous pouvez bien ramasser nos déchets !” Voilà ce que les agents de la Ville et de l’Agglo s’entendent régulièrement rétorquer. Bien sûr, tous ces actes d’incivilité ne

À certains endroits de la ville, les services doivent passer jusqu’à six fois par semaine pour faire place nette.

même en dehors de la ville, de plus en plus d’agriculteurs de la périphérie témoignent découvrir régulière- ment des dépôts de pneus ou de bidons d’huile usagée dans leurs champs. Si ces incivilités ne sont uniquement le lot de Besançon, elles inquiè- tent les autorités muni- cipales qui l’expliquent par plusieurs facteurs : “La montée inquiétante de l’individualisme, le non-respect des agents

restent pas impunis. Depuis le début de l’année, 10 amendes ont été dressées par la police. Deux de ces actes ont fait l’objet d’un jugement au tribunal qui a condamné deux professionnels indélicats. Mais c’est une goutte d’eau dans cet océan de déchets sauvages. La Ville de Besançon est bien décidée à passer de la phase prévention à une phase répression plus sévère. “Les forces de police n’avaient jusque-là peut-être pas pris la mesure du phé- nomène. Il semble qu’on assiste dés- ormais à une prise de conscience géné- rale” espère Marie Zéhaf. n

Des chiffres qui donnent la nausée l 6 380 dépôts sauvages constatés en 2018, soit 2 500 m 3 . l Au 1er mai 2019, les services en sont déjà à 2 900 dépôts pour 1 400 m 3 . l Affichage sauvage : 6 800 affiches et autocollants retirés au cours de l’été 2018. 1 mois après, 20 % étaient déjà recouverts. l Tags : 20 tags injurieux constatés en 2008, 129 tags injurieux en 2018 (dont 35 anarchistes)

Deux de ces actes ont fait l’objet d’un jugement au tribunal.

J.-F.H.

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