La Presse Bisontine 204 - Décembre 2018

ÉCONOMIE 34

La Presse Bisontine n°204 - Décembre 2018

RIGNEY

Notamment à La “Huche à pain” à Rivotte Le premier lait de soja fermier est franc-comtois David Beudet est le premier producteur de lait de soja en France. Son exploitation Doubs céréales, installée à Rigney, inspire déjà d’autres agriculteurs.

L e pari peut sembler osé. Surtout dans une région comme la nôtre, histori- quement tournée vers l’élevage laitier conventionnel. Mais ce céréalier l’assure, il ne veut pas voir disparaître nos Comtoises des champs ! Loin de là. Son grand-père, puis son père et son oncle, ayant eux-mêmes commencé par cet élevage avant de se tourner vers les taurillons puis les céréales. Il y a vu avant tout une diversification de ses activités après un passage par la culture maraîchère. “Ma fem- me a acheté un jour des yaourts au soja. Nous avons trouvé ça bon et nous avons voulu en fai- re nous-mêmes” , explique-t-il. Bien sûr la culture du soja ne lui était pas étrangère. “Mon père a été le premier à en mettre il y a 40 ans et on le vendait à la coopérative pour le marché de la nutrition animale.” Res- tait pour autant à la transfor- mer. “Nous avons cherché une machine, il n’en existait pas en Europe, seulement en Inde ou en Chine, nous nous sommes

donc tournés vers un distribu- teur français.” Après avoir patien- té six mois pour réceptionner ce nouvel outil, il se lance donc dans la production de lait de soja au début 2018. La consommation reste globa- lement modérée en France, “à l’inverse de l’Asie où le soja est cultivé et consommé depuis des millénaires” , reconnaît David Beudet, mais elle démarre peu à peu. “Cela intéresse surtout les vegans et les personnes souf- frant d’intolérance au lactose.” Au point que des jeunes exploi- tants du Cher ont pris son

David Beudet transforme le soja qu’il a cultivé et produit aussi toutes sortes d’huiles et de farines.

des graines décortiquées. “Mon ami boulanger de “La Mi Do Ré” à Besançon m’avait sol- licité pour faire du pain avec une farine locale. Après les pre- miers essais, il était vraiment conquis par les odeurs et la tex- ture. Et cela a fait boule de nei- ge.” La “Huche à pain” à Rivot- te lui commandant à son tour des farines, suivie du magasin Intermarché à Baume-les- Dames. Aujourd’hui, les pro- duits Doubs céréales sont réfé-

rencés dans une vingtaine de magasins, jusque dans les frui- tières du Haut-Doubs et chez le primeur Jacoulot àMorteau. En décembre, il intégrera aussi le magasin de producteurs “Esprit paysan” à Vesoul et fournira en farine la boulangerie qui y sera adossée. Pour l’heure, sa pro- duction est axée sur une agri- culture raisonnée et certifiée sans O.G.M. mais la conversion bio pourrait être une prochai- ne étape. n Formation En 2019, la Fédération Française du Milieu Montagnard organisera dans les différents massifs plusieurs stages permettant de devenir accompagnateur fédéral de randonnée pédestre. Un stage aura lieu dans les Monts Jura, du 16 au 22 juin à Lélex, un autre dans le massif Vosgien, au Lac Blanc, du 14 au 20 juillet. Renseignements sur le site www.ffmm.net ou au 04 78 39 49 08. Bûche Osez le concours bûche de Noël si vous êtes la reine - ou le roi - des bûches de Noël. Le Salon Régalexpo organise un grand concours de bûche de Noël réservé aux pâtissiers amateurs. Il sera animé par le chef Olivier Laboute vendredi 7 décembre à Dole. Objectif : créer une bûche de Noël spéciale Bourgogne-Franche- Comté, c’est-à-dire un dessert qui comporte au minimum deux produits typiques de notre grande région. Inscrivez-vous et présentez-vous sur le Salon Régalexpo à Dole le vendredi 7 décembre à 15 h 30 avec votre biscuit et la garniture déjà réalisés à la maison. Ensuite, devant le jury et le public, vous disposez de 1 h 15 pour monter et décorer votre chef-d’œuvre. La remise des prix au lieu à 18 heures. Renseignements et inscription : Alizée au 06 08 18 55 91. EN BREF

attache pour se renseigner sur les méthodes de fabrication. David, lui, a choi- si d’y greffer rapi- dement de nou- velles activités. “On s’est dit qu’on pouvait faire de la farine de soja avec la matière restante, une fois le lait produit.”

