La Presse Bisontine 197 - Avril 2018

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22 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 197 - Avril 2018

l Association Plus les moyens de poursuivre son action L’appel au secours

du Nid à Besançon

Paradoxe : à l’heure où une commission officielle se met en place dans le Doubs, la principale association qui aide les prostitué(e)s et lutte contre la prostitution est exsangue sur le plan financier. Sa disparition prochaine n’est pas exclue.

I l y a près de quinze ans, la délé- gation départementale du mou- vement Le Nid (association recon- nue d’utilité publique implantée dans toute la France, qui agit sur les causes et les conséquences de la prostitution) bénéficiait des aides publiques suivantes : 6 000 euros de la part de l’État, 3 500 euros du C.C.A.S. de Besançon, 1 500 euros du Conseil départemental et 1 500 euros de la M.S.A. En 2017, alors même que la loi sur la prostitution d’avril 2016 et l’évo- lution alarmante de la prostitution

chez les jeunes préoccupe, le Nid n’a reçu plus que 4 000 euros de la part de l’État, 1 000 euros du C.C.A.S. et tou- jours ces 1 500 euros du Conseil dépar- temental. Face à ce constat, la délégation locale du Nid s’interroge sérieusement sur son avenir. Ce n’est sans doute pas un hasard si le Nid a boycotté la réunion de mise en place de la commission de lutte contre la prostitution le 7 mars dernier à la préfecture de Besançon. Manque de moyens, baisse de l’enga- gement bénévole, la déléguée dépar-

tementale du Nid Marion Beauvois ne cache pas son pessimisme. “Il y a une vraie frustration de ne même pas pou- voir travailler sereinement au moment même où l’État semble vouloir traiter à sa juste mesure la question de la pros- titution. Si les choses ne s’améliorent pas, nous serons obligés d’envisager une fermeture de la délégation départe- mentale du Nid” déplore Marion Beau- vois qui ajoute : “Même avec la meilleu- re volonté du monde, on ne peut pas travailler sans moyens. Nous n’avons plus aucun salarié depuis le 18 janvier

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À ces personnes prostituées, le Nid apporte de l’accès aux soins, des cours de français dans un second temps. L’avenir du Nid devrait être scellé “d’ici un mois” note Marion Beauvois.Avant cela, la concertation se poursuit avec le mouvement national du Nid et un des financeurs “qui nous pousse à conti- nuer. Seulement, sans moyens supplé- mentaires, on n’y arrivera pas. On ne

dernier” note la déléguée dont l’asso- ciation est basée rue de la Bibliothèque à Besançon. Pour l’instant en sommeil, le mouve- ment du Nid prend le temps de la réflexion avant d’annoncer, ou non, sa disparition.Marion Beauvois veut enco- re croire à un sursaut des autorités. “Il y a bien eu cette loi de 2016 sur la pros- titution mais depuis, on n’a rien vu venir. J’ai alerté les autorités sur notre situation, je n’ai obtenu aucune répon- se. En 2017, la déléguée régionale aux droits des femmes a préféré attribuer la plupart des crédits dédiés à la pros- titution au P.A.S., une structure dijon- naise” déplore la responsable du mou- vement qui organisait jusqu’à ce qu’il n’en ait plus les moyens financiers et humains des “rencontres de rue” à Besançon. “C’est là que le lien se crée avec les personnes. Si on ne peut plus faire ça, on n’a plus de raison d’être.”

peut pas faire du bricolage avec des personnes victimes dans des situations souvent dramatiques.” LeNid attend que des autorités bienfai- trices se penchent sur lui, avec les moyens nécessaires pour poursuivre sa diffici- le, et souvent invisible,mis- sion. Pour cela, leNid aurait besoin d’un budget annuel de 50 000 euros. n J.-F.H.

L’avenir du Nid scellé “d’ici un mois.”

