La Presse Bisontine 197 - Avril 2018

SANTÉ 34

La Presse Bisontine n° 197 - Avril 2018

THÉRAPIES Une plateforme de production à Besançon L’E.F.S. à la pointe de l’immunothérapie Des médicaments nouvelle génération, dits “de thérapie innovante”, émergent peu à peu. Préparés à partir de cellules humaines modifiées, ils portent des perspectives de soins révolutionnaires et sont développés à l’Établissement français du sang de Bourgogne-Franche-Comté.

Pascal Morel dirige l’E.F.S. Bourgogne- Franche- Comté, qui est associé à l’I.N.S.E.R.M. et l’Université au sein de l’unité mixte de recherche 1 098.

O n réduit souvent l’E.F.S. locale au don du sang, à la transfusion ou au fait qu’il soit la première

expertise en immunothérapie reconnue au niveau national, qui pourrait bientôt permettre la mise en œuvre de traitements de pointe pour les cancers et les maladies inflammatoires. L’immunothérapie : c’est ce prin- cipe qui vise à mobiliser les défenses immunitaires du patient contre sa maladie. “Tout a commencé avec la greffe de moelle. À travers ce procédé, on ne se contentait pas que de gref- fer des cellules saines, on gref- fait aussi les cellules immuni- taires du donneur. Sans le savoir, on faisait en déjà” , explique Pas- cal Morel, directeur de l’E.F.S. Bourgogne-Franche-Comté. Au-delà de son savoir-faire déve- loppé dans la manipulation des cellules sanguines, l’Établisse- ment s’attache depuis des années à comprendre les mécanismes immunitaires et leurs dérègle- ments. Ce qui a donné lieu à

banque française de sang pla- centaire. Sans savoir que dans ses murs du bâtiment de la rue Girod, se développe aussi une

qu’on appelle gêne suicide” , pré- cise Pascal Morel. “L’étude T.K.O. de Pierre Tiberghien avait été remarquée. Depuis, nous avons encore progressé dans le génie cellulaire avec le travail des D r Ferrand et Deschamps.” Reste le problème du coût de ces médicaments, dans la pers- pective d’une prochaine indus- trialisation. C’est pourquoi le projet MiMédI vient d’être lan- cé. Dix partenaires académiques et industriels locaux se sont fédérés pour construire un bio- réacteur d’ici 2022. “Il ne faut pas qu’on soit empêché de les produire une fois qu’ils seront efficaces et ce qu’on aimerait, c’est que ces médicaments soient produits à Besançon, où ils sont nés” , conclut le directeur de l’E.F.S. n S.G.

iCasp9, HuMoSC, UCP-Vax… Des projets de thérapie, aux noms barbares, mais qui pour- raient bien un jour révolution- ner une partie de la médecine. Il y a deux ans, l’E.F.S. s’est vu franchir un nouveau cap en ouvrant sa plateforme de pro- duction de médicaments de thé- rapie innovante. La cinquième après Nantes, Grenoble, Tou- louse et Créteil. Grâce à des équipements adap- tés et deux salles blanches à haut niveau d’exigence, l’Éta- blissement peut désormais pro- duire ses propres médicaments. “Nous sommes devenus établis- sement pharmaceutique.” Une nouvelle perspective qui a conso- lidé, au passage, son panel de compétences, élargi au champ de l’application. Plusieurs nouveaux médica-

ments sont actuellement en pha- se d’étude clinique ou pré-cli- nique. Le projet “SuperMApo” (pour lequel a été déposé un bre- vet en 2014) prévoit notamment la mise sur le marché d’un nou- veau type d’anti-inflammatoi- re qui utilise les propriétés net-

toyantes de nos cellules, efficace contre la polyar- thrite rhumatoï- de, la maladie de Crohn, etc.Tandis que le projet “Side by C.I.D.e” veut utiliser des lym- phocytes généti- quement modifiés pour réduire les complications de la greffe de moel- le osseuse, “avec un bouton on/off,

Des études cliniques déjà engagées.

La plateforme de production, et ses salles blanches où sont préparés les médicaments, a nécessité 2,5 millions d’euros cofinancés par l’Europe, l’État et les collectivités locales.

