La Presse Bisontine 207 - Mars 2019

LE GRAND BESANÇON 34

La Presse Bisontine n°207 - Mars 2019

CHEMAUDIN

Ferme de la Potte Un couple suisse aux petits soins des chevaux

Claudia et Marco Beeli ont quitté la Suisse il y a six ans pour s’installer à Che- maudin et ouvrir une pension pour chevaux. Leurs pensionnaires, majoritairement en retraite, vivent en groupe et en liberté selon le principe de l’écurie active.

I ci, vous ne trouverez pas de boxes ou de barbelés, mais de grandes étendues de prés et des espaces communs où les chevaux peuvent librement circuler. Soucieux du bien-être de l’animal, le couple a souhaité se rapprocher le plus possible d’un état de vie naturelle en choisissant l’écurie active. Encore peu développé en France, ce système qui remplace petit à petit les pensions en box, per-

met aux chevaux d’être au contact de leurs congénères et de se mouvoir librement avec

Du fourrage, produit sur la ferme, est également mis à leur disposition toute la journée. “Il s’agit de répondre à leurs besoins naturels” , explique Claudia qui rappelle qu’à l’état sauvage, “les chevaux sont destinés à vivre en troupeau. En les plaçant systé- matiquement dans un box, nous leur retirons une grande partie de leur comportement naturel.” Certains, vivant depuis long- temps de la sorte, peuvent ainsi avoir du mal à se réhabituer “à vivre leur vie de cheval” en arri- vant ici. Mais l’acclimatation se fait naturellement “et nous por- tons une attention particulière à l’intégration de nouveaux pen- sionnaires dans le groupe.” 27 chevaux, provenant pour moi- tié de France et pour autre moi- tié de Suisse, profitent aujourd’hui de ce petit paradis. Beaucoup sont hébergés ici à la retraite, en convalescence, fra- giles ou malades. “Ils n’ont que 15 ans mais ont été montés très jeunes, ce qui fait qu’ils souffrent d’arthrose, d’emphysème ou ont des problèmes de dos.” Claudia de romans cette fois :“Les terres nourricières”, “L’ombre des âmes” et plus récemment “Gliotte et le Ménestrel”. En vraie assoiffée d’écriture, Colette Mourey compte égale- ment parmi ses thèmes de pré- dilection les destinées féminines et pluriculturelles. On en trouve de bons exemples dans “Himaya”, “Hélène” ou encore “Dieu est à la caisse” qui met en lumière des vendeuses de supermarché dans une banlieue qui ressemble fort à Planoise. “Ce que j’aime dans un roman, c’est que cela fasse réfléchir sans que cela se voie.” Celle qui enseignait encore la musique il y a 2 ans à l’Univer- sité de Franche-Comté, avant sa retraite, est aussi à l’origine de nombreux ouvrages d’ensei- gnement. Plusieurs fois primée en tant que compositrice, elle est en parallèle l’auteur de plus 1 000 œuvres jouées dans le monde. On vous parlait d’une activité foisonnante. C’est encore peu dire… n S.G.

Marco a vécu dans une ferme haut- saônoise de

un accès depuis l’enclos à des pâtures en herbe. 30 hectares leur sont ici dédiés, en rotation l’été et sur un périmètre plus réduit en hiver pour préserver la qualité des prés.

Pour une retraite paisible.

7 à 11 ans et a donné l’envie à Claudia de s’installer de l’autre côté de la frontière.

qui a travaillé pendant 4 ans dans une clinique vétérinaire comme auxiliaire de santé ani- male puis en pension équestre, se charge de leur prodiguer l’at- tention et les soins appropriés. Un accompagnement et un cadre particulier qui ont bien sûr un prix (270 euros par mois en moyenne) mais qui séduisent les propriétaires, de plus en plus nombreux à se tourner vers cette pension de qualité.

ment amenée parfois à recueillir des chevaux. Depuis 2014, le couple a en outre étendu ses activités à la pro- duction de vaches Salers allai- tantes. Avec le souci du même bien-être, ils ne passent plus que par la vente directe et veil- lent aux conditions d’abattage de leurs veaux élevés sous leurs mères jusqu’à 7 mois. n S.G.

