La Presse Bisontine 200 - Juillet-Août 2018

LE DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 200 - Juillet-août 2018

l Côte d’Or

l Côte-d’Or L’abbaye de Fontenay Le joyau cistercien fête ses 900 ans L’abbaye de Fontenay est un des rares monuments historiques français à

Un itinéraire de 60 km

Les Climats de Bourgogne, une succession de noms prestigieux

te et, aujourd’hui encore, “les propriétaires veillent tout parti- culièrement à ce qu’aucune faus- se note ne vienne distraire l’œil du visiteur” note la direction. Fontenay est classée au patri- moinemondial de l’Unesco depuis 1981, un label pour lequel la famille Aynard a beaucoup œuvré. C’est le deuxième site de la région à avoir été classé après Vézelay et depuis 2004, le clas- sement de ses extérieurs en “jar- dins remarquables” a renforcé encore l’attractivité de ce lieu où une certaine plénitude gagne

seniors se déplacent seuls main- tenant. C’est lié à l’évolution de la société” note Éric Viellard, le responsable d’exploitation de Fontenay. Cette P.M.E. d’une quinzaine de salariés se doit d’investir chaque année dans l’entretien, et par- fois dans de gros travaux de réno- vation (comme en 2017 avec tout un pan de la toiture du dortoir rénové et d’une galerie pour plu- sieurs centaines de milliers d’eu- ros). Cette année est particuliè- re pour Fontenay qui célèbre les 900 ans de sa fondation. “Nous multiplions par trois le pro- gramme d’animation habituel.” Un grand concert de William Christie le 19 juillet qui propo- sera “la Création” de Joseph Haydn était un des temps forts annoncés pour cet été 2018 qui devrait permettre à Fontenay de franchir un nouveau palier en termes de fréquentation. n J.-F.H.

Q uand il faut rénover 2 hectares de toiture et que l’on ne dispo- se pas, contrairement aux monuments nationaux, de subventions d’exploitation, il faut déployer des trésors d’ima- gination pour tenter, autant que faire se peut, de trouver l’équi- libre financier nécessaire à la pérennité de ce site 100 % privé, appartenant à la familleAynard depuis le début du XX ème siècle. Ouvert au tourisme depuis les années soixante-dix, l’abbaye de Fontenay est toujours entrete- nue par la famille Aynard. Elle est une des très rares abbayes cisterciennes à être restée intac- appartenir à des privés. Qui doivent, comme tout entrepreneur, conjuguer entretien du patrimoine et équilibre financier.

G evrey-Chambertin, Romanée-Conti, Clos de Vougeot, Montrachet, Cor- ton, Musigny…Ces noms qui s’égrè- nent au gré des Côtes de Beaune et de Nuits chantent déjà aux oreilles des ama- teurs de vin dumonde entier depuis des décen- nies. Mais plus que les vignobles, ce sont les Climats de cette portion de Bourgogne longue de 60 km et large d’1 à 2 km seulement que l’Unesco a classés en juillet 2015. Le mot “Cli- mat” ne se réfère pas à la météo mais corres- pond ici à un terme spécifiquement bourgui- gnon qui désigne le terroir viticole. “Chaque Climat de Bourgogne est une parcelle de vigne, soigneusement délimitée et nommée depuis des siècles, qui possède son histoire et bénéfi- cie de conditions géologiques et climatiques particulières. Chaque vin issu d’un climat a son goût et sa place dans la hiérarchie des crus (Appellation Régionale, Village, Premier Cru, Grand Cru). Les climats sont 1 247 à se suc- céder sur ce mince ruban courant de Dijon à Santenay, au sud de Beaune” explique Del- phine Thevenot-Martinez, responsable com- munication et mécénat à l’association des Cli- mats du vignoble de Bourgogne. C’est donc l’alliance entre l’homme et la natu- re que l’Unesco a souhaité valoriser et proté- ger, avec toute la culture patrimoniale cor- respondante : murets, murgers, cabotes (nos cabordes à nous), caves, cuveries, celliers, ain- si que le patrimoine monumental de Dijon et de Beaune qui gardent l’empreinte de cette histoire viticole née ici au VI ème siècle. de Dijon et de Beaune et s’étend de la Cité des Ducs au Sud de Santenay en Saône-et-Loire. En tant que “paysage culturel”, c’est le site le plus récemment classé au patrimoine mondial de l’Unesco dans notre région. Il comprend les villes

immanquablement le visiteur. L’abbaye bourguignonne attire chaque année quelque 90 000 visiteurs, même si “le touris- me est en pleine mutation. Les groupes se trans- forment en visiteurs individuels et les

