La Presse Bisontine 197 - Avril 2018

LE DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 197 - Avril 2018

LES AUTORITÉS S’ATTAQUENT AU PHÉNOMÈNE PROSTITUTION

Une instance officielle pour lutter contre la prostitution l Innovation Violences faites aux femmes Une commission départementale de lutte contre la prostitution, le proxénétisme et la traite des êtres humains à des fins d’exploita- tion sexuelle a été officiellement installée par le préfet du Doubs. Elle vise à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées. Les dernières avancées législatives en matière de lutte contre la traite humaine ont donné naissance ce mois-ci à la création à Besançon d’une commission départementale de lutte contre la prostitution. Si la majorité des avis convergent vers une meilleure protection des victimes, il existe à Besançon des voix qui s’élèvent pour reconnaître la libertéde disposer de son corps. La prostitution dans le milieu étudiant en atteste. Dossier.

Cette commission a été officiellement installée le 7 mars dernier à la préfecture du Doubs à Besançon.

L a mondialisation a ses revers partout, y com- pris en matière de prostitution. Les pros- tituées qui sévissent sur les trottoirs bisontins sont désormais, dans une très large majorité, des étrangères. “Cet- te évolution s’accompagne d’une traite humaine de plus en plus intense. Depuis une quinzaine d’années, la prostitution a lais- sé la place à la traite des êtres humains” note Raphaël Bartolt, le préfet du Doubs qui présidait le 7 mars dernier l’installation de cette commission départe- mentale de lutte contre la pros- titution, le proxénétisme et la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle. Elles seraient, à l’échelle mondiale,

qui travaille sur la prise en char- ge des personnes victimes de prostitution. Cette nouvelle commission com- posée de magistrats, de hauts fonctionnaires, de représentants des forces de l’ordre, de membres d’associations ou encore d’un médecin s’est donné deux mis- sions principales : l’élaboration et la mise en œuvre d’une poli- tique de prévention et de lutte contre la prostitution à l’échel- le départementale, et la prise de décision concernant les demandes de mise en place et de renouvellement des parcours de sortie de prostitution, finan- cés par l’État. Cette commission administrative doit se réunir au moins une fois par an “et autant que de besoin pour l’exa-

pas moins de 22 millions les vic- times de la traite, la plupart d’entre elles (79 %) à des fins d’exploitation sexuelle. Dont 20 000 à 30 000 en France. “85 % sont des femmes, 93 % sont des étrangères et 51 % ont déjà subi

Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations. La création de cette commission destinée à lutter contre le phé- nomène à l’échelle du départe- ment duDoubs est une des appli- cations concrètes de la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système pros- titutionnel et à accompagner les personnes prostituées. “La posi- tion abolitionniste de la France en vigueur depuis la loi Marthe- Richard de 1946 est réaffirmée avec cette loi, mais pour en finir avec cette idée de “plus vieux métier du monde”, la loi de 2016 renforce d’une part la lutte contre le proxénétisme et d’autre part elle responsabilise les clients et interdit l’achat d’actes sexuels.

Elle propose également une pri- se en charge globale des per- sonnes en situation de prostitu- tion. En résumé, les prostituées sont désormais reconnues com- me des victimes et non plus com- me des délinquantes. C’est dans ce cadre-là que cette nouvelle commission a été créée” pour- suit la déléguée aux droits des femmes. “Le vote par l’Assem- blée Nationale de cette loi ren- forçant la lutte contre le systè- me prostitutionnel est une victoire historique. Cette loi a mis fin à 76 ans de répression à l’encontre des personnes prostituées en abrogeant le délit de racolage et offre de nouvelles perspectives pour la prévention, la réinser- tion et l’accompagnement” se félicite le mouvement du Nid

men des situations individuelles” ajoute Éline Chenillat. Depuis leur mise en place pro- gressive dans les différents départements français, ces com- missions départementales ont déjà permis de valider 25 par- cours de sortie, dans 9 dépar- tements différents. Dans le Doubs, l’efficacité - ou non - d’une telle instance sera jugée dans les prochains mois. Le préfet du Doubs s’est enga- gé à tirer un bilan au moins annuel de l’action de cette com- mission dont la principale dif- ficulté est de presque partir d’une feuille blanche. Après les intentions, les associations, et sans doute les victimes, atten- dent désormais les actes. n J.-F.H.

des violences physiques dans le cadre de la prostitution. Il est à noter que 90 % des clients sont des hommes” résu- me Éline Che- nillat, chargée de mission départementa- le aux droits des femmes à la Direction

“En finir a vec cette

idée de “plus vieux métier du monde.”

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