La Presse Bisontine 191 - Octobre 2017

LE GRAND BESANÇON 40

La Presse Bisontine n° 191 - Octobre 2017

SAÔNE

Commerce Quel avenir pour le commerce indépendant ? Plusieurs commerçants du centre de Saône, proches de la retraite, vont cesser leur activité. La fin d’une époque.

Q uand des chalands pas- sent de longues minutes dans les embouteillages menant à la galerie com- merciale Châteaufarine-Besan- çon, d’autres vont à Saône. Ils trouvent dans un périmètre res- treint unmagasin de chaussures

(Chez Sabine), un de vêtements (Sport détente), un opticien, une supérette, un buraliste, une phar- macie, deux boulangeries, une boucherie, une boutique de lumi- naires, un photographe, deux esthéticiennes, un restaurant (repris depuis peu), une fleu-

riste, une boutique de vente de vins, un kebab, deux banques. Tout ceci en cœur de bourg avec parking gratuit, le conseil du vendeur en prime. Quand la plupart des bourgades ont perdu leurs commerces, Saô- ne amaintenu le sien, bien aidée par des professionnels passion- nés qui ont tout fait pour faire perdurer ou prospérer leur bou- tique. Jusqu’à quand ? Un vira- ge s’opère avec la cessation dans les mois à venir de plusieurs activités. PatriciaTroutot, du magasin de chaussure “Chez Sabine” est la première à avoir trouvé un repre- neur : “Fin février, j’arrête.Après avoir mis une annonce au prin- temps dernier, j’ai trouvé une personne de 35 ans qui poursuit l’activité. Je ne suis pas inquiè- te pour le commerce à Saône : la clientèle est fidèle, le chiffre d’af-

Émilienne Roy ferme en décembre sa boutique de luminaires à Saône.

faires est là” commente la com- merçante. Un éventuel acheteur, Émilien- ne Roy de la boutique “Le Roy du luminaire” n’a pas encore trouvé de repreneur.À vrai dire, elle n’a pas cherché. Dans son magasin situé au 10, rue de la Mairie, la gérante n’a pas renou- velé le stock et tente de l’écou- ler en proposant des rabais jus- qu’à 70%. “Voilà 45 ans que nous étions installés là avec monmari (décédé en décembre dernier). À 74 ans, j’ai décidé de vendre” dit- elle. En face de sa boutique, le magasin de vêtements “Sport détente” tenu par Michel Nico- las fera de même au printemps prochain. À 60 ans, dont 37 ans de boutique, le professionnel - à l’origine du la création du club de handball - fait valoir ses droits à la retraite, mérités. Il a résis- té à la concurrence des grandes enseignes, fidélisé sa clientèle avec des produits de marque et modernisé son espace de vente.

Saône. Ces départs sonnent-ils la fin du commerce saônois ? “Je ne le crois pas, répond le président qui met en place une action com- merciale pour les fêtes de Noël. Il y a un potentiel avec une zone de chalandise qui possède un pouvoir d’achat. Saône est attrac- tif” dit-il. Cela n’empêche pas les commerçants de pester contre ce panneau indiquant “Saône Centre” qui a disparu lorsque l’on sort duTrou au Loup depuis Besançon ou contre ces futurs travaux de voirie rue de la Mai- rie qui impacteront l’accès aux magasins. Propriétaire de la boulangerie située devant l’église, Philippe Amiot projette de créer un salon de thé. Jointe, la municipalité rappelle qu’elle n’a aucune maî- trise sur la vente de commerces ou le transfert d’activités. Voilà les investisseurs prévenus : les bonnes affaires sont à Saône. n E.Ch.

“Sans doute le magasinme man- quera-t-il, confie-t-il. Mais je n’oublie pas que 15 jours de vacances par an, c’est lourd” témoigne le professionnel qui rappelle que les prix dans les “petites” boutiques ne sont pas plus chers que les grandes enseignes.