Cette P.M.E. d’une quinzaine de salariés.

les Climats de Bourgogne, au-delà des vignobles,

Pourquoi valoriser des sites qui jouissent déjà d’une renommée mondiale ? “Si ces sites-là ont en effet une renommée mondiale, ils ne sont pas forcément systématiquement proté- gés de l’urbanisation et de la pression immo- bilière, notamment du côté des Côtes de Nuits. Ce classement n’est pas une mise sous cloche du territoire mais contraint tout le monde à le protéger pour pouvoir le transmettre” note Delphine Thevenot-Martinez. L’association pour laquelle elle travaille, créée en vue du classement à l’Unesco, met en place pour cela des animations et des outils pour favoriser la connaissance et la promotion de ces Climats. Le Mois des Climats en cours jusqu’au 8 juillet participe de cette transmission, avec 70 mani- festations (visites, spectacles, conférences…) au programme. La Maison des Climats, ouver- te à Beaune il y a tout juste un an, a déjà accueilli 27 000 visiteurs. n J.-F.H. c’est tout une histoire et un patrimoine viticole (photo a. Doire - B.F.C. Tourisme).

l’abbaye de Fontenay a la particularité d’être un monument historique 100 % privé (photo D.r.).

Dijon est à 1 h 15 de Besançon via l’A 36 et l’A 39, puis l’itinéraire démarre au sud de Dijon direction Marsannay-la-Côte https://www.climats-bourgogne.com/ Y aller

L’abbaye de Fontenay (commune de Marmagne, vers Montbard) est à tout juste 2 heures de Besançon par l’A 36 et l’A 6 direction Paris www.abbayedefontenay.com Y aller

l Jura

Les sites palafittiques Les invisibles cabanes préhistoriques jurassiennes

L’Unesco a classé d’un coup une centaine de sites qui abritaient au Néolithique des cabanes construites sur pilotis au bord des lacs. Deux communes jurassiennes sont concernées. Mais pas grand-chose à visiter…

D epuis le 27 juin 2011, les sites lacustres de Chalain et de Clair- vaux-les-Lacs (Jura) sont inscrits au Patrimoine mon- dial de l’Unesco avec 109 autres sites répartis dans 6 pays d’Eu- rope. Ces 111 sites au total ont tous la particularité de présen- ter des vestiges d’établissements préhistoriques palafittiques (c’est-à-dire sur pilotis). Datant d’environ 5000 à 500 avant J.- C., ils sont situés sur les bords de lacs, de rivières ou de terres marécageuses. Mais qu’on se le dise tout de suite : la déception risque d’être de taille pour ceux qui pensent visiter des vestiges à ciel ouvert. Les restes de ces cabanes sont enfouis sous des mètres d’eau et de vase dans les lacs de Chalain et Clairvaux,

qui méritent eux, largement le détour pour une pause baigna- de car ils comptent parmi les plus beaux lacs du Jura. Alors pourquoi ce classement à l’Unesco dont la demande a été entreprise par la Suisse ? “Si les Suisses ont demandé ce clas- sement à l’Unesco, c’est parce qu’autour de leurs lacs, notam- ment Neuchâtel et Bienne, il y a une pression touristique et fon- cière énorme, contrairement à la France où nos sites bénéfi- ciaient déjà d’une protection for- te” observe Aude Leroy, chef de service adjointe Culture et Patri- moine au Conseil départemen- tal du Jura. La seule réalité visible de ces sites préhistoriques, c’est l’ex- position archéologique présen- tée à Clairvaux-les-Lacs (salle

des fêtes) qui retrace quarante ans de fouilles et qui reproduit l’habitat de nos ancêtres du bord des lacs. “Il n’y a pas grand-cho- se à valoriser, c’est vrai” recon- naît le Département du Jura qui préfère miser sur le touris- me balnéaire. Peu de choses indi- quent non plus qu’on est sur un périmètre classé à l’Unesco : la faute au manque de dialogue entre les différentes collectivi- tés (Département, communau- té de communes, communes) qui ont chacun un bout de la pro- priété des berges et des lacs. D’où le manque criant de com- munication autour de ces richesses cachées à jamais. Une réflexion est néanmoins en cours sur la valorisation numérique de ce patrimoine englouti. n J.-F.H.

Seule curiosité à visiter à ce sujet, l’exposition présentée à la salle des fêtes de Clairvaux-les-lacs (photo a.l.D.-C.D. 39).

Chalain et Claivraux-les-Lacs sont respectivement à 1 h 20 et 1 h 30 de Besançon par la N 83 http://www.jura-tourism.com

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