La Presse Bisontine 193 - Décembre 2017

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 193 - Décembre 2017

Aussi à l’aise avec des bombes de peinture que des dossiers municipaux PERSONNALITÉ Street art et politique Professeur d’arts appliqués au C.F.A. Hilaire de Chardonnet, Emmanuel Dumont partage son temps entre ses fonctions de conseiller municipal délégué et sa pratique artistique.

I l l’avoue, il n’y a pas un membre de la classe politique bisontine qu’il n’a pas cro- qué au cours des différentes réunions. Et même s’il “se retient” parfois sur ses propres projets artistiques ou certaines com- mandes qu’on lui passe, il ne s’interdit pas non plus un peu de vandalisme lors de ses vacances en Espagne, son pays de cœur où il a autrefois dirigé des séjours linguistiques. Les transformateurs électriques y deviennent sous ses coups de pinceaux et de bombes, des cathé- drales colorées. Ce qui lui a valu plusieurs rencontres avec “la guardia civil”. “Mais ça s’est toujours bien pas- sé” , assure Emmanuel Dumont qui défend sansmal sa démarche esthétique, à contre-pied d’une prétendue dégradation de biens. C’est d’ailleurs lui qui avait appuyé les deux premières sub- ventions versées au festival Bien Urbain. Avec d’autres manifes- tations et actions culturelles

Emmanuel Dumont est à la fois artiste en politique et politique dans son art.

(Herbe en Zik, Pique-nique géant…). Cet ancien d’adjoint à la com- munication et aux T.I.C. a éga- lement participé à la mise en place de Besancon.clic et à la nouvelle identité visuelle de la Ville. Sa manière d’être en poli- tique est la même qu’en art : “poussé par la créativité et l’en- vie de sortir du cadre.” “La grande différence, c’est qu’en art, quand on passe du temps, cela se voit !” Ce qui n’entame pas son engagement citoyen, qu’il dit avoir toujours eu (N.D.L.R. : sans étiquette, il est rattaché à la société civile) : “Je me rappelle avoir fait au début des autocollants à l’effigie de Robert Schwint pour sa derniè- re candidature.” Et cela trans- paraît dans ses œuvres. Sur l’im- mense mur de l’entrée d’une

maison d’un couple de Bous- sières, qui lui a laissé carte blanche, on distingue ainsi des hommes politiques au milieu des différentes techniques de collage, de pochoirs… ainsi que des inscriptions : “verba volant, scriptamanent” ou “bla, bla, bla”. Un ensemble saturé mais maî- trisé, sur le même principe que

uns de ses dadas : anamorpho- se, illusion d’optique…qu’il met- tra à nouveau à profit pour les 10 ans de l’inscription au patri- moine mondial de l’Unesco. Une esquisse d’avion, duquel on croi- ra qu’on saute en parachute au- dessus de la Citadelle, trône dans sa salle de classe. Quand il n’est pas avec ses élèves, le conseiller délégué aux arts urbains et aux musiques actuelles fait aussi de la photo. Il travaille depuis quelque temps sur un grand projet d’art urbain qui va concerner l’espace public, “mais ce ne sera pas forcément sur Besançon.” Pour sa ville de cœur et d’attache, il a bien d’autres idées, tenues secrètes pour l’heure… n S.G.

ce qu’il a déve- loppé avec ses élèves dans le sous-sol du C.F.A. bisontin. Cette surprenante gale- rie de street art “commencée en 2013 et en constante évolu- tion depuis” ras- semble quelques-

Une personnalité qui sort du cadre.

Le sous-sol du C.F.A. où il enseigne depuis 17 ans, est inves- ti du sol au plafond, à la façon de l’ancienne Tour Paris 13.

En savoir plus : www.emmanueldumont.fr

EN BREF

AFFAIRE

Tribunal administratif Sophie Montel en bagarre contre le fisc français La députée européenne et conseillère régionale

Show La troupe Art’Pop Cie organise pour la deuxième année consécutive un show de chant et de danse amateur qui se tiendra le vendredi 15 décembre à 20 h 30 au Kursaal de Besançon. Cette troupe de danse et de chant amateur met les petits plats dans les grands : écran géant, show de lumières, clips vidéos, intermèdes humoristiques, costumes et coiffure, des professionnels de haut vol seront présents pour proposer au public un spectacle éblouissant. Billetterie disponible à Cultura et Forum. 50 % des fonds récoltés seront reversés à la Ligue contre le cancer de Besançon. Exposition Dessins et peintures de Michèle Perrin à découvrir à travers l’exposition “Parcours 1965-2017” visible jusqu’au 17 novembre à l’A.S.E.P., 22, rue Résal à Besançon. Citadelle La Citadelle de Besançon est passée à l’heure d’hiver. Jusqu’au 23 mars 2018 inclus, la Citadelle et ses musées accueillent les visiteurs de 10h à 17h, 7 jours sur 7, sauf 25 décembre, 1er janvier et du 8 janvier au 4 février 2018 (fermeture annuelle).

de Franche-Comté réclame à l’administration française le remboursement de la C.S.G. et la C.R.D.S. prélevés sur ses indemnités parlementaires, estimant qu’elle n’a pas à se soumettre au fisc français… L’affaire est jugée actuellement.