“On vient ici chercher plus qu’un simple hébergement” , résume Marco. Des clients suisses font jusqu’à 350 kmpour leur confier leurs chevaux. “Cette clientèle nous les laisse aussi dès l’âge 7 mois et jusqu’à 3 ans pour qu’ils grandissent dans de bonnes conditions, avant leur débour- rage.” La pension fait ainsi autant office de micro-crèche que de gardiennage ou de mai- son de retraite. Elle est égale-

La pension a une capacité d’accueil de 30 chevaux.

EN BREF

LES AUXONS

Littérature Et si la nature avait pensé à tout ?

Patrimoine 45 projets patrimoniaux mis à l’honneur par le Département du Doubs. Le 31 janvier, le Département du Doubs a accueilli la cérémonie de remise des plaques de la Fondation du patrimoine. Sur les 45 projets récompensés, 20 ont bénéficié d’une subvention départementale. Parmi eux, les hangars 290 212 euros de la part du Département ou encore la réfection de la fontaine- lavoir Saint-Maximin de Foucherans soutenue à hauteur de 20 996 euros. Expo Exposition “La Bascule” du 27 février au 27 avril au 52, Battant à Besançon. La galerie accueille Élise Havet, artiste-peintre pour une exposition autour des portraits et paysages intimistes. Cette exposition présente une série de portraits intimistes entremêlée de paysages. Élise Havet peint un univers silencieux en retrait du monde extérieur avec lequel il ne cesse pourtant de converser. Élise Havet vit et travaille à Besançon. d’aviation de Thise bénéficieront d’une subvention de

Dans son “Petit précis d’agriculture symbiotique”, réédité en décembre, la musi- cologue et écrivaine Colette Mourey identifie des solutions naturelles pour mettre en œuvre une agriculture plus raisonnée et raisonnable.

S a vie est à l’image de sa production littéraire et artistique : foisonnante. Tout comme ses centres d’intérêt. Colette Mourey a plu- sieurs cordes à son arc, ou devrait-on dire à sa guitare puisque c’est par là que l’aven- ture a commencé pour elle (ancienne élève du guitariste uruguayen Oscar Cacères). Déjà à l’origine de l’hypertonalité : un nouveau système musical qui repose sur des échelles spi- raliques, l’Auxoise s’est attaquée dans cet ouvrage à un tout autre champ, celui de l’agronomie. Soutenant l’idée que les sys- tèmes sol, faune et flore sont étroitement imbriqués et indis- sociables, elle y invente un autre concept d’agriculture basé “sur les symbioses spontanées”. Publié en 2017, il vient d’être réédité et a aussi été traduit pour être diffusé aux États- Unis. “J’aborde les limites de la mono- culture et montre comment cul- tiver sans empoisonner la Terre. C’est un organisme comme

le nôtre, on ne peut pas y injecter n’importe quoi sans qu’il n’y ait une réaction en chaîne. Il faut arrêter de jouer aux apprentis sorciers” , explique-t-elle. Il serait ainsi possible à son sens de résoudre des problèmes agri- coles régulièrement observés avec des solutions naturelles (une herbe aromatique pour éviter d’utiliser des pesticides, un arbre à côté d’un autre pour repousser ses envahisseurs… ). “Observer scrupuleusement les mécanismes primordiaux

des paysages les plus vierges nous permettra une agriculture garante de notre avenir.” Ce sujet de l’éco- logie qui lui tient à cœur et fait écho à la mémoire de son père, ingé- nieur agronome, revient dans plu- sieurs de ses ouvrages, qui prennent la forme

Sol, faune et flore sont indis- sociables.

Colette Mourey a publié une trentaine d’ouvrages de recherche, d’enseignement musical et de romans.

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