La Presse Bisontine 199 - Juin 2018

LE GRAND BESANÇON 32

La Presse Bisontine n° 199 - Juin 2018

LES AUXONS

Alain qui avait eu une moins bonne expérience d’accueil se trouve ici “au paradis.” Ses propres meubles ont été installés dans la chambre.

Un métier encore marginal

On recherche des accueillants familiaux Élisabeth Butard a une grande famille. Paul, Alain et Camille ont trouvé chez elle un nouveau foyer qu’ils ne se voient plus quitter. Cette habitante des Auxons pratique l’accueil familial depuis 25 ans.

Élisabeth Butard perçoit ses pensionnaires, Paul, Alain et Camille, comme des membres de la famille.

P arce qu’elles sont enco- re trop peu nombreuses dans le Doubs et que les besoins sont grands, le Département a lancé une cam- pagne de recrutement de familles d’accueil pour personnes âgées ou handicapées de plus de 20 ans. “Nous voulons faire connaître cette activité qui consti- tue une alternative à l’entrée en maison de retraite” , explique Odile Faivre-Petitjean, vice-pré- sidente du Conseil départe- mental en charge de l’enfance

et de la famille. À ce jour, le territoire compte seulement 25 accueillants fami-

dessous des besoins. “Il y a un manque surtout dans les villes, comme sur Besançon où nous n’avons pratiquement pas de famille d’accueil.” D’où la nécessité de trouver ces perles rares comme Élisabeth, qui serait prête à en accueillir plus si elle le pouvait. Chez elle, cela répond d’une vraie voca- tion. “Je suis d’une famille de famille d’accueil. Ma sœur et mon frère l’ont été avant moi.” La complicité avec ses pension- naires saute aux yeux quand ils évoquent ensemble leur quoti- dien : entre le souvenir de cet anniversaire qui s’est terminé au petit matin, les sorties au restaurant chinois où ils ont leur habitude, et les objets décora- tifs de Johnny Hallyday qu’elle a fabriqué pour la chambre de Paul. Ce dernier se montrera même très ému en parlant de son éventuel départ en retrai- te, synonyme pour lui de nou- veau placement.À 63 ans, Babe- th - comme ils l’appellent - n’est toutefois pas prête à raccrocher. Camille, atteint de cécité depuis deux ans, la surnomme même “la Reine”. “Une ancienne de mes pensionnaires trisomique regar- dait beaucoup de Paris Match. Elle m’avait associé à ces images et c’est resté”, s’amuse-t-elle. Chacun dispose ici de sa chambre et de sa propre télé.Tout le mon- de partage l’espace de vie com- mun et Élisabeth a sa chambre à l’étage. Elle n’a pas souhaité de cloisonnement des espaces comme cela peut se voir ailleurs. Dans sa maison, on mange tous ensemble, on se tutoie et on s’em-

liaux pour 37 agréments - une famille pouvant obtenir jusqu’à trois agréments. Sur le Grand Besançon, cela représenterait une dizaine de personnes accueillies. Un chiffre bien en

7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

brasse. Leur récent passage sur Fran- ce 3 leur a valu une petite noto- riété. “J’ai répondu aux 700mes- sages reçus sur Facebook. Une seule personne s’est montrée néga- tive ne croyant pas qu’on pou- vait s’investir 24 heures sur 24.” La présence permanente est certes l’une des difficultés de l’activité. “Je ne prends jamais de vacances mais je suis bien

ici” , note Élisabeth. Elle recon- naît aussi qu’il a parfois des ten- sions “comme dans toute famil- le” et veille à ne pas trop se laisser déborder. “Je dois parfois leur rappeler de m’aider dans les tâches du quotidien.” Pour son accueil, elle perçoit 2 300 euros par mois.Une rému- nération, établie selon des grilles et les niveaux d’autonomie, qui ouvre droit à une couverture

sociale et à la retraite mais pas au chômage. L’activité est éta- blie sous contrat privé entre l’ac- cueillant et l’accueilli. Certaines conditions d’accueil sont à rem- plir (minimum de 9 m 2 par chambre, sanitaires proches…) et c’est le Département, qui délivre l’agrément, qui organi- se la formation initiale et conti- nue de l’accueillant. n S.G.

Paul et Élisabeth se retrouvent autour de leur intérêt commun pour les animaux et Johnny.

Pour en savoir plus : 03 81 25 89 64 ou accueil.familial@doubs.fr