La Presse Bisontine 200 - Juillet-Août 2018

LE DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 200 - Juillet-août 2018

l Haute-Saône

l Nièvre La Charité-sur-Loire C’est loin, mais c’est beau… Ville d’art et d’histoire, Cité du mot et riche d’un patrimoine religieux d’exception, La Charité-sur-Loire fait

Chapelle et colline de Ronchamp

Architecture et spiritualité à Ronchamp

“L e dimanche 17 juillet 2016 à 11 h 15…” Jennifer Gillet, respon- sable de la communication du site de Ronchamp garde en mémoire cet instant précis où l’Unesco a annoncé depuis Istanbul, qu’avec 16 autres de ses réalisations, l’œuvre de l’architecte le Corbusier intégrait sa pres- tigieuse liste des éléments du patrimoine mon- dial. Après deux refus en 2009 et 2011, la troi- sième tentative de la fondation Le Corbusier était donc la bonne. Si l’été 2016 marqué par le drame de l’atten- tat de Nice s’est avéré catastrophique pour le tourisme national, “même si contrairement à d’autres sites on a réussi à maintenir la fré- quentation” , la notoriété de Ronchamp a connu un vrai sursaut depuis cette inscription. Para- doxalement, surtout auprès des visiteurs régio- naux. “ Le site était déjà connu par les ama- Ce “lieu de silence, de prière, de paix, de joie intérieure” créé par Le Corbusier en 1955 attire près de 70 000 visiteurs par an. Une programmation culturelle plus éclectique contribue à décoller un peu l’image élitiste qui colle au site haut-saônois.

teurs étrangers. 70 % de nos visiteurs déjà étaient étrangers. Nous avons enregistré l’an dernier 105 nationalités différentes. L’Unesco a surtout suscité un regain d’intérêt de la part des locaux” note Jennifer Gillet. Mais ce qui fait l’attractivité de Ronchamp, ce sont les efforts déployés depuis quelques années pour faire sortir Ronchamp de son car- can un brin élitiste. Une programmation des- tinée aux familles avec ateliers créatifs, livrets de jeux pour les enfants et autres chasses au trésor a permis d’élargir la cible des visiteurs. “En tant que site symbole de l’architecture moderne, le site est en effet un peu difficile d’accès de prime abord. Mais depuis 2014, la programmation culturelle aide à populariser la colline.” Le grand festival “Musique aux 4 horizons” en est une illustration. Cet été, un parcours d’interprétation sur les lieux saints duMonde, en collaboration avec le M.U.C.E.M. de Marseille, donne une raison de plus de prendre la direction des Vosges saônoises pour découvrir, ou redécouvrir, cette colline subli- mée par l’architecte suisse visionnaire. L’an dernier, Ronchamp a atteint son pic de fréquentation avec 69 805 visiteurs enregis- trés. C’est 4 372 de plus que l’année précé- dente. n J.-F.H.

C e n’est pas la porte à côté, certes. Depuis Besançon, il faut comp- ter bonnement 3 h 30 de route mais le périple vaut la peine. La Charité-sur-Loire, vil- le d’art et d’histoire, est d’abord une cité fortifiée aux rues et ruelles typiques, mais aussi et peut-être surtout une citémonas- tique médiévale qui abrite un des joyaux du patrimoine reli- gieux régional : son prieuré qui, depuis une bonne quinzaine d’années, est l’objet d’un vaste chantier de restauration et que les visiteurs découvrent peu à peu avec émerveillement. C’est en 1998 que le site béné- ficie de la bienveillance de l’Unes- co qui classe d’un coup 71 édi- fices religieux (dont l’église Notre-Dame de La Charité) jalonnant le parcours des pèle- rins qui traversaient la France pour se rendre à Saint-Jacques- de-Compostelle en Espagne. Une exposition retraçant les 20 ans du classement Unesco est d’ailleurs à découvrir jusqu’au 23 septembre dans la cité niver- naise sur le thème “Neuf siècles d’accueil à La Charité”. L’église et le prieuré de La Cha- partie des sites classés par l’Unesco en 1998 au titre des chemins de Saint-Jacques.

Le prieuré de La Charité-sur-Loire (photo A. Doire - B.F.C. Tourisme).

