La Presse Bisontine 207 - Mars 2019

DOSSIER I

La Presse Bisontine n°207 - Mars 2019

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Génération.s veut peser sur le débat l Mouvement Les fidèles de Benoît Hamon Le mouvement créé par Benoît Hamon sur les cendres de la dernière présidentielle réunit une cinquantaine d’adhérents à Besançon, tous convaincus qu’Éric Alauzet n’incarne pas les valeurs de la gauche.

À l’approche des municipales, Génération.s compte bienmettre en avant ses trois piliers fon- dateurs : l’écologie, la justice sociale et la démocratie. Pour l’instant, les troupes sont encore un peu maigres pour peser véri- tablement. Mais “nous avons avant tout une fonction de médiation et de levier pour agré- ger les forces de gauche dans cette ville” estime Marcel Fer- réol. n J.-F.H. Et Place publique ? A=9:952AB ?52? =B"=;7%/ :4?@@B,>@B ' B?.A7B@9A@B 9B!5>A+A=0B @ 49;.A4A@<>$;AB ''1 :97>6<6B7>.>=A BA@B.;AB3AB8?:/ :A4-=A8B=?B+?;72AB589/A;89/ 56A@@AB:#45?<2>:?@ 7944;@>::B(1 ;895A 79=9+>A/ A:B A8<:BA@B5?::?@< 5?8B=A1*0/!0BA<1"6@68?<>9@0:0B =&672A==AB->:9@<>@A B3A;)B6=;: <9;:B3A;)B79@:A>==A8:B86+>9@?;) 9@,A:<6B=A;8B:9;<>A@ (B *=?7AB 5;-=>$;A1 B *?<8>7% #?72ABA0B =B,?;A@ ;@B36-;< B n

réol, le référent de ce collectif de gauche qui compte bien peser sur le prochain débat municipal. M. Ferréol compte parmi les rares anciens élus (il fut deux fois adjoint à la Culture sous Robert Schwint) membres de ce mouvement qui regroupe “essen- tiellement des gens issus dumou- vement associatif ou écologiste.” À l’image d’AlineVieille,militant notamment au sein de l’asso- ciationVélo Besançon. “J’adhère depuis octobre dernier à Géné- ration.s car j’estime que la société n’a pas du tout intégré la crise écologique et la question des injustices sociales” dit-elle. Mais qu’est-ce qui distingue ce mouvement du P.-S., créé par un ancien candidat P.-S. à la présidentielle ? “Le P.-S. s’est totalement discrédité à cause du quinquennat Hollande avec des questions qui touchent l’identité profonde de la gauche comme la déchéance de nationalité par exemple pour ne citer que ça” observe Marcel Ferréol. Géné- ration.s a récemment exprimé publiquement son soutien au mouvement des gilets jaunes “qui a réussi à mettre au cœur du débat l’exigence d’une répar- tition plus juste des richesses et d’une démocratie plus partici- pative et continue. En cela, nous

nous reconnaissons dans ce mou- vement.” Génération.s soutient notamment “les contributions en faveur du rétablissement de l’I.S.F., une imposition plus pro- gressive des hauts revenus, une lutte résolue contre l’évasion fis- cale et une taxation intégrale des profits des banques.” Et Besançon dans tout ça ? C’est en ouvrant de nouvelles fenêtres de représentativité et d’expres- sion démocratique que la gauche peut avoir une chance de gagner ici estiment les représentants de Génération.s. “C’est aux gens qui ne votent plus et qui sont paumés que l’on doit aller parler. L’échelon municipal est idéal pour expérimenter de la démo-

“P artager plus équitablement les richesses, le travail et le pou- voir, avoir le souci du bien com- mun, des plus faibles et de l’ave- nir de la planète font partie de ces valeurs de gauche et de l’éco- logie que Génération.s à Besan-

Jean-Louis Fousseret. Une petite cinquantaine de Bisontins ont déjà adhéré au mouvement Génération.s, porté notamment ici par l’ex-députée Barbara Romagnan (voir plus bas). “Et nous avons régulière- ment 120 à 140 sympathisants à nos A.G.” assure Marcel Fer-

çon veut faire vivre avec tous ceux qui les partagent. ÉricAlau- zet de toute évidence ne peut pas les incarner.” Le message des membres de Génération.s a le mérite de la clarté : il n’y aura pas de discussion possible avec le candidat (pas encore officiel) de L.R.E.M. à la succession de

cratie participa- tive intermédiaire entre deux élec- tions, comme ce qui se fait à Gre- noble par exem- ple” ajouteM. Fer- réol qui se dit également prêt à “travailler avec les Insoumis avec les- quels on a une vraie divergence sur la question européenne mais peu de différences sur le plan local.”

