La Presse Bisontine 193 - Décembre 2017

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 193 - Décembre 2017

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L ’ h u m e u r

LITTÉRATURE

Une famille originaire du Haut-Doubs

De la petite fille violée à la femme apaisée, un poignant témoignage d’amour

Besançon-Briançon

L a célèbre émission des “Racines et des ailes” diffusée sur France 3 prévoit de fêter en 2018 les 10 ans de l’inscription des fortifications deVauban à l’Unes- co en consacrant au prin- temps des reportages aux sites de Mont-Dauphin, Neuf-Brisach, Arras, Longwy, Mont-Louis,

aux souvenirs, les relations avec sa mère deviennent conflictuelles, cette dernière lui enjoignant “de laisser le passé, dans le passé et de passer à autre chose !” Seule sa sœur, elle aus- si victime d’abus, partage son indi- gnation. Mais le fardeau est lourd à porter et “quelque chose se casse.” Rendre aujourd’hui publique son his- toire personnelle marque un nouveau tournant. “Je me sens portée par ce devoir de témoigner, pour peut-être aider d’autres victimes.” Encouragée par l’écrivaine comtoise Nicole Zorn rencontrée au hasard d’un week-end, elle a choisi de publier ses écrits à compte d’auteur, en gardant l’ano- nymat pour préserver sa famille. Son livre, intitulé “Mon père”, est paru aux éditions Amalthée en avril der- nier. Il est notamment en vente chez Cultura, Forum et l’Intranquille à Besançon. n S.G. Camaret-sur-Mer, Saint-Mar- tin-de-Ré, Blaye, Besançon… Géniale idée. Des images des fortifications de la Citadelle de Besançon seront dévoilées à des millions de téléspectateurs au printemps 2018 mais le direct se déroulera, on vous le donne en mille à… Briançon. Besan- çon peut espérer être le meilleur second rôle. l

“é crire.Un palliatif contre la souffrance, un remè- de plein d’espérance, une thérapie contre l’er- rance…” Pour cette Bisontine, dont la famille est origi- naire du Haut-Doubs, il a d’abord été question de survie. En couchant noir sur blanc les quelques phrases qui lui venaient à l’esprit, elle a tenté de soigner ses maux. “Ma priorité était de me livrer, de me débarrasser de toutes ses impuretés. Quand j’ai com- mencé en 2004, je n’avais aucun sou- venir, ils sont remontés à la surface petit à petit.” Pendant longtemps, son esprit a occul- té les faits. “Je n’avais aucune image en mémoire avant mes 14 ans, je trou- vais ça bizarre sans chercher plus loin.” Les professionnels lui expli- queront plus tard qu’il s’agit d’un mécanisme de défense psychologique, contre lequel elle ne pouvait rien. Un clivage qui pousse le cerveau à ne se concentrer que sur ce qu’il vit au pré- sent. Et puis un jour, est intervenu un élément déclencheur : le mariage de son fils. Il lui faudra finalement douze ans pour que ses poèmes émer- gent : de la petite fille bafouée et vio- lée par son père à la femme révoltée et aujourd’hui apaisée. Dans les premières pages, elle évoque “ce nom qui lui fait honte : papa” , tan-

Comment peut-on vivre après un drame comme l’inceste et quand les souvenirs ressurgissent bien des années après ? Dans un ouvrage adressé à son père, Catherine se libère de l’horreur vécue.

dis qu’elle conclut par un message d’espoir et d’amour à son attention. Lui est décédé depuis, mais elle, res- te, et doit trouver quoi faire de ce dou- loureux héritage. “Je suis passée par toutes les émotions.” Un long chemi- nement qui l’a confronté à la souf- france, au déni et même à l’isolement familial. Catherine n’a désormais plus de contacts avec ses trois frères, qui ne l’ont d’abord pas cru. “Je n’étais

‘ Un entourage qui préfère “laisser le passé dans le passé.”

L’ouvrage de cette Bisontine sur

pas tant la victime que laméchante. Cel- le qui casse l’image du bon père de famil- le, aimant et pieux.” Elle aura aussi à subir les abus de plu- sieurs hommes d’Église quand son père est devenu chef de chorale. Au fur et à mesure des confrontations

l’inceste, fait écho à la brûlante actualité du harcèlement sexuel. Elle se dit prête à témoigner dans des écoles

et ailleurs pour que cela cesse !

