La Presse Bisontine 194 - Janvier 2018

12 BESANÇON

La Presse Bisontine n° 194 - Janvier 2018

SOCIÉTÉ

Le 24, rue d’Arènes transformé en squat solidaire “Si on avait été entendu, on n’aurait pas eu besoin de squatter !” Ils viennent s’y laver, se reposer ou manger un repas chaud. Tandis que l’hiver s’installe, le local réquisitionné illégalement

par le collectif Solidarité Migrants Réfugiés (Sol Mi Ré) trouve véritablement son appellation : “le Bol d’R”.

Angelo trouve au 24, rue d’Arènes, une alternative à la rue et au froid comme ces familles de réfugiés aux parcours variés.

O pération “Poubelle la vie”, marche collective, dons d’habits, manifestation devant la préfecture… : le collectif Sol Mi Ré à Besan- çon multiplie les actions pour faciliter la vie de celles et ceux qui sont à la rue. Là où ça lui est possible et quand il n’est pas “empêché”. “Nous évitons de communiquer trop à l’avance nos événements, sinon on nous les interdirait” , reconnaît Syl- vie, une bénévole. Ce local du 24, rue d’Arènes est un peu la pierre angulaire de leur démarche. “Si on avait été entendu, on n’aurait pas eu besoin de squatter !” Mais com- me aucune solution n’a été trou- vée avec la Ville et la Préfectu- re, le collectif a décidé d’agir, comme lors de ce grand ramas- sage de déchets organisé sur les sites où campent les réfugiés, et leur dépôt devant la mairie Espéranto Cours d'espéranto tous les lundis de 18 heures à 19 h 30graves, s’est fait vacciner. Ce taux se situe dans la moyenne nationale (47,4 %). Culture Le Département du Doubs lance la “saison numérique#2”, son Festival de la culture et de la création numérique du 8 janvier au 17 février 2018. La relation entre art numérique et public est au cœur de cette seconde édition qui se composera de scènes, de débats et d’expériences numériques à vivre près de chez vous. Concerts, spectacles, installations, ateliers, conférences… le numérique sous toutes ses formes. www.doubs.fr EN BREF

bisontine. “Toutes ces personnes doivent pouvoir vivre dans de bonnes conditions. Cela ne peut plus durer.” Sachant que dans l’attente de l’instruction de leur demande d’asile en préfecture, qui peut prendre plusieurs semaines, les familles ne sont pas expulsables, ni forcément logées. Et que les

assurer régulièrement une des deux permanences du “Bol d’R”, ouvert sept jours sur sept de 11 heures à 14 heures et de 17 heures à 20 heures Ce soir- là, il discutera en allemand avec Angelo Hrustit, à la recherche de palettes pour se chauffer la nuit. Ce réfugié (arrivé de Bos- nie avec sa famille il y a unmois) vient trouver ici quelques heures de répit, “car il fait très froid dehors” , nous avouera-t-il avant de repartir sous sa tente sur le parking d’Arènes. Son histoire est celle d’un homme menacé dans son pays dans un climat sombre de vengeances et menaces policières. Une vingtaine d’autres adultes et enfants, principalement d’Al- banie ou de Bosnie comme lui, viennent chaque jour dans ce squat solidaire. “Nous les aiguil- lions aussi sur les démarches administratives et la scolarisa-

structures d’ac- cueil existantes ne peuvent répondre à toutes les demandes. Cer- taines ne sont pas ouvertes aux enfants. “Voir ces gens dormir sous un abri de fortune dehors est une honte” , souligne Paul. Ce jeune étudiant vient

Encore une gifle aux Droits de l’Homme.

tion des enfants” , indique Syl- vie. Après deux mois d’ouver- ture, le “Bol d’R” a déjà eu la visite d’un huissier et de diffé- rents intervenants mandatés pour l’expulsion. Les tentatives de rapprochement avec les auto- rités dont la S.A.I.E.M.B. (bailleur social et propriétaire des lieux) pour que soit signé un bail, n’aboutissent pas. Les élus E.E.L.V. Claude Mer- cier et Cécile Prudhomme s’en indignent, y voyant une nou-

