La Presse Bisontine 207 - Mars 2019

DOSSIER

La Presse Bisontine n°207 - Mars 2019

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l Analyse

L’historien “dézingue” “La radicalisation de la gauche m’inquiète beaucoup”

Sévère avec l’aile gauche de la gauche, l’ancien député socialiste bisontin Joseph Pinard tente de décrypter la situation actuelle. “La gauche bisontine est dans le brouillard” estime-t-il.

Joseph Pinard a la dent dure contre les représen- tants de

L a Presse Bisontine : Quelles leçons peut-on tirer de l’histoire en analysant les électionsmuni- cipales passées sous les ères Minjoz et Schwint notamment ? Joseph Pinard : Alors que ces maires, notamment Minjoz en 1965, ont été fortement poussés à s’allier avec la gauche de la gauche, ils ont justement fait le choix d’ouvrir au centre. Tous les deux ont d’ailleurs été accusés de virer à droite. Lesmunicipales de 1965 sont sur ce point révé- latrices. Alors que l’extrême gauche poussait, que la fac de lettres était noyautée par les gauchistes, Jean Minjoz avait le choix entre l’ouverture au cen- tre et l’ouverture à gauche. Il a fait le choix d’appeler près de lui la bande d’André Régani, des élus plutôt centristes qui ont fait un énorme travail pour Besançon. Le parallèle que l’on peut faire aujourd’hui, c’est qu’il y a à nouveau cette tentation d’une gauche de la gauche, avec des élus qui se radicalisent. Je ne vois pas comment on pourra aboutir à une union de la gauche dans le contexte actuel.

pourront pas y arriver seuls, je ne vois pas l’issue pour l’instant et le salut de la gauche tradi- tionnelle. L.P.B. : C’est une chance historique pour la droite ? J.P. : Pas sûr. Car la droite ne se porte pas vraiment bien sur le plan national, et elle n’est pas mieux localement. On sait que Jacques Grosperrin est loin de faire l’unanimité. Ludovic Fagaud quant à lui est sans doute tropmarqué à droite pour faire consensus. La droite a raté le coche du temps de Jean- Claude Duverget. L.P.B. :On en revient donc à ÉricAlauzet dont la gauche dure ne veut pas… Il reste tout de même le mieux placé à vos yeux ? J.P. : Je l’ai connu en tant que député. Il bosse ses dossiers et a le mérite d’empoigner des sujets qui ne sont pas faciles. Pour autant, je n’ai pas signé son “appel des 19” car je ne sou- haite pas me couper du trio Bodin-Loyat-Ghezali. Je suis resté au P.-S. par amitié pour

L.P.B. : Aujourd’hui, c’est donc Jean- Louis Fousseret qui est accusé de virer à droite ! J.P. : Il est accusé de trahison, comme ses prédécesseurs. Et une fois encore, c’est le P.-C. qui s’arroge le privilège de dire où passe la frontière entre la gauche et la droite ! L.P.B. :Réunir les socialistes, les Insou- mis et les membres de l’actuel inter-

l’ultra- gauche (photo archive L.P.B.).

politique alors que ce sont ses autres collègues adjoints qui estimaient qu’il était impossible de travailler avec lui. Quant à Anne Vignot, elle s’agite beau- coup et ces écologistes-là risquent de se faire déborder par les ultras, véganes et autres. Je ne serais pas surpris qu’une pétition circule bientôt pour débaptiser le lycée Pergaud tout ça parce que Pergaud était chasseur ! Je le répète : la radicalisation de la gauche bisontine m’inquiète beaucoup. Pour l’instant, les pro- nostics sont particulièrement difficiles à faire. La gauche est dans le brouillard. n Propos recueillis par J.-F.H.

ces personnes notamment. Pour autant, je n’avais pas voté en son temps pour le candidat du P.-S. Benoît Hamon qui avait soutenu une motion contre ses ex-collègues du gouvernement, notamment Bernard Cazeneuve qui reste à mes yeux le seul homme d’État crédible à gauche. Ce n’est donc pas Barbara Roma- gnan qui peut aujourd’hui incar- ner à mes yeux la gauche. Elle a attendu d’être élue pour se démasquer en tant qu’activiste gauchiste. L.P.B. : Qui serait alors selon vous l’hé- ritier de la gauche traditionnelle qui a tenu les rênes de cette ville pendant

groupe sous la même bannière vous paraît donc impossible ? J.P. : Je vois mal Nicolas Bodin ou un autre can- didat du P.-S. se faire ligoter par un accord poli- tique avec un inetrgroupe qui leur interdirait toute idée d’al- liance au second tour avec la liste d’Éric Alauzet. Et comme les socialistes ne

toutes ces décennies ? J.P. : Nicolas Bodin serait un de ses héritiers je pense. Au sein du P.-S., il me paraît le plus solide. L.P.B. : Un mot sur l’intergroupe ? J.P. : C’est une gauche dont la radicalisation m’inquiète. À l’image d’un Thibaut Bize dont l’indignation est sélective : d’un côté il hurle contre l’attitude des policiers envers les gilets jaunes en France et il soutient le régime de Maduro au Venezuela dont la police a déjà fait plus de 26 morts à balles réelles ! Jean- Sébastien Leuba, lui, essaie de se faire passer pour un martyr

“Anne Vignot, elle s’agite beaucoup…”

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