SANTÉ

L’arthrose du genou

Un déremboursement qui fait tousser les rhumatologues Les spécialistes des os et des articulations

s’insurgent contre le déremboursement de l’acide hyaluronique qui traite l’arthrose du genou. Une décision prise en dépit du bon sens selon eux. Ils en appellent au député-médecin Éric Alauzet.

A rthrum, Osténil et bien- tôt Hyalgan : ces trois médicaments ou dis- positifs médicaux sont en passe d’intégrer la liste de plus en plus longue des traitements qui ne seront plus remboursés par la Sécu. L’as- sociation des rhumatologues de Franche-Comté présidée par le docteur Marie Valnet-Godfrin est vent debout contre la déci- sion récente, appuyée par l’ac- tuel gouvernement, de ne plus rembourser les injections d’aci- de hyaluronique prodiguées aux patients souffrant d’arthrose du genou, pourtant “un traitement qui n’a pas d’alternative et qui a un rapport efficacité-toléran- ce optimal” résume le Docteur Benoît Augé, un de ses collègues bisontins. Le résultat de cette décision gouvernementale pri- se au nom des sacro-saints sou- cis d’économies prônés par l’as- surance-maladie, c’est qu’on aboutit à “précipiter les patients vers l’opération et la pose d’une prothèse, une solution certes rem- boursable, mais beaucoup plus onéreuse et pas forcément adap- tée à la plupart des patients” ajoutent les praticiens. Pour tenter de faire entendre

leur voix, ils ont interpellé auto- rités médicales et élus. Si du côté de la C.P.A.M. ils n’ont pas encore reçu de suite favorables, ils attendent beaucoup du ren- dez-vous que leur a fixé le dépu- té bisontin ÉricAlauzet,membre de la majorité et par ailleurs médecin lui aussi. “Nous le ren- controns le 27 novembre” pré- cise M me Valnet-Godfrin. Les rhumatologues qui estiment

Les docteurs Marie Valnet-Godfrin et Benoît Augé, rhumato- logues à Besançon.

que le traite- ment à l’acide hyaluronique est “très effica- ce et surtout net- tement moins coûteux que la pose d’une pro- thèse” ont sorti leur calculette. “Le coût du rem- boursement pour la Sécu est de 120 euros par patient et par genou alors qu’une prothèse, avec toute la partie rééduca- tion qui s’ensuit, c’est plus de 10 000 euros. Pas sûr que l’as-

Une prothèse et la rééducation,

anti-inflammatoires ou de la cortisone, des produits certes remboursés, mais “beaucoup plus délétères aux niveaux rénal et cardiaque notamment. Et des anti-inflammatoires quotidiens, ça risque de coûter bien plus cher à la Sécu qu’un rembour- sement annuel de 120 euros pour une injection d’acide hyaluro- nique…Nous souhaiterions au moins que la C.P.A.M. accepte de rembourser un pourcentage afin que les patients puissent déclencher leur mutuelle.”

Espérant que leur revendica- tion remonte jusqu’aux plus hautes instances de la santé, l’association des rhumatologues de Franche-Comté espère trou- ver un écho favorable à cette revendication qui n’a rien de corporatiste. “Nous sommes mêmes soutenus par les chirur- giens orthopédiques de Saint- Vincent et de la Polyclinique qui ont tout à fait compris l’intérêt de notre demande” assurent les médecins bisontins. Au-delà de cette légitime appré-

hension, les rhumatologues sont en plus confrontés à un autre souci, plus structurel celui-là : la fonte de leurs effectifs en région. Ils étaient encore une vingtaine en Franche-Comté ces dernières années. Le départ massif, et non remplacé, de près d’une dizaine d’entre eux va pro- voquer une vraie pénurie de ces spécialistes des os, des articu- lations, des muscles, des ten- dons et des ligaments. n

surance-maladie s’y retrouve…” dénoncent les spécialistes. Pour les patients, c’est la double pei- ne, car un produit dérembour- sé intégralement par la Sécu n’est pas pris en compte par les mutuelles. Même sanction pour les gens modestes à la C.M.U. : aucune couverture avec la car- te Vitale pour de tels soins, donc aucun remboursement. Pour l’instant, les rhumatologues n’ont pas d’autre choix que de prescrire à leurs patients souf- frant d’arthrose modérée des

c’est plus de 10 000 euros.

J.-F.H.

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