rité-sur-Loire reçoivent chaque année entre 70 000 et 80 000 visiteurs, ce qui en fait un de sites les plus visités de la Nièvre après Nevers et la châsse de Sainte-Bernadette Soubirous, Sancerre et son vignoble et le circuit automobile de Magny- Cours. “Depuis le classement à l’Unesco, la fréquentation aug- mente régulièrement note Estel- le Grivot, de l’office de touris- me local. Et au fur et à mesure des grands chantiers de réno- vation qui sont menés, les curieux affluent.” Jardin des bénédic- tins aménagé sur les ruines de l’ancienne église Saint-Laurent, reconstruction du cloître, réno- vation de la salle capitulaire… Ces efforts de mise en valeur ont contribué à l’obtention du label Ville d’art et d’histoire en 2011, complémentaire, qui contri- bue lui aussi à dynamiser la fré- quentation. Parmi les visiteurs, un bon quart d’étrangers, essen- tiellement Belges, Hollandais

et Allemands. Un bon quart aus- si de Franciliens car “nous ne sommes qu’à deux heures de Paris, par le train ou la voitu- re” ajoute Estelle Grivot. Évidemment, si on vient visi- ter La Charité-sur-Loire, on n’y reste pas forcément des semaines. Ville de passage par définition, la cité de 5 000 habi- tants, un peu à l’image de Besan- çon, est aussi une étape pour les touristes du nord qui rejoi- gnent le sud. “La plupart des visiteurs restent à la journée, parfois avec une nuit en plus.” Mais un programme d’anima- tions assez riche, un festival du mot réputé qui accueille depuis treize ans artistes, écrivains, poètes et chercheurs, un festi- val du blues mi-août, contri- buent à renforcer la notoriété de la cité nivernaise qui a com- pris, elle aussi, que tourisme et culture sont de plus en plus indissociables. n J.-F.H.

Au-delà de la chapelle édifiée en 1955 par Le Corbusier, tout un programme d’animations à découvrir cet été (photo La Porterie/ Aondh).

La Charité-sur-Loire, aux confins de notre région et de la région Centre-Val-de-Loire, est le site le plus éloigné de Besançon. Il faut compter 3 h 30 via l’A 36 et l’A 6 http://www.lacharitesurloire-tourisme.com/ Y ALLER

l Yonne La basilique et la colline Vézelay, la pionnière Rochamp est à 1 h 15 de Besançon par Baume-les-Dames, Villersexel et Lure https://www.collinenotredameduhaut.com/ Y ALLER

des sites Unesco

Le site de Vézelay a fait partie, en 1979, des tout

4 50 habitants et près d’1 mil- lion de visiteurs par an…Cruel dilemme pour la commune de Vézelay qui voit transiter chaque jour des milliers de pèlerins, curieux, touristes et flâneurs. Parmi les 10 sites les plus fréquentés de Fran- ce, la colline de Vézelay doit donc gérer un afflux massif qui augmente d’an- née en année. “Tout cela nous impose un plan de gestion rigoureux qui n’exis- tait pas en 1979, année où Vézelay a été classé à l’Unesco” , note Lorant Hec- quet, premier adjoint au maire de cet- te commune de l’Yonne, étape majeu- re sur le chemin ancestral de premiers sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial, avec le Mont-Saint-Michel et le Château de Versailles. C’est aujourd’hui le premier site visité de la région Bourgogne-Franche-Comté.

Compostelle, qui postule actuellement pour intégrer un autre réseau presti- gieux, celui des Grands sites de Fran- ce, à l’image de la Pointe du Raz, de la Roche de Solutré, du Puy de Dôme ou du Pont du Gard. “Cette démarche implique que tout le périmètre de Véze- lay soit protégé, non seulement la com- mune et la basilique, mais 18 com- munes alentour, une zone sacralisée” ajoute l’élu. Ces classements ne sont d’ailleurs pas du goût de tous les riverains “qui les perçoivent parfois comme des contraintes. On aimerait bien au contrai- re qu’ils se les approprient plus” plai- de M. Hecquet. “On essaie de leur fai- re comprendre que c’est un privilège et que ça valorise fortement leurs pro- priétés. Classée à l’Unesco, Vézelay est un bien à partager avec tous. Le lieu ne nous appartient plus vraiment” ajou- te l’adjoint chargé de la culture et du patrimoine qui reconnaît cependant que “le côté patrimonial du lieu rend certaines activités difficiles et n’incite pas, par exemple, les jeunes à venir

s’installer ici.” Conscientes de la réa- lité du potentiel tou- ristique de Vézelay, les collectivités misent sur ce joyau. C’est là que la Région Bourgogne a créé en 2010 la Cité de la voix, un lieu entiè- rement dédié à l’art vocal qui rayonne désor- mais sur l’ensemble de la Bourgogne-Franche-

“Les habitants le perçoivent parfois comme une contrainte.”

Comté. “Nous avons en permanence ce souci d’un village qui souhaite rester un village et la pression liée au contex- te patrimonial de Vézelay. Il faut savoir jongler entre les deux, sachant que le bilan reste largement positif. C’est un privilège extraordinaire d’avoir un tel site” conclut Lorant Hecquet. Le montant des investissements néces- saires pour préserver ce patrimoine est à la hauteur : l’actuelle campagne de travaux sur la basilique s’élève à quelque 20 millions d’euros. n J.-F.H.

Vézelay : son seul nom évoque une église, merveille de l’art roman (photo A. Doire - B.F.C. Tourisme).

Vézelay est à 2 h 20 de Besançon par l’A 36 et l’A 6 direction Paris http://www.vezelaytourisme.com/ Y ALLER

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