velle “gifle aux Droits de l’Hom- me dans la ville berceau de Vic- tor Hugo.” Et s’interrogent sur lamise en application de la décla- ration du Président de la Répu- blique du 28 juillet 2017 : “Je ne veux plus d’ici la fin de l’an- née avoir des hommes et des femmes dans les rues, dans les bois. Je veux partout des héber- gements d’urgence.” Rappelant que le maire, Jean-Louis Fous- seret, est membre du parti La République en marche et admi-

nistrateur de la S.A.I.E.M.B. En attendant, les habitants sont eux dans l’action. Frigo, cuisi- nière, canapés, salle de jeux pour enfants… L’ancien local com- mercial vide a pris vie grâce aux dons. La solidarité bisontine est à l’œuvre et plus que jamais invitée à s’exprimer par du temps bénévole, des dons maté- riels ou même financiers avec la cagnotte lancée sur la plate- forme Helloasso. n S.G.

COMMERCE Café cantine Une oasis culinaire et culturelle au centre-ville bisontin Installée depuis près de deux mois au 19, rue Ronchaux, La Citronnade est à la fois un espace de détente et d’émulation culturelle. Une adresse qui ne ressemble à aucune autre jusqu’ici.

C e qui fait le plus ici, c’est sans nul doute “la pièce d’à côté”. Cet espace aménagé, attenant à la salle de restaurant, où l’on se déleste de ses chaussures et de ses sou- cis quotidiens. Transats, poufs, tables basses et tapis colorés nous y accueillent dans l’esprit d’un salon berbère. Pour une pause exotique et chaleureuse. Les visiteurs qui ont poussé la porte de La Citronnade ce jour-là, ont d’ailleurs presque tous décidé de s’y installer pour manger. Dans leur assiette, se retrou- vaient des plats faits maison, à base de produits locaux et de saison (certains vegan et sans gluten), concoctés par la maîtresse des lieux : Hind Abou Has- sam. Cette jeune femme atypique, née dans le désert marocain, avait cette envie de créer un lieu “à part”, où se rencontrent les gens tout simplement. “Là où cer- tains se rêvent astronaute, moi c’est l’ex- ploration de l’univers de chaque per- sonne qui m’intéresse.” Arrivée à l’âge de 11 ans à Montbéliard,

elle a fait une partie de ses études à Besançon et s’est rendue à l’étranger, puis a été amenée à créer le festival de danse contemporaine “Scènes secrètes” à Aix-en-Provence. Elle a aussi travaillé un temps à la friche Belle de Mai à Mar- seille, ainsi qu’à Paris avant de revenir en terre comtoise. Ce lieu longtemps rêvé, Hind ne le voyait bien qu’ici. Avec son compagnon Mat- thieu Jacob, ils ont donc ouvert ses portes

Pôle métropolitain La Communauté de communes du Val de Morteau (C.C.V.M.) rejoint le Pôle métropolitain Centre Franche-Comté. Depuis sa création en 2012, le Pôle Métropolitain comptait cinq agglomérations : Besançon, Dole, Vesoul, Lons-le-Saunier et Pontarlier. Avec l’entrée du Val de Morteau, le Pôle renforce sa capacité de coopération avec la Suisse. Réseau de six intercommunalités, il représente désormais un bassin de vie de 362 000 habitants.

le 13 octobre dernier. Leur projet innovant se voulait aussi ouvert sur le monde et toutes les cultures. On y retrouve ainsi toutes sortes d’ac- tivités : méditation le samedi matin, jeux de société le dimanche après-midi, soirées poly- glotte, projections ou concerts, mais aussi ate- liers crochet, origami, cosmétiques bio ou enco- re décoration de Noël.

Le petit salon coloré, attenant à la partie restaurant, accueille à la fois les déjeuners et les ateliers.

Soirée polyglotte, musique et ateliers pratiques..”

Leur association “Les citrons pas pres- sés” se charge de piloter l’ensemble. “Nous mettons l’espace à disposition et sommes ouverts à toutes activités.” Le plus souvent, les intervenants appli- quent des prix libres. Dans la logique d’échange et de partage du lieu, on y trouve aussi une jardinière “Incroyables comestibles” dont la production est acces- sible à tous, une grainothèque, une gra-

tiferia (troc d’objets et de services)… Avec une empreinte éco-responsable : le bar fait de palettes et le mobilier sont notamment de récup’. Une large place est faite au low-tech, au tangible, au manuel, à la transmission et à la réap- propriation des traditions utiles. Bref, une véritable oasis dans un XXI ème siècle en perte de repères. n S.G.

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