La Presse Bisontine 204 - Décembre 2018

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n°204 - Décembre 2018

HÔPITAL

C.H.U. Minjoz Un plan d’urgence pour les urgences Afin de dissiper le malaise latent depuis

plusieurs années et d’améliorer le fonctionnement d’un service de plus en plus sollicité, la direction a soumis au personnel un plan urgences qui tient en 63 points. Le 15 novembre, les instances syndicales l’ont validé à l’unanimité.

C’ est suffisamment rare pour être souligné : les quatre instances syndicales représen- tées au C.H.S.C.T. (Comité d’hy- giène, sécurité et conditions de travail) du C.H.U. Minjoz ont validé à l’unanimité et sans réserve le plan d’actions pour les urgences le 15 novembre der- nier. La grève déclenchée le 9 octobre dernier et qui courait jusqu’au 20 novembre ne devait donc plus être qu’un mauvais souvenir pour tout le monde et enfin, “on revient à du bon sens à l’hôpital” , estime Pascal Hudry, le représentant C.F.D.T. et secré- taire du C.H.S.C.T. À entendre les syndicats, ce plan décliné en 63 mesures relèverait presque de l’inespéré. “On s’est enfin retrouvé avec la direction, ça fai- sait un certains nombre d’an- nées que nous ne nous étions pas senti dans le même bateau” remarque Pascal Hudry. “Un meilleur plan, ce n’était pas pos- sible” ajoute un représentant syndical qui apprécie également

urgences avec un absentéisme toujours plus fort et des per- sonnels découragés. À tel point que, sur injonction de la direc- tion du travail, le C.H.U. s’est résolu cette année à faire appel à un cabinet extérieur pour appréhender la situation. Un rapport avait été rendu fin août qui confirmait les inquiétudes relayées par les syndicats. De là, la direction du C.H.U. a éta- bli un certain nombre de pré- conisations qui ont abouti à ce plan bien ficelé de 63 mesures concrètes dont le coût global devrait avoisiner les 7,5 mil- lions d’euros, notamment en tra- vaux. Il faut dire que le per- sonnel souffre aussi des conditions matérielles parfois inadaptées, quand par exemple il faut qu’une infirmière de réani- mation parcoure plus de 200 m pour atteindre le lit d’un patient. Les travaux prévus aux urgences devraient donc remédier à une grande partie des problèmes rencontrés et, prédisent les syn- dicats, “remettre les urgences dans un cercle vertueux.” Car qui dit meilleures conditions de travail, dit moins de stress donc moins d’absentéisme. Si tous s’accordent à reconnaître la volonté de la directrice géné- rale Chantal Carroger de prendre à bras-le-corps les pro- blèmes, tout ne sera pourtant pas réglé à très court terme. Les sous-effectifs existent toujours et certains savent par consé- quent qu’ils ne pourront pas prendre de congés à Noël. n J.-F.H.

que les médecins se soient impli- qués comme les autres dans la réflexion globale. “Comment pour- rait-on s’opposer à ce plan ?” enché- rit un autre. Voilà près de deux ans que les syndi- cats alertaient sur la lente dégrada- tion des conditions de travail aux

“Un meilleur plan, ce

n’était pas possible.”

Aux urgences de Besançon, le plan de la direction est bien accueilli.

Urgences, une hausse de fréquentation de près de 50 % en dix ans

(source C.H.R.U.)

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Passages non suivis d’hospitalisation 43 299 45 328 44 512 49 796 49 491 52 270 57 570 51 707 56 965 60 097 Passages suivis d’hospitalisation 16 441 17 710 17 715 18 452 18 884 19 671 19 948 25 006 26 766 26 221 Total passages 59 740 63 038 62 227 68 248 68 375 71 941 77 518 79 808 83 731 86 318

INTERVIEW

La D.R.H. “On est allés au maximum de ce qu’un C.H.U. peut faire”

Selon Amelle Ghayou, la directrice des ressources humaines du C.H.U. Minjoz, le plan urgences balaie l’ensemble des problématiques auxquelles sont confrontés les personnels. Réaction.

