La Presse Bisontine 193 - Décembre 2017

26 DOSSIER I l Beure

La Presse Bisontine n° 193 - Décembre 2017

Au débouché du pont

Le quartier des Piccotines coincé par le futur chantier Le quartier des Piccotines, sur la commune de Beure, se trouve au débouché du pont qui enjambe le Doubs. Le chantier aura forcément un impact sur la circulation.

J eannine (prénom d’em- prunt) a plus de 80 ans. Elle n’a pas pu assister à la réunion publique que le maire de Beure avait organi- sée le 7 novembre. Problèmes de santé. Devant samaison, che- min des Piccotines, un grand mur anti-bruit marque la sépa-

ration avec la R.N. 57 sur laquel- le roulent plus de 30 000 véhi- cules par jour, dont des centaines de camions. Voilà près de qua- rante ans que ça dure, et les rive- rains s’y sont habitués. Jeanni- ne est philosophe : “On a construit la maison en 1965 et déjà à l’époque les services avaient hési-

té avant de délivrer le permis de construire à cause, déjà, du pro- jet de contournement… Puis en 1973, ils ont fait le pont de Beu- re et depuis, on a toujours vécu là. On attend de voir ce qu’on nous prépare…” dit-elle un peu fataliste, en sachant pertinem- ment que son quartier va subir la loi du futur chantier. Dans le scénario dit “préféren- tiel” par la D.R.E.A.L., une rou- te est prévue pour ceux qui arri- vent de Besançon et qui souhaiteront se diriger sur la R.N. 83 en direction de la côte de Larnod. Ce shunt leur per- mettra d’éviter les deux ronds- points successifs et ainsi de s’en- gluer dans d’éventuels ralentissements.Naturellement, cette variante nécessitera de “modifier la desserte du quar- tier des Piccotines à Beure puisque l’actuel chemin des Pic- cotines débouchera alors que cet- te voie de shunt” expliquent les techniciens de laD.R.E.A.L. Pour l’instant, les solutions alterna- tives de desserte de ce quartier beurot ne sont toujours pas étu-

Le quartier des Piccotines (en bas de l’image) serait directement touché par la création d’un shunt reliant la R.N. 57 à la R.N. 83.

diées. Pour le maire de Beure Philip- pe Chaney, son village est une nouvelle fois l’otage des grandes

habitations, et donc pour le sort de familles du village pour cer- taines installées depuis plusieurs décennies, le maire de la com- mune veut néanmoins croire au dialogue. “Pour l’instant, les ser- vices de la D.R.E.A.L. se mon- trent plutôt ouverts et compré- hensifs. Les choses se préciseront aumoment de l’enquête publique. Nous resterons très vigilants” promet Philippe Chaney. Sur les trois variantes étudiées par les services de l’État, deux n’im- pactaient pas la commune de Beure. Pas de chance pour les Beurots : c’est la troisième qui a les faveurs des services. n J.-F.H. Les règles de l’expropriation L’expropriation est une procédure qui per- met à une personne publique de contraindre un particulier ou une personne morale à céder son bien immobilier, moyen- nant le paiement d’une indemnité. Pour pouvoir recourir à l’expropriation, la per- sonne publique doit respecter une pro- cédure qui se déroule en deux temps : une phase administrative et une phase judiciaire. L’expropriation ne peut inter- venir que si elle présente une utilité publique. Les juges considèrent que cet- te condition est remplie dès lors que le projet est réellement justifié, qu’il ne peut pas être évité et que l’atteinte à la pro- priété de la personne expropriée n’est pas disproportionnée par rapport à l’ob- jectif poursuivi. L’expropriation est généralement consi- dérée comme étant d’utilité publique lors- qu’il s’agit de projets concernant la créa- tion de lotissements communaux, la création d’espaces verts, la création d’éta- blissements d’enseignement ou hospita- liers, ou encore, c’est le cas ici, l’amélio- ration de la voirie. de la D.R.E.A.L. font état de deux expropriations prévues : une vers le rond-point de Beure et dans le secteur des Vallières. n J.-F.H. Au vu des résultats de l’enquête du com- missaire-enquêteur, si l’utilité publique du projet est caractérisée, le préfet pronon- ce une déclaration d’utilité publique (D.U.P.). Le jour de l’affichage sert de point de départ aux intéressés pour éventuelle- ment contester la D.U.P. et engager un recours devant le tribunal administratif. n

