La Presse Bisontine 199 - Juin 2018

LE GRAND BESANÇON 36

La Presse Bisontine n° 199 - Juin 2018

Antoine Gérard,

ÉCOLE-VALENTIN 800 collaborateurs au total Cheval Frères : 170 ans de précision Une des plus anciennes sagas industrielles de la région née dans le Haut-Doubs en 1848, désormais dirigée par la famille Gérard, a traversé les décennies en s’adaptant sans cesse à l’évolution de son environnement économique, mais toujours fidèle au créneau de départ : la mécanique de précision.

président du groupe I.M.I.

Le nouveau siège du groupe I.M.I. Est également

implanté à École- Valentin.

mier atelier rue de la Mouillère, Guy Cheval décide dès le début des années soixante-dix de s’implanter dans la périphérie bisontine, sur un terrain qui n’était encore qu’un champ à vaches, sur la commune d’École-Valentin, là où une des usines du groupe existe toujours. “C’est notamment Guy Che- val qui, dès les années soixante-dix après avoir découvert cette technologie en Italie, a lancé l’activité laser pour le perçage des pierres d’horlogerie” pour- suit Antoine Gérard. La crise des années quatre-vingt n’a pas épargné le groupe Cheval qui se tourne alors vers des technologies inno- vantes et complémentaires de son cœur de métier horloger. “Ils ont lancé l’usi- nage de matériaux durs alors que l’ac- tivité pierres avait failli mourir. Che- val a beaucoup travaillé pour I.B.M. dans ces années-là, c’est ce qui a per- mis au groupe de perdurer.” C’est en 1994 que la famille Gérard arrive dans l’aventure Cheval. Créée en 1987 en région parisienne par Jean- Pierre Gérard, la société I.M.I. est éga- lement spécialisée dans la mécanique de précision. L’A.D.N. commun des deux sociétés familiales facilite donc le rap- prochement et Jean-Pierre Gérard fera l’acquisition de Cheval en 1994. “Au moment du rachat, l’effectif était de 120 salariés. Cheval avait quatre acti- vités principales : la fabrication de cou- ronnes et poussoirs, les pierres d’hor- logerie, les machines laser et l’usinage de matériaux durs.” Laser Cheval en tant qu’unité indépendante est créé en 2001 tandis que l’entreprise C.I.M.D. (matériaux durs) se développe dans une unité implantée quelques années auparavant au Portugal. En 2006, le groupe I.M.I. fonde Hardex à Marnay

D e la vis en bois au micro-com- posant technique en saphir, 170 ans se sont écoulés. De la petite usine des Fonte- nelles, sur le Plateau de Maîche, employant une poignée d’ou- vriers, aux différentes implantations en France, en Suisse, au Portugal, à l’Île Maurice et bien sûr dans le Grand Besançon faisant travailler aujour- d’hui près de 800 personnes, l’histoi- re du groupe Cheval (aujourd’hui grou- pe I.M.I.) s’est donc écrite sur plusieurs générations. Mais malgré son enver- gure désormais internationale, de la famille Cheval à la famille Gérard, le groupe est toujours resté à dimension familiale. C’est donc “en famille” que les 170 ans de l’entreprise seront fêtés. “Nous organisons d’abord un événe- ment pour tous nos clients et parte- naires à l’occasion du salon E.P.H.J. de Genève du 12 au 15 juin. Et dans un second temps, tous les salariés et

leurs familles seront invités à une soi- rée de prestige début juillet. Ces deux événements, je les considère vraiment comme des fêtes de famille” souligne Antoine Gérard, le président du grou- pe I.M.I. Le dirigeant actuel est donc l’héritier d’une longue tradition portée par deux familles successives, tradition née en 1848 dans le petit village des Fonte- nelles, entre Morteau et Maîche. Ate- lier de mécanique artisanal au départ, la société Cheval Frères a profité dès le début du XX ème siècle de l’essor de l’horlogerie pour adapter ses produc- tions à cette industrie florissante en fabriquant des couronnes et des pierres d’horlogerie. Précurseurs, les dirigeants du groupe, dont l’emblématique Guy Cheval, ont senti dès les années cin- quante qu’une implantation dans la région de Besançon permettrait de suivre de plus près les mutations de l’horlogerie.Après avoir investi un pre-