concerne en aucun cas les urgences. Donc, en lien avec le Groupement hos- pitalier de territoire, on fera en sorte que ces personnes soient dirigées vers des structures mieux adaptées pour elles, en réévaluant d’une part les pro- tocoles d’adressage au Centre 15 et en permettant l’admission de ces per- sonnes âgées dans les services de proxi- mité près de chez elles. Pour une per- sonne fragile, passé un certain âge, le

les équipes aient besoin d’informations et de temps où elles débriefent. Il faut que l’information circule, et il faut éga- lement de la communication entre les différents métiers. On a fait de ce volet un vrai axe du plan urgences mais plus largement un axe commun à l’ensemble des pôles du C.H.U. L.P.B. : La tentative de suicide au sein du ser- vice l’an dernier a marqué les esprits… A.G. : Évidemment, et quelles qu’en soient les raisons, c’est la perception d’un mal-être général que l’on retrou- ve dans de nombreux C.H.U. Il faut soigner toutes les causes de ces diffi- cultés en faisant un travail de fond et c’est justement l’objet de ce plan d’ac- tion. Renouer le dialogue est un impé- ratif et la priorité de la directrice géné- rale. Comme le C.H.S.C.T. a émis un avis favorable, sans réserve et si main- tenant l’ensemble du personnel le vali- de largement, ce plan seramis enœuvre sans délai. n Propos recueillis par J.-F.H.

L a Presse Bisontine : Quel est l’esprit de ce plan urgences ? Amelle Ghayou : L’idée de ce plan est bien de lever les difficultés latentes res- senties par le personnel depuis quelques années. Les urgences sont particuliè- rement compliquées car on y gère des situations de crise avec une activité irrégulière mais de manière généra- le, les urgences sont de plus en plus sollicitées. Même si à Besançon on a toujours accompagné l’augmentation de la fréquentation, nous sommes aus- si confrontés aux questions de l’ab- sentéisme, très difficiles à régler. L.P.B. : Cet absentéisme est particulièrement élevé ? A.G. : À l’échelle du C.H.U., il se situe dans la moyenne nationale, aux alen- tours de 8 %. Mais aux urgences, il dépasse les 10 % (à pondérer, car il y

a aussi les congés-maternité). Il peut y avoir de l’absentéisme lié à la fatigue ou à des pépins de santé. C’est la rai- son pour laquelle un des volets du plan urgences que l’on a proposé, et qui déroule 63 mesures concrètes, c’est une évaluation de cet absentéisme tous les six mois afin d’étudier à fond toutes les causes. L.P.B. : Quels sont les autres volets majeurs de ce plan urgences ? A.G. : Une des priorités est d’agir sur l’environnement de travail. D’où ce plan d’investissement de 500 000 euros destinés à réorganiser l’entrée des urgences avec notamment la création d’un sas unique sécurisé, d’une banque d’accueil pour l’infirmière d’orienta- tion et d’accueil, d’un box de consul- tation rapide, etc. Le fait d’avoir une personne qui assure un premier filtre

aux entrées doit déjà radicalement changer la situation. Les personnes qui peuvent attendre pourront être réorientées tandis que les vraies urgences immédiates pourront être traitées plus vite. L.P.B. : Au-delà de l’accueil, que prévoyez- vous pour une meilleure prise en charge ? A.G. : Entre autres, le renforcement de l’équipe paramédicale avec le renfort notamment d’infirmières en zone d’at- tentes vues, ainsi qu’une infirmière supplémentaire chaque nuit pendant la période hivernale. L.P.B. : De plus en plus de personnes âgées sans solution sont conduites aux urgences car leurs familles disent ne pas avoir de solu- tion. Que prévoit le plan ? A.G. : La plupart du temps, leur patho- logie est celle du vieillissement et ne

monde des urgences peut être très déstabi- lisant. L.P.B. : La communication semble également faire tou- jours défaut entre le per- sonnel et la hiérarchie… A.G. : Cette question a en effet été soulevée par les personnels. Ils ont émis le souhait que la direction explique mieux les choses et il est naturel en effet que

“500 000 euros destinés à réorganiser l’entrée des urgences.”

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