La Presse Bisontine 197 - Avril 2018

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 197 - Avril 2018

Bientôt un livre mémoire des 408 LA GRETTE En parallèle des premières démolitions Les anciens et derniers habitants du quartier sont invités à raconter leur histoire. Un appel à témoignages a été lancé par la Ville et la compagnie Tera Luna dans l’optique d’une publication à l’automne.

Noémie Dorchies et Sébastien Barberon de la compagnie Tera Luna invitent les habitants à se raconter.

“4 08”, comme le nombre des pre- miers logements créés le long de la rue Brûlard. L’appellation était

son côté les archives photos. 1 000 exemplaires prévoient d’être édités et distribués à l’oc- casion de la réouverture de la maison de quartier, lors d’un moment festif. “La mise en page est prévue pour juin-juillet, le tirage suivra durant l’été pour une publication en octobre.” n 3 ans de chantier L’entreprise Chastagner, du grou- pe Eiffage, a été chargée de la démolition des trois immeubles, chiffrée à 2,9 millions d’euros (sur un budget global de 9,5 mil- lions). Le chantier, commencé en février, se poursuivra jusqu’en septembre 2021, avec de pre- miers démontages visibles à par- tir de cet été. n

toute trouvée pour ce quartier, né après-guerre pour loger les salariés de la Rhodiaceta et de Lip. Un nom qui lui restera, alors qu’il deviendra pourtant

vite obsolète, avec l’ajout un an plus tard d’un troisième immeuble et de 180 logements supplémentaires pour accueillir également les rapatriés d’Al- gérie et les vagues de migra- tion. De ces constructions et des années qui ont suivi, avec une période récente plus noire fai- te de paupérisation et de tra- fics de drogue, reste bien sûr une histoire, qui, à l’aube de la déconstruction du quartier, se devait d’être racontée. “Nous voulions en garder la mémoire” , explique Thibault Respingue, chargé de mission à l’action cul- turelle de la Ville de Besançon. Comme un passage de témoin avant la future reconstruction et “comme cela a déjà été fait sur Fontaine-Écu ou les Clairs- Soleils.” La compagnie bisontine Terra Luna, spécialiste de cette ques- tion de la mémoire, a été choi- sie pour mener à bien ce projet,

encore fixée. Il s’agira en tout cas de “faire parler les gens et les murs, plus que d’apporter un point de vue historique et socio- logique.” Convaincu que “la mémoire collective n’existe pas” et qu’elle résulte plus “d’une somme de mémoires indivi- duelles” , Sébastien Barberon veut mettre le doigt sur l’inti- me. “Certains y ont vécu 6 mois, d’autres 30 ans, mais à chaque fois il y a cette impression de microcosme.” L’écueil serait de tomber dans le misérabilisme ou le voyeu- risme. “Les habitants ne veulent pas qu’on dise que c’était un quartier chaud.” Lui compte sur- tout “raconter la petite et la gran- de histoire avec l’écho d’événe- ments nationaux ou locaux (coupe du monde 98, grèves…).” Le photographe et graphiste Quentin Coussirat, également associé à l’ouvrage, réunit de

lancé il y a un an et demi et qu’elle a baptisé “Les veilleurs de jour.” Il devait prendre la for- me d’un spectacle vivant, avec des visites théâtralisées, mais un changement de cap il y a six mois a opté en fin de compte pour un livre. “Les familles étant nombreuses sur le départ, cela nous a paru plus légitime” , résu- me Thibault Respingue. L’auteur, Sébastien Barberon,

aidé de Noémie Dorchies, en est pour l’heure à la collecte de témoi- gnages. “On vou- drait que cela prenne l’allure d’un carnet de voyage.” Est-ce le quartier qui par- lera de lui ou un personnage ima- ginaire qui s’y baladera ? Là- dessus, la com- pagnie n’est pas

“Pas un quartier chaud pour eux.”

En guise de clin d’œil, les 408 premiers livres seront numérotés. On y retrouvera aussi de vieilles photos de famille (photo Q. Coussirat).

S.G.

Contact : teralunadiffusion@gmail.com

EN BREF

CHAPRAIS Vie associative Le grand retour du polaroïd et de la photo argentique L’Inutile association, à l’origine d’un happening photomaton autour du Petit Prince de Saint-Exupéry, remet au goût du jour le “pola”. Pour le plus grand plaisir des nostalgiques.

