La Presse Bisontine 188 - Juin 2017

L’ÉVÉNEMENT La Presse Bisontine n° 188 - Juin 2017

LES 408 : CHRONIQUE D’UNE MORT ANNONCÉE

Le quartier des 408 tel qu’il existe depuis le début des années soixante vit ses derniers mois. Dans six mois, les opérations de démolition vont démarrer et dans quelques années, il ne restera plus rien de ce quartier populaire qui a lentement perdu son âme. Retour sur une opération urbaine contestée (crédit photo G.B.H.).

l Projet

Déjà deux des trois barres

Les 408 seront démolis en novembre Encore quelques mois de sursis pour les immeubles de la Grette qui disparaîtront du paysage. Des familles doivent encore être relogées. À la place des barres, toujours pas de projet concret de reconstruction.

“L’ objectif est bien la déconstruc- tion complète des trois barres” indique Pascal Curie, le président de Grand Besançon Habitat, le bailleur social qui gère ce quartier composé de ces trois grands ensembles deve- nus le symbole de ce que les villes ne souhaitent plus repro- duire en matière d’habitat col- lectif. Les 408 vivent donc leurs derniers mois. Pour deux des trois barres, la déclaration d’intention de démo- lir a déjà été déposée et confir- mée par les services de l’État. Il s’agit du 13, rue Brûlard (la barre du milieu) et celle du 29 (la barre du fond). “Nous gar- dons la première barre, celle située au bord de la rue, afin notamment de reloger les der- niers habitants des deux autres barres qui n’ont pas encore démé- nagé. Mais à terme, les trois

barres seront démolies” note Pas- cal Curie. Le coût global de l’opé- ration atteint les 10 millions d’euros. Le premier immeuble qui sera déconstruit sera celui dumilieu, caractéristique avec son toit en “piste de ski”. Un an de travaux sera nécessaire. Avant la démo- lition proprement dite (qui se fera par grignotage et non par

tier est calée mi-2019 avec une démolition effective en novembre. Du fait de la taille plus impo- sante de cet immeuble du fond, 15 mois seront nécessaires. La démolition de l’immeuble lon- geant la rue est prévue à par- tir de la mi-2022. “La condition principale est qu’on ait relogé tout le monde avant. Si on peut commencer plus tôt, on le fera” ajoute le président de G.B.H. Le relogement est bien la prio- rité du bailleur social depuis plusieurs années déjà. Sur la barre du 13, 116 logements sont déjà vacants, trois seulement sont encore occupés. “Les trois derniers déménagements sont prévus dans les toutes prochaines semaines.” Une étape qui per- mettra ensuite de couper toutes les alimentations (eau, chauf- fage…) et ainsi éviter tout risque de squat. Sur la barre du fond, 187 logements sont déjà vacants mais encore 49 sont occupés.

Pascal Curie, président de Grand Besançon Habitat : “Il n’y aura pas de reconstruction tout de suite. Il faut réfléchir à un projet global.”

ner le dos à ce quartier qui aura été leur lieu de vie depuis le début des années soixante. Le service urbanisme de la Vil- le de Besançon réfléchit actuel- lement au devenir de ce quar- tier pour lequel aucun projet concret de reconstruction n’est encore sorti des cartons. Au grand dam des quelques com- merçants présents sur ce quar- tier pourtant idéalement situé à deux pas du centre-ville et le long de la ligne de tramway. n J.-F.H.

lieux. C’est dans le cadre du “groupe technique de reloge- ment” piloté par la C.A.G.B. et avec l’appui technique du C.C.A.S. de Besançon que les familles se voient proposer des solutions de déménagement, à Besançon ou dans le parc de logements sociaux disponible dans le Grand Besançon. Si la majorité d’entre elles finit par se résoudre à quitter leur quar- tier, le changement est vécu com- me un vrai déchirement pour certaines. Les plus anciens ne se résolvent toujours pas à tour-

explosion), deux mois seront néces- saires pour prépa- rer et sécuriser le chantier, avant de démonter les boi- series et tous les éléments inté- rieurs. “La démo- lition proprement dite démarrera en janvier.” Ensuite viendra le tour de la barre du 29, rue Brûlard. La pré- paration du chan-

“Quatre vont bientôt déména- ger également.” Certains habi- tants sont présents depuis plus de 45 ans dans ce quartier qu’ils ont vu évoluer. “Avant qu’il y ait des problèmes, il y avait ici une vraie solidarité, une ambiance” note un riverain. La barre du devant abrite encore 97 familles et 47 appartements sont vides. Dans le cadre des opérations de relogement, tous les bailleurs sociaux de Besançon ont l’obli- gation de proposer leurs loge- ments libres aux familles des 408 encore présentes sur les

La barre du milieu démolie en premier.

Made with FlippingBook flipbook maker