De l’autre côté de la route, le photo- graphe s’interro- ge : “Tant que la santé va, que mon métier me pas- sionne, je continue, d’autant que nous rendons ici un ser- vice public. À 70 ans, j’aimerais que mon fils reprenne mais il n’est pas décidé” commente Alain Fève, pro- priétaire et prési- dent de l’associa- tion des commerçants de

Le président des commerçants Alain Fève (Le Chanet photographe) confiant pour l’avenir commercial saônois. Michel Nicolas (Sport et détente) prend sa retraite au printemps. Il cherche un éventuel repreneur.

“Après 45 ans de travail…”

ENVIRONNEMENT Sur les R.N. 57 et 83 Ils repèrent les espèces envahissantes par caméra embarquée Une équipe du Conservatoire botanique de Franche-Comté et de la Direction interdépartementale des routes de l’Est (D.I.R.-Est) a sillonné cet été une partie du réseau routier entre Besançon, Étalans et Rioz.

Q uatre espèces, soulevant à la fois des enjeux sanitaires et environnementaux, sont visées : l’ambroisie à feuilles d’armoi- se, les renouées du Japon, la berce du Caucase et l’ailanthe glanduleux. “Elles se développent très vite, disséminées par le vent, et modifient le paysage en chassant les autres espèces” , souligne la botaniste Laura Poinsotte, chargée du suivi du programme de lutte contre les espèces envahissantes en Franche- Comté depuis 2009. L’ambroisie fait d’ailleurs l’objet d’une lutte obligatoire depuis les années 2000, “elle a un pollen très allergisant” , provoquant conjonctivites, asthmes et éternuements chez les personnes aller- giques. Pour certaines autres espèces, la mise en contact peut avoir des réper- cussions encore plus graves. “Un agent qui fauchait les bordures de routes dans le courant de l’été est revenu brû- lé au niveau des avant-bras sans savoir que cela venait de la berce du Cauca- se” , explique Laura Poinsotte. C’est pour éviter ce genre de mésa- venture que l’expérimentation est donc menée et qu’elle pourrait être élargie à l’ensemble du réseau de la D.I.R.- Est. À l’aide d’une caméra embarquée dans une voiture balisée et à une vites- se modérée, l’équipe a marqué l’em- placement des plantes repérées, pour alimenter une base de données et pou- voir agir en conséquence. L’expérience est menée par trois direc- tions interdépartementales des routes. Une journée de repérage a eu lieu, localement, mi-juillet dernier, le long

Le recensement des localités concernées est une étape indispen- sable dans la lutte contre ces plantes envahissantes. (photo

L. Poinsotte C.B.N.F.C.- O.R.I.).

des R.N. 57 et 83. “Nous avons emprun- té un tronçon menant de La Vèze jus- qu’à Étalans, puis de Besançon jus-

Quelques ajustements restent ainsi à faire au niveau du protocole, avec peut- être l’utilisation d’un G.P.S. pour obte- nir des coordonnées plus précises com- me ont pu le faire les autres D.I.R. Une autre journée de repérage est d’ores et déjà prévue l’an prochain. “Si l’expérimentation est validée, un recensement se fera tous les quatre ans pour suivre l’évolution” , conclut Lau- ra Poinsotte. Avec, en face, la mise en place d’actions adaptées comme la fauche ou l’arrachage répétés pour essayer d’affaiblir ces populations, voi- re les éradiquer. n S.G.

qu’à Rioz. Ainsi que de Poligny à Champagne- sur-Loue.” Des massifs de renouées et d’ailanthe ont bien été identifiés. Peu d’ambroi- sie en revanche (à un sta- de de développement trop précoce) et pas de berce du Caucase, si ce n’est au lieu indiqué par l’agent d’entretien blessé, “en contrebas de la route, non visible depuis la caméra.”

“Nous en avons déplacé des tonnes de tapis.”

Sont passées à la loupe : bordures, bretelles, échangeurs, aires de repos ou encore talus et terre-pleins centraux. Un exemple d’ambroisie ici. (photo M. Vuillemenot C.B.N.F.C.-O.R.I.).

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