La Presse Bisontine 193 - Décembre 2017

ÉCONOMIE 34

La Presse Bisontine n° 193 - Décembre 2017

CINÉMA Rachat du Marché Beaux-arts par Mégarama “Le cinéma n’est pas une science exacte”

Après l’officialisation courant octobre du rachat du cinéma Marché Beaux-arts par le groupe Mégarama, le directeur des deux multiplexes bisontins revient sur les conséquences de ce rapprochement. Coup de projecteur.

tiel était à moins de 100 000 entrées par an. Mais ça suffi- rait pour déstabiliser le centre- ville. Il faut savoir être raison- nable. L.P.B. : Le cinéma continue à être une industrie florissante pour les exploi- tants de salles en France ? J.R. : En 2016, le record d’en- trées a été battu. 2017 est en revanche une année moyenne. Le cinéma n’est pas une scien- ce exacte. Et on ne peut pas non plus augmenter le potentiel significativement. Même s’il y a un très gros film, ce sera au détriment des autres. Les films, avec tous les ingrédients qu’ils comportent, c’est un peu com- me un ballon de baudruche. Quand on le lâche, c’est lui qui décide où il va et on ne maîtri- se plus grand-chose. Au final, c’est le public qui sait. L.P.B. : On reproche parfois au ciné- ma d’être un loisir cher… J.R. : Avec toutes les cartes de réduction qui existent (Jeunes, C.E., Client Roi, etc.), je pense que moins de 20 % des specta- teurs paient le plein tarif. Pour un enfant, c’est 5 euros. Je ne connais pas beaucoup de loisirs à ce prix-là. L.P.B. : Les tarifs seront-ils harmoni- sés entre les deux multiplexes ? J.R. : On travaille actuellement pour les uniformiser. L.P.B. : Vous êtes donc directeur du Mégarama Valentin et superviseur du Mégarama Beaux-arts. Toute une vie consacrée au cinéma ? J.R. : Cela fait 40 ans cette année. J’ai appris à 14 ans au Building, avant de faire des remplace- ments au Styx à Battant, puis d’intégrer le Vox en 1978, jus- qu’auMégarama et à cette actua- lité du Mégarama Beaux- arts… n Propos recueillis par J.-F.H. envie d’espace. Elle est déjà pré- sente à Perpignan, Nantes, Cannes et en Belgique. D’ici quelques mois, Lausanne, Lis- bonne et Barcelone disposeront de points de vente. “Il y en aura sans doute une ouverture éga- lement à Londres” évoque Jean- François Walger. Avec l’arrivée du V.T.T., du fat- bike, du fixie (vélo avec pignon fixe), tous électriques, la socié- té bisontine répond à la deman- de du marché et évite de man- quer la bonne échappée à l’heure où toutes les grandes marques ont pris l’aspiration de l’élec- trique. Reste à trouver la bon- ne fréquence de pédalage et le juste prix. Un vélo de milieu de gamme s’achète 1 595 euros, 2 450 euros pour le nouveau V.T.T. n E.Ch.

L a Presse Bisontine : Pouvez-vous repréciser les contours de ce rachat ? Jean Roy : Le groupe Mégarama, qui possède 18 cinémas multi- plexes dans toute la France a donc racheté le cinéma Marché Beaux-arts du centre-ville qui avait été mis en vente par le groupe Pathé. Pour Pathé, un des principaux acteurs français, le cinéma de Besançon était trop petit. Et avec la concurrence de Mégarama, il n’y trouvait sans doute pas son compte. Cela fai- sait plusieurs années que le Marché Beaux-arts n’arrivait pas à augmenter son nombre d’entrées. Il stagnait, voire régressait. L.P.B. : Du coup, quel est l’intérêt éco- nomique pour Mégarama de racheter Marché Beaux-arts ? J.R. : Le problème du Marché beaux-arts, c’est qu’il n’avait pas de véritable identité ciné- matographique. Il fallait d’une part qu’il joue contre le Méga- rama et qu’il se place par rap- port au Victor-Hugo, le cinéma d’art et essai du centre-ville. En rachetant le Marché beaux-arts, il est évident que l’objectif ne sera pas de concurrencer le Vic- tor-Hugo mais nous voulons redonner une vraie identité au Marché Beaux-arts, en pro- grammant des films dans de meilleures conditions. Il faut faire des choix et nous les ferons dans un souci de plus grande cohérence. On sait qu’au Méga- rama, c’est l’entertainment, le

divertissement, la sortie ciné- ma familiale, alors qu’au centre- ville il doit sans doute plus de culture et le Marché beaux-arts a souffert sans doute de ne pas savoir choisir sa programma- tion en fonction de cela. L.P.B. : Qu’est-ce qui va donc chan- ger en termes de programmation ? J.R. : Le Mégarama Beaux-arts (c’est son nouveau nom) va sor- tir beaucoup de films seul, exclu- sifs. Sur quatre films qui sor- tent sur une semaine par exemple, trois seront exclusifs et ne seront pas à l’affiche du Mégarama de Valentin. Avant, c’était une bagarre féroce entre Mégarama et Marché Beaux- arts sur les mêmes films. Ce ne sera plus le cas. De plus, au centre-ville, on pourra laisser les films plus longtemps à la programmation qu’ils ne l’étaient avant.