La lutte contre la prostitution commence souvent par des actions de prévention comme ici cette animation du Nid avec le personnel du C.R.O.U.S. et de la médecine préventive de Besançon (photo archive L.P.B.). l Associations Un réseau d’intervenants Lutte contre la prostitution : un travail de l’ombre Autorités policières pour le démantèlement de réseaux, ou associations

En zone gendarmerie, les infractions sont encore plus rares. “Le bilan est extrêmement mince pour nous, recon- naît Éric Luzet, chef de division au groupement de gendarmerie du Doubs. Je me souviens d’une procédure il y a quelques années déjà où était impliqué le tenancier d’un établissement de liber- tinage. Nous n’avons eu aucun fait ces deux dernières années.” Pour le reste, c’est essentiellement aux associations que revient le travail de lutte contre le phénomène prostitu- tionnel. Créée en 1988, la délégation bisontine du mouvement Le Nid tra- vaille autour de plusieurs axes : la ren- contre des personnes sur les lieux de prostitution, l’accompagnement des personnes prostituées ou en réinser- tion, la prévention auprès des jeunes et la sensibilisation du grand public, la formation des différents acteurs pou- vant être en lien avec notre public (tra- vailleurs médico-sociaux, juristes, avo- cats, policiers, etc.). “Comme dans la plupart des villes françaises, nous ren- controns de plus en plus de personnes d’origine étrangère à Besançon. La plu- part sont clairement identifiées comme étant des victimes de la traite des êtres

humains. Nous rencontrons régulière- ment les personnes prostituées la nuit soit sur les lieux de prostitution - c’est ce que nous appelons le “contact” -, soit à notre permanence” noteMarion Beau- vois du Nid-Besançon. Le “contact” se fait (ou plutôt se fai- sait) le plus régulièrement possible à raison de deux soirs par mois enmoyen- ne. Il se déroule sur les trottoirs bison- tins, au centre-ville et par équipe de deux. “C’est une démarche qui permet de créer un lien, une parole, une écou-

pour le soutien aux personnes victimes

“A ujourd’hui, les filles res- tent au maximum trois semaines sur la voie publique, puis elles repartent dans d’autres villes ou d’autres pays” note Régis Millet, le chef de l’an- tenne bisontine de la P.J. Et même si les hôteliers sont également sensibili- sés à cette question - une convention a notamment été passée avec le grou- pe Accor -, le phénomène prostitution- nel semble de plus en plus difficile à appréhender. Le démantèlement de réseaux, parfois au bout de longs mois d’enquête, reste rare. Et les interven- tions répressives également. “En 2016, nous avons fait fermer un salon de mas- sage d’origine chinoise” note M. Millet. de prostitution, la lutte contre le phénomène est toujours plus difficile.

La prostitution sur Internet est beaucoup plus difficile à traquer.

te. Aucun contact ne se ressemble mais tous sont empreints de notre part d’un profond res- pect et du désir de la rencontre d’une per- sonne en tant que tel- le.” L’action des asso- ciations de terrain sur Besançon se traduit ensuite le plus souvent par un accès aux soins en accompagnant les personnes à la Perma- nence d’Accès aux Soins et Santé, à Médecins du Monde, au Centre

La démarche permet de créer un lien, une parole, une écoute.

de Dépistage Anonyme et Gratuit, au Centre d’Information et de Consulta- tion sur la Sexualité, au Centre de pla- nification ou encore au service des urgences, ainsi que par un soutien dans les démarches administratives (Pôle Emploi,Tribunal, C.A.F., C.P.A.M., etc.), “en lien avec des partenaires spéciali- sées en matière d’emploi, de formation, de santé et de logement (C.M.S., Inter- med, Blanchisserie du Refuge, Jardins de Cocagne, Espaces Solidaires du C.C.A.S., S.A.A.S., C.H.R.S. le Roseau ou encore Pôle Emploi).”

Avant de connaître ses difficultés (voir l’article plus haut), le Nid continuait d’accompagner 5 personnes qui avaient quitté la prostitution. “En général, ce sont des femmes à personnalité très for- te et avec un caractère assez dur, ce qui leur permet d’affronter les nombreux obstacles rencontrés dans leur démarche de sortie de prostitution. Souvent, cet- te décision intervient après un événe- ment comme une agression, un déman- tèlement, une rencontre ou une grossesse” note le Nid. n J.-F.H.

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