La Presse Bisontine 194 - Janvier 2018

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 194 - Janvier 2018 8

Tensions à la Région L’ intersyndicale (C.F.D.T. - U.N.S.A. - C.G.T. - C.G.T. F.O. et F.S.U.) a déposé un pré- avis de grève le 5 décembre, quelques heures avant que la présidente de Région ne convie tous les agents à un point le soir à Micropolis-Besançon. Les syn- dicats réclament à la présiden- te de Région une reprise d’un vrai dialogue social, craignent une remise en cause des acquis sociaux et demandent d’ac- compagner les agents. Sur l’absentéisme, Dominique Aubry-Frelin (C.F.D.T.) demeu- re prudente. “Les derniers chiffres que nous avons pour 2017 sont de 9,5 % dans les lycées : 3 000 agents avec des métiers pénibles physiquement et 4,5 % au siè- ge : 1 000 agents, avec une pression de la fusion” dit-elle. Selon le syndicat, ces moyennes recouvrent de fortes disparités. Les agents des lycées - où le taux est au-dessus de la moyen- ne - se retrouvent souvent en commission de “bien vivre au travail” avec des problèmes signalés par les syndicats, la médecine de prévention ou les assistantes sociales. n

l Syndicat La C.F.T.C. estime les agents bisontins en danger “On ne peut pas tolérer la violence sur les agents”

Le syndicat C.F.T.C. dénonce les agressions verbales et physiques dont sont victimes les agents de la Ville et de l’Agglomération à Besançon. Ils estiment que la direction ne protège pas ses fonctionnaires. Polémique.

Q uand des individus balancent un par- paing sur le toit d’une camionnette de laVil- le de Besançon comme ce fut le cas à Planoise il y a quelques semaines, eux se chargent de lancer un autre pavé, dans la mare cette fois. Cela pour se pré- munir d’un futur drame. Jacques Desoche et Michel Portugal, res- pectivement président et vice-

“Nous jouons notre rôle d’aler- te ! Depuis de nombreux mois, les agents de la ville, du C.C.A.S. et de l’Agglomération sont vic- times de violences verbales et d’agressions. Ce n’est pas nou- veau mais cela monte en puis- sance” disent de concert les deux syndicalistes qui pointent du doigt l’inaction des élus qui selon eux,se cachent les yeux.La répon- se des élus est différente (lire par ailleurs). Le mal est latent. “Fin octobre, des rippeurs ont été victimes de jets de pierre rue de Dijon et de Bruxelles. Ils doivent regarder au-dessus de leur tête pour ne pas prendre un micro-ondes ! Une peur s’installe. La seule cho- se que l’on attend de la direction, c’est qu’elle ait l’honnêteté de reconnaître que les agents sont en danger. On va vers un drame. La collectivité nous demande de proposer des choses, ce n’est pas à nous d’apporter des réponses. Aumoins,elle est prévenue” décla- re Jacques Desoche.

président du syndicat C.F.T.C. des agents de la Ville de Besan- çon, montent au créneau pour dénoncer les actes de vio- lences récurrents dont sont vic- times les agents, qu’ils soient jar- diniers, rippeurs, assistantes maternelles ou agents d’accueil à Besançon.

“Porter plainte en son nom, c’est risquer des représailles.”

Jacques Desoche (à droite) et Michel Portugal, du syndicat C.F.T.C.

Il y a bien le droit de retrait qui existe. Pas suffisant selon le syn- dicat. Le dépôt de plainte ? “Beau- coup ne veulent pas aller porter plainte car ils ont peur des repré- sailles. Ils doivent porter plain- te en leur nom, ce qui peut leur causer des soucis…Un agent qui a porté plainte a subi des pres-

C’est inacceptable” concluent les syndiqués. Symbole de l’autorité, l’agent est devenu malgré lui le bouc émis- saire dans certains quartiers dif- ficiles. Ce n’est pas pour autant qu’il abandonne son poste. n

sions de la part de ses agresseurs : il a été obligé de quitter son pos- te et de revenir en équipe” consta- te le syndicaliste qui souhaite- rait qu’un poste de médiateur soit créé. “Que Carine Michel considère que l’on ne vit pas dans un monde des Bisounours, c’est tolérer la violence sur les agents.

E.Ch.

l La réponse de la mairie “Je n’accepte pas d’entendre dire que l’on minimise” L’adjointe au maire chargée du personnel répond. Les solutions restent difficiles à trouver.

Quelles mesures concrètes ? D epuis 2010, 30 sessions ont été organisées permettant à plus de 250 agents de la voirie, des déchets, de la restauration scolaire, des bibliothèques, des sports, des services sociaux de bénéficier des connaissances nécessaires à la gestion des compor- tements agressifs. Des procédures internes de protection et d’alerte ainsi que des consignes de retrait d’emploi en cas de tension. En cas d’agression (verbale, physique), l’agent, en tant que victime, dépose une plainte, soutenu en cela par son supé- rieur hiérarchique qui l’accompagne. À noter que la collectivité en son nom propre ne peut déposer une plainte puisque seule la victime dispose de cet- te capacité. Toutefois, la collectivité met en place une protection fonctionnelle systématique et effectue un signale- ment au Procureur de la République. Les faits qui ne prêtent pas à dépôt de plainte, en raison de leur nature, font l’objet d’un signalement interne. “Nos collectivités ont également mis en pla- ce des procédures d’accompagnement individuel et collectif afin d’apporter sou- tien et appui aux agents : entretien avec la médecine du travail dans les 48 heures et lorsque cela est nécessaire, en accord avec celle-ci, accompagnement per- sonnel par un psychologue spécialiste des chocs post-traumatiques. Nul ne peut douter, non seulement de notre pleine connaissance du contexte de tra- vail de nos agents, mais aussi de la volonté indéfectible de nos institutions de leur apporter tout le soutien néces- saire et utile” évoquent la C.A.G.B. et la Ville. n

L orsque des agents ont été caillassés, qu’un véhicule a été visé par un tir de carabine, les élus se sont déplacés immé- diatement auprès d’eux. Il exis- te des procédures qui avertis- sent en temps et en heure d’un éventuel incident : ce sont les fiches de signalement qui arri- vent directement sur les mails ou les téléphones des directeurs de service et élus.En cas d’agres- sion, l’alerte est donnée rapi- dement. “Ce n’est peut-être pas

mesures pour alerter comme un bouton à actionner en cas de danger dans certains services. Je ne peux pas en dire plus, jus- tement pour assurer la sécuri- té des agents. Je trouve ce pro- cès injuste. Il n’est pas possible de parler d’une “explosion des actes de violences et d’incivili- tés commis à l’encontre des agents” alors que le nombre de plaintes pour violence est de 19 en 2017, de 18 en 2016, contre 47 en 2015 et 26 en 2014.” Le syndicat fait une autre inter- prétation : les agents ne por- tent plus plainte par peur de représailles. n E.Ch.

suffisant mais je n’accepte pas que l’ondise que nous sous-esti- mons la violen- ce, qui est deve- nue un problème socié- tal, déclare Carine Michel, adjointe char- gée du person- nel. Il y a le droit de retrait, le dépôt de plainte. Il y a aussi d’autres

Les plaintes diminuent, est-ce révélateur ?

Carine Michel répond au syndicat.

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