La Presse Bisontine 200 - Juillet-Août 2018

DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 200 - Juillet-août 2018

l Doubs La saline royale d’Arc-et-Senans Le plus ancien site classé du Doubs décolle enfin

Réaction

Le directeur de la saline

“Notre souci est toujours d’élargir le public” Hubert Tassy a été nommé il y a trois ans à la tête de la saline pour redorer le blason d’un site perçu comme élitiste et trouver de nou- veaux publics. Rapport d’étape.

l a saline royale d’Arc-et-Senans revient de loin. Afin d’éviter d’être classé monument his- torique en 1927, le proprié- taire de l’époque, la société des Salines de l’Est qui se servait du site pour stocker du matériel, avait envisagé de dynamiter le portique d’entrée ! Autre époque…Le classement a tout de même eu lieu et le département du Doubs, qui a alors repris la pro- priété de la saline, a entamé une longue campagne de restauration. La guer- re est passée par là, la saline servira de camp d’internement pour les Tsi- ganes et de lieu d’accueil pour les réfu- giés espagnols fuyant le franquisme. “La prise de conscience du potentiel touristique de la saline remonte tout de même aux années vingt quand l’Au- tomobile club du Doubs a sollicité le longtemps été ignorée des locaux qui commencent, seulement, à se l’approprier. Premier site d’origine industrielle au monde à avoir été classé par l’Unesco dès 1982, la saline royale d’Arc-et-Senans a

ce la valeur universelle de cette ancien- ne usine pensée par Ledoux. Ce qui fut chose faite, après de fastidieuses démarches, en 1982. Depuis, malgré le label prestigieux, il a été assez dif- ficile de “faire vivre ce site rural et isolé” reconnaît Mme Sallé. La créa- tion d’unmusée de l’architecture dans les années quatre-vingt-dix n’a pas réussi à faire décoller le site sur le plan touristique. C’est “en démulti- pliant les animations et en diversi- fiant les propositions culturelles que tout le monde a commencé à y trou- ver son compte” note la responsable. Un festival des jardins qui prend de plus en plus d’ampleur, des résidences d’artistes, dont l’actuelle qui accueille le célébrissime musicien catalan Jor-

di Savall, un spectacle son et lumiè- re Lux Salina qui attire chaque été depuis trois ans près de 8 000 spec- tateurs (et qui implique des centaines de figurants bénévoles locaux), une patinoire désormais l’hiver avant les fêtes… Ces efforts ont eu un effet immédiat avec une fréquentation qui a bondi de 40 % en quelques années seulement pour friser les 130 000 entrées en 2017. Et à en croire le direc- teur du site, ce n’est pas fini… “L’ob- jectif est désormais d’élargir la fré- quentation tout au long de l’année, de mars à décembre et non plus de juin à septembre” ajoute Isabelle Sallé. n

La Presse Bisontine : Au regard des chiffres de fréquentation, il semble que la saline s’ouvre enfin à tous les publics ? Hubert Tassy : C’est précisément sur ce programme-là que j’ai été nommé direc- teur par le conseil d’administration il y a trois ans. Nous nous sommes fixé trois priorités. La première, c’est l’ancrage ter- ritorial. Il y avait un désamour entre la population locale et la saline, un patri- moine duquel ils se sentaient un peu exclus. Le deuxième objectif était de redonner une dimension internationale à ce site. Et le troisième, c’était, par la diversité de l’offre culturelle et d’animations, de conqué- rir de nouveaux publics. L.P.B. : Trois ans plus tard, estimez- vous la mission accomplie ? H.T. : Si on s’en tient aux chiffres, je le pense. Nous avions 90 000 visiteurs en 2015 et nous en avons eu 128 500 en 2017. Nous étions un peu inquiets à l’amor- ce de cette année 2018 car l’an dernier, nous avions eu l’expo Hergé qui a attiré beaucoup de monde, et en plus, la météo orageuse de ce printemps n’arrangeait pas les choses, mais pour le moment, nous sommes sur les mêmes niveaux de fréquentation que l’an dernier, et l’été ne fait que commencer. L.P.B. : Les Panoramas 2100 de Luc Schuiten, le festival des jardins, les concerts de Jordi Savall et une troi- sième saison de Lux Salina avec une nouvellemusique et un tableau de plus. Voilà pour les réjouissances de cet été. Pouvez-vous lever un peu le voile sur la saison suivante ? H.T. : Nous aurons deux temps forts autour

