La Presse Bisontine 201 - Septembre 2018

DOSSIER

29 La Presse Bisontine n° 201 - Septembre 2018

l Mobilité Le centre-ville moins accessible qu’avant ? Ils dénoncent “la mise à mal du réseau de bus” depuis le tram

Le Collectif des mécontents des transports en commun de Besançon (C.M.T.C.B.) n’en démord pas. La desserte bus en ville s’est dégradée avec des temps de trajets rallongés et des changements plus nombreux.

éloigné du centre, beaucoup ne pren- nent plus le bus, ce qui diminue d’au- tant les recettes” , mais aussi sur les coûts. Serge Grass, autre représentant actif, a fait les comptes. “Les charges d’exploitation ont augmenté de 32 % entre 2007 et 2016 et cela ne va pas en s’arrangeant. Le nouveaumarché conclu avec l’exploitant Kéolis prévoit une aug- mentation de la dotation d’équilibre, à 25 millions d’euros en 2018 contre 20,6 millions en 2016.”

“B eaucoup plus de per- sonnes ont été lésées qu’avantagées de notre point de vue” , lance d’em- blée Jacques Amiot, représentant du collectif. Habitant le quartier de la Butte “qui n’est pourtant pas excentré du centre” , son épouse a rencontré dès septembre 2014 des difficultés pour se déplacer en bus et “des informa- tions m’ont vite fait comprendre que cela ne concernait pas seulement notre secteur. Alors qu’il était prévu d’irri- guer de manière plus fine les quartiers non desservis par le tram, on s’est retrou- vé à multiplier les moyens de trans- port avec en prime des problèmes de circulation automobile.” Quatre ans plus tard, la situation res-

te inchangée à ses yeux, le poussant à dénoncer dans un nouveau courrier adressé à l’Agglomération le fait d’avoir privilégié l’axe du tramway (des Hauts- du Chazal à Chalezeule) au détriment de tous les autres quartiers de la vil- le. En guise d’objection, la C.A.G.B. fait valoir “un besoin majeur de dépla- cement de la population identifié sur cet axe. Dans le corridor du tramway se retrouvent plus de 70 000 habitants et 120 000 emplois par habitant . Le tramway dessert donc aussi des quar- tiers.” Une position loin de satisfaire le col- lectif, qui nourrit aujourd’hui des inquié- tudes supplémentaires sur la fré- quentation : “Pour les personnes âgées ou à mobilité réduite, Chamars est très

À cela s’ajoute une pro- bable évolution à la hausse des coûts de maintenance car il y aurait une usure pré- maturée des roues et des rails du tram, qui arri- ve par ailleurs à la fin de sa garantie. “C’est mentionné noir sur blanc dans le rapport du ser- vice transport de 2016” , souligne Serge Grass, qui attend toujours celui

Usure et fin de garantie pointées du doigt.

Selon Serge Grass et Jacques Amiot, le nouveau réseau a été organisé pour limiter l’augmentation des dépenses, au détriment de certaines dessertes.

de 2017 après une nouvelle relance (N.D.L.R. : le document, produit par le délégataire dans les 6 mois qui sui- vent la clôture de l’exercice, est com- municable à toute personne qui en fait la demande). Les nouvelles cadences et les lignes

prolongées à partir de cette rentrée, notamment sur les communes péri- phériques de Besançon, laissent assez sceptiques le collectif qui “attend de voir à l’usage” , mais qui doute de “pou- voir un jour sortir de cette impasse.” n S.G.

l Point de vue

L’association des usagers des transports bisontins

Les usagers attendent une évolution de la billettique et des tarifs sociaux

L’association des usagers des transports bisontins (A.U.T.A.B.) remarque l’approche “pragmatique” de Kéolis mais fait part de quelques remarques…

exploité le réseau urbain de Besançon et dont les offres étaient sensiblement comparables, remarque Patrick Noblet, pré- sident de l’association. Nous avons cependant fait le constat des difficultés de la sociétéTrans- dev (ancien délégataire) à main- tenir ses objectifs dans le cadre de la D.S.P. précédente caracté- risée il est vrai par la création de deux lignes de tramway. L’ap- proche de la société Kéolis a été pragmatique en utilisant des outils “maison” afin de déter- miner des indices de qualité de desserte ainsi que des besoins et

L e renouvellement d’une délégation de service public d’un réseau urbain est toujours un temps fort. L’association des usagers des transports bison- tins (A.U.T.A.B.) ne dira pas le contraire même si elle regrette le déficit démocratique qui ne

permet pas de représenter les utilisateurs dans le processus de décision. Il n’empêche, cette dernière ne se prive pas de don- ner des recommandations qui sont parfois suivies. “Nous n’al- lons pas revenir sur le proces- sus du choix du délégataire entre deux candidats qui ont déjà

Patrick Noblet, représentant des usagers des transports (photo archive L.P.B.).

semaine et la fin (jeudi, ven- dredi et samedis) “correspond aux besoins.” Avec un bémol : “La desserte du dimanche soir doit répondre aux retours des étudiants et scolaires.” Les usa- gers jugeront. Il demeure des attentes fortes comme l’évolu- tion d’une billettique encore plus dématérialisée et la création de tarifs sociaux. Sur cette pre- mière demande, les élus sem- blent un peu en retard. Dans la lutte contre la fraude voulue par Kéolis, l’A.U.T.A.B. s’interroge et y voit un contrô- le social. Elle souhaite la mise en place de comités de lignes pour une prise en compte croi- sée de l’expression des usagers et de leurs représentants afin de faire évoluer l’offre aux besoins et à la réalité des usages. n E.Ch.

barquement, le respect du caden- cement.” Le nouveau délégataire y réfléchit. D’ici la fin de l’an- née, elle pourrait gagner du temps sur la vitesse commer- ciale du tram et sur les bus avec ce projet de feux. Concernant le nouveau réseau, l’A.U.T.A.B. ne semble pas inquiète puisque “la hiérarchisation du réseau est globalement maintenue

des attentes qui ont sous-tendu l’offre” poursuit-il. La communauté d’aggloméra- tion a décidé d’augmenter la part modale des transports en commun de 13 à 17 % tout en restant dans le cadre d’une maî- trise financière avec une aug- mentation de contribution de 2 millions d’euros par an tout de même. Un défi, elle qui espè- re augmenter la fréquentation du réseau de 9 % d’ici à 2024. Le risque financier est lui tou- jours supporté par le déléga- taire. Rappelons que Transdev a perdu 6,12 millions d’euros uniquement sur l’exercice 2016 et 17,27 millions au total depuis 2011. Kéolis n’a pas envie de prendre la même route… Pour l’association, “Kéolis doit rechercher à améliorer la pro- ductivité comme le franchisse- ment des feux, le temps d’em-

“Améliorer la productivité comme le franchissement des feux.”

autour des lignes struc- turantes.” L’association admet que l’adaptation des horaires de soirée des lignes, essen- tielle avec une différen- ciation entre les débuts de

Il est notamment prévu que le tram gagne du temps à certains arrêts. Un point demandé par les usagers des transports.

Made with FlippingBook flipbook maker