s’il faut rester très prudent avec ce genre de choses. Pour l’ins- tant, les tracés que l’on nous pré- sente n’entrent pas dans le détail. Il est clair qu’avec le shunt pré- vu, le quartier des Piccotines va se retrouver coincé.” Le maire de Beure a donc orga- nisé le 7 novembre une réunion en petit comité invitant les rive- rains concernés pour les infor- mer de la situation à venir. Paral- lèlement, la D.R.E.A.L. avait prévu de tenir deux permanences à la salle polyvalente de Beure pour recevoir les questions des habitants. La seconde était pro- grammée le 18 novembre. Inquiet pour l’avenir de certaines

décisions de l’État. “Une fois de plus Beure va payer le prix fort dit-il. Lors de la création de la voie des Mercu- reaux, quatre habi- tations avaient été expropriées et détruites. Je crains qu’avec la fin du contournement on doive encore sacri- fier deux voire trois habitations, même

“Une fois de plus Beure va payer le prix fort.”

Les maisons du quartier se trouvent parfois à quelques mètres de la route.

l Incertitudes

Chemin des Vallières

La délicate question des expropriations Il n’est guère de chantiers d’envergure sans son lot de propriétaires expropriés. Il est encore trop tôt pour dire leur nombre précis et lesquels. Les riverains sont vigilants.

M ichel Roussey avait bien noté sur son agenda la date du 9 novembre 2017. Il ne voulait manquer pour rien au monde la réunion que les services de l’État avaient programmée à Micro- polis (voir l’article en page 23). Ce Bisontin habite depuis toujours che- min desVallières, entre Beure et Micro- polis. “C’était déjà la maison de mes parents, j’ai toujours vécu là” dit-il. Des voitures, il en a déjà vu passer depuis le début des années soixante-dix, date à laquelle la route reliant Besançon- Planoise à Beure a été construite.Avant

cette date, il n’y avait rien, que des champs devant la maison et juste une petite route au loin qui cheminait jus- qu’au Doubs. Pour rejoindre Beure, les Bisontins devaient alors faire le détour par Velotte…Déjà à l’époque, la famil- le de Michel Roussey a dû subir les affres d’une expropriation. “On nous a pris tous les terrains situés devant la maison pour faire la route.” Plus récemment, de nouveaux travaux ont été réalisés devant sa maison des Vallières. La D.I.R.-Est a commencé à élargir la chaussée. Rien à voir avec la fin du contournement mais ces tra-

Les maisons les plus proches seront forcément impactées.

vaux ont été entamés pour créer une troisième voie, de dégagement ou réser- vée aux secours, qui vient quasiment mordre sur le chemin des Vallières. Pour entamer ces travaux qui ne sont toujours pas terminés, la D.I.R.-Est a coupé des dizaines d’arbres qui fai- saient barrage entre les habitations

des Vallières et la route nationale. Résultat : le bruit n’est plus du tout atténué par la végétation. “On entend beaucoup plus les voitures” confirme le riverain. Pire : ces récents travaux auraient généré selon Michel Roussey “des fissures dans notre maison. Je voulais les faire constater.” Au sujet de la fin du contournement, Michel Roussey se montre fataliste. “De toute façon, il faudra bien faire passer les voitures.” Sans même ima- giner un seul instant la perspective de se voir exproprié par l’État, il attend des services qu’on “installe un mur anti-bruit.” Il pense que sa maison ne sera pas touchée, mais “il faudra impé- rativement que les responsables de ces travaux prévoient des murs anti-bruit” dit-il. Pour lui, comme pour les autres riverains qui attendent la fin de la consultation et des précisions sur le tracé précis, c’est le préalable mini- mal. Pour la concrétisation du chan- tier, ils ont encore quelques années de répit. À ce jour, les premières estimations

Entre Beure et Micropolis, plusieurs habitations se situent à proximité de la R.N. 57.

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