Jean Roy, directeur de Mégarama Valentin et superviseur du Mégarama Beaux-arts fête cette année ses 40 ans de cinéma.

mation plus cohérente, plus intel- ligente et adaptée à la clientè- le du centre-ville. Et les ciné- philes pointus continueront à y trouver leur compte au Victor- Hugo à qui on ne prendra aucun client et qui fait un très bon tra- vail. L.P.B. : La suppression de la carte illi- mitée d’ici la fin de l’année a fait grin- cer des dents. C’est définitif ? J.R. : Nous avons un trop petit circuit pour la maintenir. Pour le consommateur, c’est sûr que c’est avantageux. Mais il faut savoir que sur chaque ticket de cinéma vendu, l’exploitant paye un peu plus de 5 euros au dis- tributeur. Au-delà de quatre entrées, avec une carte illimi- tée, l’exploitant perd de l’argent. Pour des grands groupes com- me Pathé ou U.G.C. qui ont des centaines de salles, ils s’y retrou- vent. Pour nous, ce ne peut pas être le cas.

avec les travaux du tram et depuis, il était retombé à 250 000, voire moins. En même temps, Mégarama était passé de 10 à 13 salles. Notre objectif est de remonter à 300 000 entrées au centre-ville. Ce ne sera pas simple. Bien sûr on continuera à programmer StarWars ou les Ch’tis 2, mais nous aurons d’autres exigences. Par exemple, de programmer plus de films en V.O. car, avec le C.L.A. notam- ment et les étudiants, nous savons qu’il y a le public pour. Au centre-ville, nous ne pro- grammerons plus non plus de films interdits aux moins de 16 ans. Ils ne seront plus qu’àValen- tin. Nous apporterons plus de cohérence au centre-ville dans la programmation.Mais il y aura autant de films et de séances qu’avant. On n’a pas racheté le Marché Beaux-arts pour le lais- ser couler mais bien pour le dynamiser avec une program-

L.P.B. : Et au Mégarama Valen- tin, quels sont les chiffres de fré- quentation ? J.R. : On arrive à 550 000 entrées par an. Nous espérons atteindre les 600 000 que nous avons déjà faits par deux fois, avant l’ou- verture dumul-

“Un troisième multiplexe mettrait en péril le centre-ville.”

L.P.B. : Vous avez tout de même des impératifs d’ordre économique pour ce cinéma du centre-ville ? J.R. : Bien sûr, nous souhai- tons redresser le nombre d’en- trées. Il était monté deux années de sui- te à 400 000 entrées par an il y a sept ou huit ans. Mais

“Notre objectif est de remonter

à 300 000 entrées.”

tiplexe de Vesoul. Il y a de la place pour tout le monde, mais il faut faire ça intelligemment. L.P.B. : Il y a de la place aussi pour un troisième multiplexe, à Chalezeule ou Châteaufarine ? J.R. : Un troisième multiplexe mettrait clairement en péril le centre-ville. Une étude avait été faite sur Chalezeule, le poten-

THISE

Le vélo électrique développé à Besançon Sun City part à la conquête du continent

gager aux côtés de la société - ou de la racheter - sont nom- breux. Il faut dire que le mar- ché du vélo électrique est por- teur : de 6 000 deux-roues électriques vendus en France il y a 6 ans, le chiffre est passé à 134 000 quand l’Allemagne est à 900 000 machines vendues. Du côté de la firme comtoise, on

De nombreux investisseurs s’intéressent à la société basée à Thise qui profite de son expérience et du marché du vélo électrique florissant pour s’exporter hors de nos frontières.

S un City voit plus grand. Pionnier dans l’univers du vélo électrique pliant depuis 2010, la firme change de braquet avec l’arri- vée de “grandes roues” dans sa gamme. “Nous venons de créer quatre nouveaux modèles pour proposer une gamme plus large à nos clients” présente Jean- François Walger, gérant, créa- teur de cette marque de vélo électrique “Made in Besançon” dont la renommée s’est forgée avec la gamme de “petits” vélos pliants. Si les montures sont

assemblées à l’étranger pour des raisons de coût de main- d’œuvre, le développement, la recherche, l’ingénierie et le ser- vice après-vente sont réalisés dans les bureaux situés dans la zone industrielle thisienne. Aujourd’hui, près de 2 000 vélos de la marque bisontine tournent dans la capitale comtoise et ses environs : “C’est notre meilleu- re publicité” confie un salarié chargé de l’ingénierie et dumar- keting. Depuis plusieurs mois, les appels d’investisseurs désireux de s’en-

préfère ne pas donner d’évolu- tion du chiffre d’affaires. “On reste discrets, commente le gérant. Si des investisseurs doivent arriver, c’est pour déve- lopper notre réseau de dis- tribution” dit-il. Sun City a

“Pour développer notre réseau de distribution.”

Jean-François Walger, gérant de Sun City, ici avec un des quatre nouveaux modèles de vélo électrique.

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