P ersonne dans la salle d’audience du tribunal administratif de Besançon en ce mardi 7 novembre au matin. Ni la requérante, la députée Sophie Montel (récemment des- tituée par Marine Le Pen et qui a rejoint le mouvement des Patriotes de Florian Philippot), ni aucun avocat venant défendre ses intérêts. Il faut dire que dans ce genre d’affaires, c’est une pro- cédure écrite qui est la règle. Que reproche-t-on à la conseillère régio- nale et députée au Parlement de Stras- bourg ? Au titre de l’année 2014, elle a déclaré, dans la catégorie des traitements et salaires, des revenus d’un montant total de 69 377 euros comprenant principa- lement la somme de 48 123 euros cor- respondant à ses indemnités de parle- mentaire européen. Sur ses indemnités de député européen, elle a acquitté au titre de l’année 2014 la cotisation sociale généralisée (C.S.G.) à hauteur de 3 609 euros ainsi que la contribution au remboursement de la dette sociale (C.R.D.S.) à hauteur de 241 euros. Non contente d’avoir à s’ac- quitter de ces sommes indûment préle- vées selon elle, elle a attaqué en justi- ce la direction départementale des services fiscaux du Doubs. Pour appuyer sa demande, Sophie Mon-

tel soutient que “l’application des pré- lèvements sociaux français à son indem- nité de parlementaire européen est contrai- re à l’article 13 du règlement n° 883-2004 du Parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004 portant sur la coordina- tion des systèmes de sécurité sociale” résume le tribunal administratif. Cet article prévoit qu’une personne qui exer- ce une activité salariée dans plusieurs États membres est soumise, si elle n’exer- ce pas une partie substantielle de ses activités dans l’État membre de rési- dence, à la législation de l’État membre autre que celui de résidence. En sa qua- lité de député européen, M me Montel

Sophie Montel conteste devant le tribunal les prélèvements sociaux dont elle a été l’objet par les services fiscaux du Doubs (photo archive L.P.B.).

currence de l’Union européenne qui, selon elle, “doit être regardée comme un État membre.” Il apparaît aussi, autre argument avancé, que d’après la Cour de Justice de l’Union Européenne, l’Union est seule compétente pour déterminer les règles applicables aux fonctionnaires de l’Union en matière de sécurité socia- le. Dans ses conclusions que nous avons pu nous procurer, le juge du tribunal administratif Isabelle Marion estime cependant que “M me Montel, en sa qua- lité de député du Parlement européen, n’est pas un travailleur salarié ou indé- pendant au sens du règlement n° 883- 2004 du Parlement et du Conseil du 29 avril 2004 ni un fonctionnaire ou un agent de l’Union européenne.” Et, poursuit le tribunal de Besançon, “si les indemnités de parlementaire euro-

péen ne sont pas soumises à la C.S.G. et à la C.R.D.S., les élus qui exercent en France un mandat local, comme c’est le cas de M me Montel qui est conseiller régio- nal de Franche-Comté depuis le 15 mars 1998, sont affiliés à un régime de sécu- rité sociale français et sont assujettis à la C.S.G. et la C.R.D.S. sur leurs reve- nus de conseiller régional ainsi que sur leurs indemnités parlementaires.” Cet assujettissement intégral des revenus de M me Montel lui permet donc de béné- ficier d’une couverture sociale complè- te à la différence du régime social euro- péen. La juge Marion conclut en estimant que la requête présentée par M me Montel devrait “être rejetée.” La juridiction bison- tine doit rendre son jugement avant la fin de l’année. n J.-F.H.

estime qu’elle doit être assi- milée à un salarié de l’Union européenne et que l’Union européenne doit être regardée comme étant un État membre de sorte que ses indemnités de député européen ne pour- raient être assujetties qu’à des prélèvements sociaux effectués par les institu- tions de l’Union euro- péenne. Pour plaider sa cause, l’élue fait aussi valoir qu’elle tire l’essentiel de ses revenus hors de France, en l’oc-

La requête de Mme

Montel devrait “être rejetée.”

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