(fabrication et injection de céramiques). Le bel édifice construit par la famille Gérard est ébranlé en 2009, fragilisé par les soubresauts de la crise qui frap- pe de plein fouet l’industrie mondia- le. C’est cette année-là qu’Antoine Gérard, fils de Jean-Pierre, reprend les rênes du groupe. “J’ai vécu une pre- mière année pour le moins compliquée” se remémore le patron. La mécanique repart les années suivantes, jusqu’en 2015 où l’effectif total du groupe atteint les 570 salariés. L’enthousiasme de la reprise est subi- tement douché le 23 janvier 2014 quand l’usine Cheval Frères d’École-Valen- tin est ravagée par un incendie acci- dentel. “On a alors perdu 80 % de notre outil de production. Le personnel a été formidable dans ces moments compli- qués. Il y a eu un vrai élan de solida- rité de la part de tout le monde” obser- ve Antoine Gérard. Trois jours après l’incendie, on redémarrait la produc- tion dans des locaux provisoires à Ser- re-les-Sapins.” Le groupe a réinvesti dans la recons- truction d’une nouvelle usine sur le

site historique d’École-Valentin, opé- rationnelle depuis août 2016, et à côté de laquelle le groupe I.M.I. a ensuite installé son siège. “En parallèle, pour suivre une logique industrielle, nous avons décidé de regrouper Cheval et Hardex dans les mêmes murs. Dans le même temps, on a décidé d’occuper les locaux libérés d’Hardex à Marnay pour y installer Laser Cheval qui quittera donc Pirey. Nous n’avions pas de pos- sibilité d’agrandir à Pirey alors que c’était possible à Marnay dans des locaux qui nous appartiennent. L’inté- gralité de l’emploi est maintenue” ras- sure Antoine Gérard. Le déménage- ment de Laser Cheval de Pirey à Marnay sera opérationnel d’ici la fin de l’année. Parallèlement à ces restructurations internes, I.M.I. a renforcé ses positions par des opérations de croissance exter- ne. Fin 2016, le groupe rachète la socié- té suisse Stettler Sapphire spécialisée dans les glaces de montres et les com- posants techniques en saphir, avec ses 150 salariés basés à Bienne. Derrière cette récente acquisition, il y a bien “l’idée de créer un groupe franco-suis- se au moment où le label Swiss Made se renforce” confie Antoine Gérard. I.M.I. est devenu au fil des ans un inté- grateur complet de technologies pour le luxe et les industries de pointe. Dernière pièce du puzzle dans la stra- tégie de développement du groupe : le développement de la partie bijoux. “C’est la raison pour laquelle notre implantation sur le Grand Besançon est très importante pour nous. Nous sommes entre la Suisse et Paris, les deux axes stratégiques pour nos diffé- rentes activités.” 170 ans après sa fondation, après avoir crû, s’être adapté à l’évolution de son environnement industriel, traversé quelques tempêtes et turbulences, le groupe Cheval-I.M.I. est plus que jamais présent sur son territoire. Avec 250 salariés sur le bassin bisontin et 550 autres dans les implantations exté- rieures du groupe, il est, avec 800 col- laborateurs au total, devenu un des principaux acteurs industriels duGrand Besançon. Ça valait bien une petite fête familiale ! n J.-F.H.

Tout a commencé dans le Haut-Doubs en 1948, dans cette petite usine des Fontenelles.

Les ateliers de Cheval Frères à École-Valentin ont été e ntièrement refaits à neuf après l’incendie de 2014.

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