La Presse Bisontine 207 - Mars 2019

10 DOSSIER BESANÇON

La Presse Bisontine n°207 - Mars 2019

ENVIRONNEMENT

Des actions à Besançon 41 espèces de plantes menacées d’extinction

L’ail anguleux présent dans le marais de Saône est en danger. La nouvelle “liste rouge” des conservatoires botaniques est alarmante.

biodiversité à l’échelle nationale et locale. Cet inventaire constitue une opportunité unique de réveil- ler nos consciences, de nous pen- cher sur le sort de plantes que nous voyons sans vraiment les regarder, tandis que certaines sont sur le point de s’effacer” pré- sente Marc-André Selosse, pré- sident de la société botanique de France. Cette évaluation inédite est sans appel : 742 plantes sont mena- cées sur les 4 982 répertoriées en France. Les principales menaces sont “la surfertilisation des sols, les herbicides, le labour profond, l’urbanisation, le drai- nage des marais, des tourbières. 18 % des plantes humides sont menacées ou quasiment mena- cées, explique Justine Amiotte- Suchet pour le conservatoire botanique de Franche-Comté. Il faut une prise de conscience col- lective.” Le C.B.N. donne des pistes comme se renseigner sur la pro- venance des plantes dans les produits pharmaceutiques, sur le caractère envahissant des plantes exotiques que l’on peut installer dans son jardin, favo- riser la biodiversité avec par exemple unmur en pierre. Dans le Grand Besançon, au moins deux espèces sont sur la liste

Éducation Deux hôtels à insectes à l’école Afin de sensibiliser les enfants sur le rôle des pollinisateurs dans un écosystème urbain, l’association Luth a financé la construction de deux hôtels à insectes, installés fin janvier dans le parc de l’Institution Notre-Dame-Saint-Jean. Les élèves pourront observer, faire des récoltes et étudier le comportement des insectes. l

P our la première fois, le risque de disparition de l’ensemble de la flore vasculaire en France métropolitaine a été évalué grâce à une collaboration associant le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (U.I.C.N.), la Fédération et le réseau des Conservatoires bota- niques nationaux (C.B.N.), l’Agence française pour la bio- diversité (A.F.B.).Des botanistes

experts - dont ceux du C.B.N. de Franche-Comté installé à Besan- çon - ont été mobilisés. Ils ont

En France, 421 plantes sont menacées d’extinction (9%), 321 plantes quasiment menacées (12 %), 63 plantes endémiques menacées, 22 plantes disparues de France et 2 n’ont jamais été revues ailleurs dans le monde. La situation en Franche-Comté : 41 espèces menacées d’extinc- tion, 2 ont disparu, 6 en “danger critique”, 10 en danger, 25 en situation vulnérable. l

synthétisé près de 30millions de don- nées floristiques et édité une base scientifique inédite que constitue cette nouvelle liste rouge. “Elle doit aider à réorienter les stratégies de préservation de la

Une dizaine d’individus à Saône.

Deux classes de l’Institution Notre-Dame- Saint-Jean étudient le comportement des insectes grâce à l’asso- ciation Luth.

Production des plants de saxifrage par Cédric Bouvier du Jardin botanique. Ils seront réintroduits (photo : J. Guyonneau - C.B.N.F.C. - O.R.I.).

rouge : “Il s’agit de l’Orobranche de Bartling (vulnérable), présente dans une quinzaine de communes du Doubs et du Jura, où elle est liée à des pelouses sèches et caillouteuses, et l’ail anguleux” énumère le Conservatoire. La seule station connue en Franche- Comté de l’ail anguleux se trouve au cœur d’une prairie humide dumarais de Saône. “Bien qu’un suivi récent ait permis de comp-

tabiliser plusieurs dizaines d’in- dividus, la station dumarais de Saône est très fragile compte tenu de sa localisation enmilieu agri- cole où elle reste soumise à une gestion non contrôlée.Il est impor- tant d’éviter le drainage, de limi- ter la fertilisation des sols” pré- conise Pascal Collin du Conservatoire. Le temps est compté. n E.Ch.

EN BREF

LES VAÎTES

Pétition L’éco-quartier qui n’en a que le nom Aux Vaîtes, des pelleteuses sont entrées en action alors que la dérogation à l’arrêté de biotope n’est pas encore accordée.