L’achat d’un moulin en prove- nance duTyrol, a entraîné ensui- te d’autres investissements dans une machine pour faire de l’hui- le, puis une autre pour faire des flocons de céréales. Sur ses 185 hectares, l’exploitant doubien cultive aujourd’hui blé, orge, soja, maïs, colza, épeautre, sar- rasin, chanvre, tournesol, seigle, lentille et avoine. Outre son lait végétal, il vend ainsi différents types de farines, d’huiles et de céréales et proposera bientôt

185 hectares exploités.

Sa boisson soja est vendue 2 euros le litre.

SOCIÉTÉ

42 % d’étrangers parmi les personnes accueillies

“Liberté, égalité,

précarité”

13 % des habitants la région vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1 026 euros par mois. Le constat du Secours catholique qui a accueilli plus de 22 000 personnes en un an est alarmant.

O On a accueilli encore un peu plus de monde l’an dernier dans les 112 antennes du Secours catholique de la région, avec 22 000 ménages qui en ont poussé la porte. C’est 3 % de plus que l’année précéden- te, alors que ce nombre était en diminution depuis quatre ans. Et une personne sur deux venait pour la première fois. La grande majorité d’entre eux sont dans une situation de très grande précarité. “Le niveau de vie médian des ménages accueillis est de 540 euros par personne, c’est encore 6 euros de moins qu’en 2016” note Antoine Aumonier, le délégué du Secours catholique pour la Franche-Comté. Pire : une part non négligeable (28 % des per-

sonnes accueillies) perçoit moins de 200 euros par mois. “Liberté, égalité, précarité”, telle pourrait être désormais entendue la devise française tant la précarisation d’une lar- ge frange de la société fait désormais partie du quotidien. Dans les faits, le Secours catholique accueille “La progression lente et

Antoine Aumonier, délégué régional du Secours catholique.

qui ont poussé la porte du Secours catholique l’an der- nier sont de nationalité étran- gère, “contre 30 % en 2010 et 36 % en 2015.” 18 % d’entre eux sont sans papiers et 38 % des personnes dans l’attente d’un statut légal. La précarité concerne égale- ment le logement puisqu’un tiers des personnes accueillies n’ont pas de logement fixe et dorment “dans des hôtels, des caravanes, des centres d’hé- bergement, chez des amis, dans des squats ou alors dans la rue.” Ces personnes fragilisées sont également touchées par la frac- ture numérique qui les éloigne

de plus en plus des possibili- tés de solliciter des prestations sociales. “La part de personnes bénéficiant d’allocations fami- liales a diminué de 6 points, passant de 29 % en 2012 à 23 % en 2017” précise le Secours catholique. Près d’une personne rencontrée sur deux fait face à des impayés de loyer et un tiers d’entre eux ne peuvent plus payer leur de gaz ou leur électricité. Un constat de plus en plus dur pour le Secours catholique qui vit essentiellement des dons et de l’engagement de ses 3 210 bénévoles à l’échelle de la Bour- gogne-Franche-Comté. n J.-F.H.

annuel sur l’état de la pauvreté en France. Deux tiers des per- sonnes accueillies sont au R.S.A. Les très pauvres galè- rent, mais la nouveauté, c’est que le Secours catholique “reçoit de plus en plus de personnes qui sont juste au-dessus du seuil de pauvreté, mais qui ne s’en sortent pas pour autant” ajoute le délégué régional. La pauvreté se féminise mais l’autre constat dressé par le Secours catholique à Besan- çon c’est “la progression lente et régulière des plus de 60 ans qui atteignent désormais 10 % des personnes accueillies.” Autre phénomène en hausse : la part d’étrangers. 42%des personnes

désormais une majorité de femmes (56 %), “dont beaucoup de mères isolées” précise M. Aumonier qui présentait le rapport sta- tistique

régulière des plus de 60 ans.”

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