La Presse Bisontine 204 - Décembre 2018
ÉCONOMIE 38
La Presse Bisontine n°204 - Décembre 2018
EMPLOI
Métiers en tension Ils sont agents d’entretien, Pôle Emploi les convoque pour devenir serveurs C’est le moyen trouvé pour pallier l’absence de candidats en hôtellerie-restauration, un secteur qui fait face à une grave crise des vocations. C’est particulièrement le cas dans le Haut-Doubs.
D ans la salle, ils étaient 70 sur 100 convoqués, des hommes, des femmes, souvent âgés d’ailleurs. Leur point commun : ils sont demandeurs d’emploi et possèdent des compétences dans le domaine du nettoyage et sont aujourd’hui au chôma- ge. Beaucoup ont soupiré de se retrouver là, convoqués par Pôle Emploi pour participer à un entretien en vue de devenir ser- veur à McDonald’s Pontarlier ! “Je suis opératrice en produc- tion et je ne me vois pas devenir serveuse” présente d’entrée une candidate. Le fossé peut en effet paraître infranchissable. Et pourtant… “Si nous avons convo- qué des agents d’entretien pour leur proposer de travailler dans la restauration, c’est parce qu’il existe une approche de compé- tences. Ils connaissent le respect
de main-d’œuvre” poursuit la directrice de l’agence. Comme le bâtiment, le trans- port, l’industrie, l’hôtellerie-res- tauration est en tension. Des restaurants pontissaliens doi- vent par exemple limiter le nombre de tables faute de per- sonnel. Avec le marché de l’em- ploi suisse en bonne forme, la tension est encore plus flagrante. C’est pour cette raison que tous les mardis dans le cadre de l’opé- ration “#versunemploi”, des ren- dez-vous entre demandeurs d’emploi et chefs d’entreprise sont organisés. Une opération que McDonald’s Pontarlier a saisie au bond. Dans le cadre de son agrandis- sement de 180 à 290 places, l’en- seigne recherche 15 postes : “Nous sommes passés par tous les canaux pour recruter et nous rencontrons malgré tout beau-
des normes d’hygiène, de la sécu- rité…” note Céline Demoly, direc- trice de Pôle Emploi Pontarlier, consciente que sur les 70 per- sonnes, une infime partie déci- dera de se réorienter et que d’autres devront se former. “J’en- tends le fait que des personnes ne veulent pas travailler dans ce domaine, mais j’en ai ren- contré d’autres qui souhaitent
Sylvie Gille de l’enseigne McDonald’s présente les différents postes à pourvoir. Andrej, demandeur d’emploi, écoute mais semble avoir d’autres projets.
l’inverse. Cela vaut le coup de déranger 70 per- sonnes pour en trouver quelques-unes qui signeront un contrat. On ne peut pas se contenter de savoir que des entreprises ne parviennent pas à recruter faute
cultés de recrutement. L’opéra- tion “#versunmétier” a produit des résultats : 105 postes ont été proposés et 18 recrutements en formation industrie et trans- ports ont été réalisés. Elle est reconduite jusqu’à la fin de l’an- née à l’agence de Pontarlier qui possède l’un des taux de chô- mage les plus faibles de Fran- ce. n E.Ch.
Sans doute. “Il existe beaucoup de préjugés, indique une autre représentante de McDo. Le salai- re est supérieur au S.M.I.C., nous proposons des contrats d’au moins 24 heures par semaine. Les horaires sont décalés mais cela intéresse parfois d’autant que des agents d’entretien ont cette habitude.” À noter que le métier d’agent d’entretien est lui aussi en proie à des diffi-
coup de difficultés. Sur 11 per- sonnes rencontrées ce jour, 3 sont intéressées. On ne se focalise pas sur un C.V. mais sur des com- pétences, donc la démarche de Pôle Emploi de nous proposer des agents d’entretien n’est pas idiote, bien au contraire” com- mente Sylvie Gille. Le salaire et les horaires cou- pés expliquent-ils cette désaf- fection pour la restauration ?
“11 entretiens,
3 personnes intéressées.”
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