Collisions En Bourgogne-Franche- Comté, plus de 100 collisions de train avec la faune sauvage sont à déplorer chaque année, ce qui engendre des problèmes de régularité sur le réseau ferroviaire (330 heures de retard à l’échelle de la région) et un coût de plus d’1 million d’euros de réparations pour les T.E.R. Afin de limiter ces heurts, S.N.C.F. Réseau a engagé depuis novembre 2018 un travail conjoint avec l’ensemble des fédérations départementales des chasseurs pour étudier les aménagements à mettre en place ou les actions les mieux adaptées à chaque site. Ce partenariat entre S.N.C.F. Réseau et la Fédération régionale des chasseurs se concrétise par des visites sur le terrain, dont le but est de comprendre pourquoi les animaux traversent au niveau de ces points particuliers et d’analyser emprises ferroviaires ou à proximité. À l’issue de ces inspections de terrain, des propositions d’aménagements ou d’adaptation de l’infrastructure existante seront élaborées. de quelles façons ils cheminent dans les

Jardiniers, voisins, militants veulent

C’ est ce qui s’appelle un mauvais de coup de com’. Surtout pour une ville qui crie haut sa volonté de préserver la bio- diversité. Le 28 janvier, des pel- leteuses ont entrepris des tra- vaux de terrassement sur le futur éco-quartier des Vaîtes pour le compte de l’aménageur (Territoire 25). Seul hic, une enquête pour une demande de dérogation à l’arrêté de biotope par la Direction de l’environne- ment, de l’aménagement et du logement (D.R.E.A.L.) était en cours. Elle doit décider s’il faut ou non prendre des mesures pour préserver des espèces pré-

que ces travaux se déroulent sur des terrains maîtrisés : “Ils sont prévus et autorisés dans le cadre de l’écoquartier. Il n’y a pas eu d’erreurs. Il s’agit là de presta- tions de nettoyage et de terras- sement sur une bande verte” se défend l’adjoint à l’urbanisme. Bizarrement, personne ne peut fournir le périmètre exact de l’étude menée par un écologue du cabinet Ingérop dont l’analyse porte sur les 23 hectares de la zone, soit la totalité. Les Vaîtes à Besançon, terrain fertile des derniers maraîchers encore présents, c’est bel et bien une terre de lutte. Après la bataille judiciaire liée à l’expro- priation de propriétaires privés, puis l’occupation pacifiste de “Nuit Debout” en 2016, des rési- dents et jardiniers se sont ras- semblés au sein de l’association Le Jardin des Vaîtes créée en novembre 2018. Ils demandent une préservation des jardins existants et une urbanisation limitée. C’est par hasard que l’associa- tion a découvert ces travaux et

préserver les Vaîtes et ses espaces naturels, dont certains sont sensibles.

la demande de dérogation d’ou- trepasser les compensations visant à protéger des espèces vivantes (lire par ailleurs). “C’était violent” dit un jardinier. Une pétition a été lancée, para- phée par Gabriel Amard (copré- sident de la coordination Eau bien commun) ou Gilles Clé- ment, auteur et jardinier. France Nature Environnement, la Ligue de protection des Oiseaux sont mobilisés. “Cet écoquartier est déjà obsolète. On retire des zones humides, un poumon vert et des jardins partagés qui s’autogèrent pour bétonner” se désole la pré-

sidente. L’étude menée par le cabinet Ingérop stipule que la roselière a régressé depuis le relevé pré- cédent en 2011. Elle occupait environ 500 m² pour 100 m 2 actuellement en raison du déve- loppement de ronces. LesVaîtes, chronique d’une mort annoncée, l’association ne veut pas s’y rési- gner.A l’heure où nous bouclions ces lignes, la maison du projet des Vaîtes a été incendié dans la nuit du 25 février. L’associa- tion condamne cet incendie. Une enquête est en cours n E.Ch.

Zoom Groupes d’espèces concernés par la demande de dérogation : l amphibiens (4 espèces), l reptiles (1 espèce protégée), l mammifères terrestres (2 espèces protégées), l chiroptères (2 espèces protégées) l oiseaux (23 espèces protégées). Source : cabinet Ingérop

sentes dans ce poumon vert bisontin abritant une zone humide. L’avis du préfet est attendu. Six mois peuvent s’écouler avant qu’il ne tranche. LaVille et l’amé- nageur jurent

L’association a découvert ces travaux par hasard.

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