“Parler aux gens qui ne votent plus et qui sont paumés.”

Marcel Ferréol et Aline Vieille, deux des membres de Génération.s Besançon.

“Je ne serai pas candidate” l Commentaire L’ex-députée Barbara Romagnan L’ancienne députée socialiste compte bien participer activement aux débats préparatoires aux prochaines municipales, mais elle exclut d’être candidate à la succession de Jean-Louis Fousseret.

L La Presse Bisontine : Quel rôle comptez-vous jouer à l’approche des prochaines municipales à Besançon ? Barbara Romagnan : Je participe aux discussions comme unemili- tante écologiste et de gauche. Je milite, comme je le fais en ce moment pour les Européennes, pour que la gauche et les écolo- gistes soient le plus rassemblés possible. Le niveau européen est le plus adapté pour pouvoir enga- ger des investissements dans la transition écologique à la hau- teur des enjeux, ce qui peut en même temps être une incroyable opportunité d’amélioration de l’emploi. Sur le plan local, il y a un tas d’acteurs et d’associations qui agissent dans ces domaines et tout cela ferait une excellente raison de s’unir. Il n’y a aucun sens à ce que la gauche parte séparée au prochain scrutin municipal. Il y a vingt ans, on a bien réussi à réunir les contraires comme Jean-Pierre Chevène- ment et Dominique Voynet au sein d’une gauche unie. Cette fois-ci, il y a en plus cette armée de citoyens qui ne se sentent

plus représentés. Faisons quelque chose tous ensemble ! Ce grand rassemblement est indispensable mais pas suffi- sant. L.P.B. : Pour quelle raison ? B.R. : Parce que si on additionne juste les forces de gauche locale, ce n’est pas suffisant pour que

se limite pas à donner son avis une fois tous les six ans. On a constaté les limites du système aumoment de l’arrêté anti-men- dicité. Je reste d’ailleurs sidérée de voir que les élus communistes et écologistes de cette ville aient laissé passer un texte pareil. L.P.B. : Vous avez quitté le P.-S. en 2017 au moment où le gouvernement validait l’état d’urgence. Vous adhérez désormais à Génération.s. Serez-vous candidate à la mairie de Besançon à la tête d’un large rassemblement de gauche ? B.R. : J’espère avoir la capacité de rassembler des gens mais je n’irai pas en tant que tête d’une liste de gauche dans l’objectif de gérer cette mairie. C’est un choix de vie que je ne suis pas prête à faire maintenant. Je ne serai donc pas candidate. Cela ne signifie pas pour autant que je ne serai plus candidate à rien. L.P.B. : Vous vous contenterez donc du rôle de contributrice au rassem- blement des gauches ? B.R. : Comment arriver à faire que les gens acceptent de tra-

les gens veuil- lent voter pour cette gauche. Il est nécessaire d’y ajouter d’au- tres personnali- tés qui ne soient pas issues des rangs des partis. Et surtout il est impératif qu’il y ait une manière de construire le projet, puis une liste, qui ne se limite pas aux organisations politiques. Il faut ensuite instau- rer un système de démocratie continue qui ne

“L.R.E.M. n’incarne absolument pas les valeurs de la gauche.”

L’ex-parlementaire socialiste a quitté le P.-S. en 2017.

vailler ensemble, c’est déjà un bel objectif. Il y a aussi tant de responsables associatifs qui à leur échelle font de la politique autrement. Je pense à des struc- tures comme P.A.R.I., comme les Invités au festin et tant d’au- tres qui sont les vrais acteurs de cette ville. C’est autour de toutes ces initiatives que je vou- drais voir une gauche rassem- blée. L.P.B. :Vos détracteurs disent que vous vous êtes radicalisée, que vous êtes désormais plus proche de la France insoumise…

B.R. : Je me suis peut-être un peu radicalisée. Mais ce qui est plus manifeste encore, c’est l’oubli par certains élus des raisons pour lesquelles ils ont été élus. Quant à la France insoumise, pas grand-chose me distingue en effet d’une fille comme Clé- mentine Autain par exemple mais le problème de ce parti selon moi, c’est le discours de son leader, sur la presse, les juges et les questions migratoires notamment. Je ne peux pas cau- tionner une telle violence.

toujours de gauche selon vous ? B.R. : Je ne doute pas du tout de sa sincéritémais je ne comprends pas pourquoi il continue à sou- tenir des politiques de son parti, notamment sur la question des migrants ou des sans-papiers. On a le droit de changer d’orga- nisation politique, voire de chan- ger soi-même, mais on ne peut pas dire que la politique muni- cipale ne dépend pas en partie de la politique nationale. Et sur ce point, L.R.E.M. n’incarne abso- lument pas les valeurs de la gauche. n Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.B. : Jean-Louis Fousseret est-il

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