dee Jules Verne et son univers d’une part, et Woodstock dont on fêtera les 50 ans. Notre souci est toujours d’élargir le public. L.P.B. : Et à plus long terme ? H.T. : Nous avons des projets, via des fonds structurels européens, de changer complètement les parcours de visite des expositions permanentes, avec l’apport des technologies de réalité augmentée. D’autres grands projets pourraient à ter- me amener 150 000 visiteurs à l’année. La création d’abord d’une salle de spec- tacle dans la berne Est, une salle multi- modale de 500 places environ. Et ensui- te, l’identification du deuxième demi-cercle de la saline sur les 2 hectares de prairie à l’arrière de la saline, qui seraient déli- mités par une enceinte paysagère et ser- viraient à terme pour accueillir le festival des jardins qui pourrait lui aussi monter en puissance. Ce sont des axes très forts de développement. n Propos recueillis par J.-F.H. Alpes-Maritimes a encore d’ambitieux projets pour permettre d’atteindre les 150 000 visiteurs. Hubert Tassy, ancien directeur général adjoint du Département des

J.-F.H.

secrétariat d’État aux Beaux-arts, l’ancêtre du ministère de la Culture, pour protéger le site.Tout est parti de là” rappel- le Isabelle Sallé, direc- trice du pôle culture et patrimoine de la saline. Mais des décennies plus tard, c’est surtout à Ser- ge Antoine, grand com- mis de l’État apparte- nant à la D.A.T.A.R. que l’on doit la démarche engagée pour que l’Unesco reconnaissan-

8 000 spectateurs chaque été pour Lux Salina.

90 000 visiteurs il y a trois ans, près de 130 000 aujourd’hui à la saline, classée à l’Unesco depuis 1982.

La saline d’Arc-et-Senans est à une petite demi-heure de Besançon. Prendre la direction de Quingey, puis de Lombard http://www.salineroyale.com/ Y AlleR

l Jura

Une inscription par extension Salins-les-Bains dans la continuité d’Arc-et-Senans

Les salines de Salins-les-Bains ont été classées à l’Unesco en 2009 suite à une demande de la municipalité jurassienne d’étendre le classement d’Arc-et-Senans.

“O n a fourni en eau salée la saline d’Arc-et-Senans. C’était logique que soit reconnue la valeur des salines de Salins. D’autant que Salins- les-Bains, c’est 1 200 ans de pro- duction de sel !” note Perrine Lefebvre, chargée de la commu- nication et des partenariats. C’est donc en quelque sorte une relation mère-fille entre Salins et Arc-et-Senans qui a valu à la cité jurassienne d’être reconnue par les instances de l’Unesco. Car c’est ici qu’il faut venir, avant ou après avoir visité l’œuvre de Ledoux à Arc-et-Senans, pour vraiment sai- sir l’histoire et l’ampleur de cet- te activité saline qui a perduré de 780 à 1962, soit “1 200 ans de pro- duction sans interruption.” La commune de Salins a connu depuis le classement Unesco, “une

Le musée créé en 2009 dans les anciens greniers à sel et, surtout la galerie souterraine quasiment inchangée depuis le XIII ème siècle, munie de ses pompes hydrauliques du XIX ème font tout l’attrait de la visite. Les visiteurs goûtent éton- nés la saumure qui était puisée là, “plus salée que la Mer Morte” indique la chargée de communi- cation. Le bâtiment d’exposition où est expliquée la technique d’ex- traction (moins austère qu’à Arc- et-Senans, sauf à avoir un guide) complète bien la visite, avec sa poêle à sel unique en France. Salins n’est pas qu’un musée car beau- coup d’éléments techniques fonc- tionnent encore. C’est ce côté vivant qui séduit. Quand on visite Arc- et-Senans, un crochet par Salins s’impose. n J.-F.H.

augmentation notable de la fré- quentation” confirment les ser- vices. “On recevait environ 40 000 visiteurs par an. Juste après le classement à l’Unesco, on est mon- té à 75 000 et depuis quelques

Si on veut vraiment

comprendre la technique de fabrication du sel, c’est à Salins qu’il faut aller (photo A. Doire - B.F.C. Tourisme).

années, la fré- quentation se sta- bilise aux alen- tours de 65 000. Nous sommes le premier site payant visité du Jura.” Les salines voient arriver des touristes étran- gers que Salins ne voyait pas avant, si bien que “nous avons ins- tauré en juillet- août des visites en anglais et en alle- mand.”

De 40 000 à 65 000 visiteurs depuis le classement.

Salins-les-Bains est à 3/4 d’heure de Besançon par Quingey www.salinesdesalins.com/

Y AlleR

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