Mort imminente Conférence-débat le samedi 21 avril à 14 h 30 à l’hôtel Siatel (Châteaufarine) organisée par l’association Cercle Spirite Allan Kardec sur le thème “Expériences de mort imminente”. Il arrive qu’après un fort traumatisme, (opération chirurgicale, coma, accident…), le témoin se voit flotter au-dessus de son corps dans un bien- être total, traverser un tunnel conduisant à une attirante lumière, ressentir la présence d’êtres décédés et aimés, un amour inconditionnel et l’obligation de faire un choix, rester ou retourner dans son corps pour continuer sa vie auprès des siens. Allan Kardec fut le premier à étudier de façon rationnelle des phénomènes Rens.: 03 81 51 25 33. Madeleine Proust Comme les trois dates à Besançon, au théâtre Ledoux, sont complètes, la Madeleine Proust a ouvert une quatrième représentation le lundi 2 avril à 17 heures Location : N.G. au 03 81 54 20 47 ou Forum au 03 81 81 86 06. Par ailleurs, un bus Ontours est organisé pour la représentation à L’Olympia le dimanche 3 juin à 16 h 30. Voir info sur le site : www.madeleineproust.fr

I ci, on ne parle pas de club photo à proprement parler mais plutôt d’échanges sur les pratiques. Cette association bisontine, créée il y a un peu moins de deux ans, rassemble des amoureux de vieux appareils photos et de belles images. “Nous sommes des grands fans de vide-greniers. On récu- père des objets qui ont parfois mal vieilli et d’autres qui sont de vraies merveilles. On aime les imperfections et le caractè- re aléatoire de l’argentique” , remarque Annaïck Le Scouëzec, sa présidente. “Pour nous, l’image, c’est quelque chose qui se touche, se patine et se travaille” , ajoute Vincent Capelli. Cette bande de copains fait pourtant partie de cette génération qui est pas- sée très vite au numérique. Certains ont toutefois connu les labos photos, chambres noires et tirages papiers par l’intermédiaire de leurs parents. Ils en ont gardé cette image sacrée de la pho- to. “Autrefois, on ne faisait qu’une à deux photos par week-end, bien loin de cette

logique de consommation et du jetable.Au tout début, il y avait même ce temps de pose long avec des postures dignes et figées, alors qu’aujourd’hui on est sur des selfies et des bouches en cœur !” C’est donc par “ras-le-bol du numérique” et avec cette envie “de prendre le contre- pied de ce qui se passe aujourd’hui dans le milieu culturel, où l’on cherche en per- manence à savoir combien ça coûte, com-

Les “inutiles associés” (de gauche à droite : Cyril, Annaïck et Vincent) partagent ce goût pour les vieux appareils photos.

pour en faire un ouvrage” , explique Annaïck Le Scouëzec. L’association a également déjà prêté des polaroïds à la Citadelle pour des ani- mations et participe chaque mois d’avril au festival national “Expolaroïd”. “On voit bien que ça revient au goût du jour, à travers notamment les filtres d’Insta- gram, sa réapparition dans les mariages ou l’arrivée de nouveaux appareils sur le marché, mais ça reste encore margi- nal.” L’an dernier, leurs ateliers polaroïd (qui fournissaient appareil et pellicule à qui

le souhaitait pour se balader en ville), avaient en tout cas bien fonctionné, avec “des prises de vues très variées, aussi bien de jeunes qui n’en avaient jamais touché que de plus anciens qui avaient ce lien nostalgique au pola” , souligne Cyril Chataigner, parmi les “inutiles associés”. Ces passionnés du old school photographique en avaient tiré une expo- sition et fourmillent déjà de bien d’autres idées (encore à concrétiser) pour asseoir cette deuxième jeunesse de l’instanta- né. n S.G.

bien ça va rapporter” , que l’association a eu l’idée de monter des projets “inutiles” tels que sa “revi- site” du Petit Prince. L’été dernier, lors de la fête de quartier Chaprais-Cras- Viotte, elle a ainsi propo- sé ce happening. “On attri- buait des séquences du Petit Prince à des volontaires, en les déguisant sommai- rement. Ils repartaient avec leur photo polaroïd et nous en avons gardé des copies

Un festival dédié en avril.

Contact : linutileassociation@gmail.com

Made with FlippingBook Learn more on our blog