La Presse Bisontine 191 - Octobre 2017

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 191 - Octobre 2017

CULTURE

Un événement artistique Le chef-d’œuvre a quitté Besançon pour la première fois depuis près 500 ans

L’œuvre du peintre italien Bronzino “Déploration sur le Christ mort (1542-1545)” est de retour à Florence après 472 ans d’absence… Besançon a prêté la pièce maîtresse de son musée municipal.

“L e XVI ème siècle à Flo- rence. Entre Michel- Ange, Pontormo et Jean de Bologne” . C’est le titre de l’exceptionnel- le exposition qu’il nous a été don- né de voir au Palazzo Strozzi de Florence (Toscane). Cette expo- sition foisonnante réunit 200 œuvres en provenance des plus grands musées du monde. Dans ce tour du monde Renaissance, Besançon a joué un rôle majeur en prêtant au musée florentin son principal chef-d’œuvre : la “Déploration sur le Christ mort” peinte par Angelo Di Cosimo, dit Bronzino (le “bronzé”). “La participation à cet événement confirme la place des collections bisontines au rang des plus importantes dans le paysage muséal mondial” se réjouit le musée de Besançon. L’histoire de cette peinture est

un témoignage de la position privilégiée occupée par la famil- le franc-comtoise des Granvel- le dans l’Europe de la Renais- sance. À l’époque du Saint-Empire romain germa- nique, Nicolas Perrenot de Gran- velle est un homme politique de premier plan, conseiller, garde des Sceaux et premier ministre de l’empereur Charles Quint. “Son influence est considérable.

dé à Bronzino, peintre déjà très renommé à Florence. Ce pan- neau était initialement destiné à orner la chapelle privée de son épouse Éléonore de Tolède dans le Palais de la Seigneurie qu’il vient de faire construire à Flo- rence. Cependant, dès la pein- ture achevée, il décide de l’offrir à Granvelle pour le remercier de son action diplomatique.” Quand l’œuvre arrive à Besan- çon en septembre 1545, le chan- celier Granvelle destine le retable à la chapelle funéraire de l’égli- se des Carmes jouxtant l’actuel palais Granvelle. La peinture reste à cet emplacement jus- qu’en 1799, année où elle est intégrée aux fonds dumusée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon. Ce chef-d’œuvre est donc conservé à Besançon depuis plus de 460 ans. Depuis, il n’avait jamais quitté

C’est dans ce contexte qu’il reçoit un jour de sep- tembre 1545 un cadeau des plus extraordinaires en provenance de Florence. Il s’agit du retable que Cosme Ier de Médicis avait comman-

Le support fragile interdit les déplacements fréquents.

Avant de quitter pour la première fois Besançon, le tableau a fait l’objet de toutes les attentions pour un transport optimal (photo J.-C. Sexe - Ville de Besançon).

la France depuis son arrivée en 1545. “Le format et le support en bois fragile lui interdisent les déplacements trop fréquents”

précise lemusée. C’est donc dans des conditions de transport dras- tiques (transporteur spéciali- sé, caisson climatisé…) que

l’œuvre a retrouvé sa ville d’ori- gine pour cette exposition excep- tionnelle. n J.-F.H.

VISITE

Exposition au Palazzo Strozzi Exposition au Palazzo Strozzi Le maire de Besançon est venu assister à

L’émotion était palpable au moment du déballage de l’œuvre peinte sur bois aux alentours de 1543.

“C’ est sans doute le mur le plus beau de l’histoire de l’art” s’enthousias- me Arturo Galansino, le directeur général de la fondation du Palazzo Strozzi à Florence. Il faut recon- naître que la succession des troisœuvres majeures côte à côte, dans une hallu- cination de couleurs, donne toute sa dimension à l’exposition consacrée au Cinquecento à Florence. Entre la “Dépo- sition de Santa-Felicita” de Pontormo, la “Déposition de la croix” de Rosso Fio-

l’accrochage du chef-d’œuvre. L’exposition qui ouvre ses portes au Palazzo Strozzi de Florence devrait attirer plus de 150 000 visiteurs en quatre mois.

Offices et au Palazzo Vecchio. L’idée étant de recevoir en prêts quelques autres Bronzino qui viendraient rejoindre la pièce maîtresse du musée bisontin pour l’exposition marquant la réouverture de ce dernier, program- mée le 16 novembre 2018. La visite flo- rentine du maire de Besançon a per- mis d’engager les premières discussions avec Isabelle Mallez, la directrice de l’institut à Florence. Place cette fois aux discussions diplomatiques franco- italiennes. n J.-F.H.

geante et accessible qui donne à voir un panorama complet du maniérisme italien de ce XVI ème siècle éblouissant. “Nous sommes réellement heureux et fiers de contribuer à cette exposition qui contribue aussi à faire rayonner Besançon à travers le monde” commente lemaire de Besançon qui a fait le dépla- cement pour le dévoilement et l’accro- chage du Bronzino. M. Fousseret a profité de sa visite pour demander une “contrepartie” à la capi- tale toscane qui possède d’autresœuvres du Bronzino, notamment aumusée des

rentino de Volterra et “notre”“Déploration sur le Christ mort” de Bronzino, le visiteur a de quoi être ébloui, et ému. “Le cadeau de Besan- çon” selon les termes de M. Galansino est bien une des pièces maîtresses de cette exposition à la fois exi-

Demander une “contrepartie” à la capitale toscane.

Les responsables du Palazzo Strozzi, la directrice de l’institut français à Florence et le directeur du musée de Besançon entou- rent le maire.

Le tableau prendra place à côté de deux autres chefs-d’œuvre de la peinture floren- tine du XVI ème siècle.

Opération accrochage. Le tableau pèse près de 100 kg.

Le maire de Besançon et Arturo Galansino, le directeur général de la fondation du Palazzo Strozzi.

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