EN BREF

BESANÇON

Une femme sur dix touchée L’endométriose reste difficile à diagnostiquer

Verre et prose En collaboration avec la mairie de Dannemarie- sur-Crète, l’Association Comtoise d’Auteurs, Indépendante (A.C.A.I.) organise le dimanche 29 avril à la salle polyvalente de Dannemarie la sixième édition du Salon littéraire “Le verre et la prose”. Cette manifestation est parrainée par André Besson. L’invité d’honneur de cette année est Guy-Louis Anguenot qui offrira aux visiteurs la primeur de leur dédicacer son tout nouveau roman “Gabriel, l’appel de la forêt”. Renseignements : Gilles Galliot au 03 81 58 55 56 ou 06 73 49 62 94. Pèlerinages Le service interdiocésain des pèlerinages organise un pèlerinage à Rocamadour et Conques du 10 au 14 avril, pour découvrir deux lieux emblématiques que sont Rocamadour et son rocher et Conques et sa célèbre abbatiale, étape sur le chemin de Compostelle. Autre visite : la capitale du limousin et le lieu dramatiquement connu Oradour-sur-Glane. 5 jours pour goûter à une expérience de pèlerinage pleine de fraternité. Renseignements au 03 81 25 28 22.

C ela fait seulement deux ans qu’elles peuvent envisager leur vie sereinement, sans appré- hender le moment venu des règles douloureuses. “Je me tordais à chaque fois de douleurs en restant cou- chée, sans pouvoir me lever” , confie Del- phine. Pour cette jeune femme qui habi- te Montbéliard, il aura fallu toutefois passer par une stomie (déviation du colon vers une poche extérieure) pour sortir du calvaire. “J’ai vu plein de méde- Sous-estimée et encore méconnue, cette maladie peut entraîner l’infertilité ou des dommages notables sur différents organes. Deux Franc-Comtoises concernées en parlent.

Endofrance est une association de patiente, créée il y a 17 ans, composée aujourd’hui de plus de 1 200 adhérentes. Delphine et Léa sont les référentes en Franche-Comté.

noncé assez tard. Trop tard ? La ques- tion reste posée dans la mesure où elle a dû, elle aussi, passer par une opéra- tion. La maladie ayant généré des com- plications au niveau des intestins. Dans son cas, une récidive l’a conduite une deuxième fois au bloc. “J’ai échappé à la poche intestinale mais j’ai quand même été privée de Nutella pendant plus d’une semaine” , s’amuse-t-elle. Car si cela a été dur, aujourd’hui toutes deux disent vivre très bien avec. “Une fois diagnostiquée et le traitement mis en place, il n’y a pas de problème.” Le plus souvent, les patientes sont pla- cées en aménorrhée (absence de règles via un traitement hormonal), ce qui permet de diminuer les symptômes

(règles et rapports sexuels douloureux, saignements abondants, longs ou anar- chiques, troubles intestinaux et uri- naires…). C’est d’ailleurs ce message d’espoir que ces deux représentantes locales de l’as- sociation EndoFrance veulent faire pas- ser. “Il faut absolument en parler pour arrêter de banaliser la douleur et aller voir un médecin en cas de doute” , pré- cise Delphine. La maladie restant sou- vent détectée par hasard 6 à 8 ans après avec des complications de type micro- hémorragies internes, formations de kystes et nodules… “Il y a aussi des femmes asymptoma-

tiques chez qui on la découvre car elles ont un problème d’infertilité” , note Léa. Si la récente médiatisation autour du désir d’enfant de l’actrice Lætitia Milot (qui est d’ailleurs la marraine d’Endo- France) a permis de faire avancer les choses, il reste encore du chemin à fai- re. “Nous essayons d’obtenir les auto- risations auprès du Rectorat pour pou- voir former les infirmières scolaires.” Mais pour l’instant, leur sollicitation reste sans réponse. En Normandie et dans les Pays de la Loire, ce genre d’in- terventions a déjà cours car “plus la prise en charge est tôt, meilleur c’est.” n S.G.

cins qui me disaient que certaines femmes avaient des règles plus doulou- reuses que d’autres. Pour mamère et ma grand-mère, c’était déjà le cas, alors on se disait que c’était com- me ça, jusqu’au jour où je me suis retrouvée au ser- vice gastro-entérologie du C.H.U. Minjoz.” On suspectera d’abord la maladie de Crohn avant des examens plus poussés, diagnostiquant une endo- métriose sévère. Pour Léa, originaire de Pontarlier, le mot a également été pro-

Les infirmières scolaires de l’Académie bientôt formées ?

Contact : franchecomte@endofrance.org

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