La Presse Bisontine 188 - Juin 2017

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La Presse Bisontine n° 188 - Juin 2017

il, plutôt représentatifs de la fonction publique. Chaque nouvelle débute par une note administrative ou une cir- culaire. L.P.B. : On ressent de votre part une certaine tendresse pour ces personnages, qui ne sont jamais dans une posture de revendications salariales ou syndicales, loin de la caricature. A.F. : Oui, je suis toujours bienveillant à leur égard. Je tente de voir l’être humain derrière la fonction. Je vou- lais effectivement à tout prix éviter la caricature, qu’elle soit pour ou contre. Je souhaitais que l’ouvrage soit lu par des fonctionnaires et par des non-fonc- tionnaires. L.P.B. : Ils luttent cependant à leur manière contre les dysfonctionnements de l’adminis- tration. A.F. : Ils luttent contre la machine qui tourne parfois un peu à vide. Mais je ne souhaitais pas non plus être trop cri- tique vis-à-vis de la fonction publique. Il y a aussi ce côté hyperconnecté qui nous relie constamment aux ordina- teurs, portables, mails… même sur la plage !

BESANÇON LITTÉRATURE

Le Prix Louis Pergaud pour Arnaud Friedmann Le mois dernier, l’écrivain bisontin Arnaud Friedmann recevait le Prix Louis Pergaud pour son dernier ouvrage, “La vie secrète du fonctionnaire”, un recueil de nouvelles paru aux éditions J.-C. Lattès en septembre dernier. Rencontre.

Arnaud Friedmann qui fut conseiller puis directeur d’une agen- ce A.N.P.E., connaît bien la fonction publique.

L a Presse Bisontine : Dans ce recueil de dix nouvelles, on observe un grand écart avec la thématique de votre précédent roman, “Le tennis est un sport romantique”… Arnaud Friedmann : J’ai écrit six romans, tous centrés sur la construction du lien familial. Je n’avais jamais parlé de la

sphère professionnelle auparavant, car je ne souhaitais pas mélanger les deux. En 2012, j’ai eu envie d’écrire une nou- velle sur le thème du covoiturage, et ce format court m’a plu. J’ai eu envie ensuite d’écrire sur le monde du tra- vail, et cette proposition a retenu l’at- tention de mon éditeur. L.P.B. : Les histoires que vous décrivez sont- elles des situations vécues ? A.F. : Ce sont des situations qui pour- raient exister, pour la plupart. Ce qui m’intéresse dans l’écriture, c’est d’ex- plorer le côté intime, ce qui se passe entre les personnages. Ce sont des his- toires vraisemblables auxquelles on peut s’identifier. Je trouve qu’il y a aujourd’hui une souffrance au travail, dans le public aussi, mais peut-être ressentie de manière différente. L.P.B. : Qu’est-ce qui relie tous ces person- nages, quel est le fil rouge ? A.F. : Ils ont tous une vie extra-profes- sionnelle pas forcément épanouissan- te, une vie sentimentale cabossée, com- pliquée. S’il n’y a pas de professeurs, ces fonctionnaires sont, me semble-t-

Dix portraits pour découvrir l’Humain derrière le fonctionnaire Dans ces dix nouvelles, Arnaud Fried- mann, qui a longtemps travaillé dans la fonction publique, dresse le portrait de dix hommes et de femmes, tous issus de la fonction publique : une policière qui dresse des P.V. toute la journée pour répondre aux quotas imposés par sa hiérarchie, une jeune chef de service d’une collectivité aux dents longues, un maître-nageur rêveur… Sous la plume tendre et drôle d’Arnaud Friedmann, on accède à l’humanité, aux rêves, colères, ambitions cachées…de ces personnes soumis à la déshumanisation et à la sur- enchère des réglementations de leur fonction, toujours dans la bienveillan- ce, sans clichés ni revendications. n

me suis aperçu un jour qu’en dialo- guant avec mon ordinateur pour ins- crire une personne, je me suis rendu compte dix minutes plus tard qu’elle était sourde et muette. Il est triste de perdre ce contact humain, c’est ce que j’ai voulu mettre en avant. On passe plus de temps à envoyer des mails qu’à parler aux gens, ce qui renforce l’iso- lement. L.P.B. : Vous venez de recevoir le prix Louis Pergaud pour cet ouvrage. Qu’est-ce que cela représente pour vous ? A.F. : Un grand privilège pour moi qui suis attaché àma Franche-Comté nata- le. Joli clin d’œil également à la vie de Louis Pergaud, qui a été fonctionnai- re lui-même. On retrouve d’ailleurs dans ses correspondances le cliché récurrent du fonctionnaire que ses mis- sions n’épuisent pas. Ce prix est éga- lement rassurant pour moi, il montre que des gens lisent mes livres. n Propos recueillis par C.G.

“Ils luttent contre la machine qui tourne parfois un peu à vide.”

L.P.B. : Les Français ont-ils un problème avec les fonc- tionnaires, qui sont souvent considérés comme des fai- néants, preneurs d’otage lors des grèves… Cet ouvrage est-il également l’occasion de réhabiliter la fonction, changer le regard du grand public ? A.F. : Face à une certai- ne déshumanisation, je dirais plutôt remettre de l’humain dans le tra- vail. Lorsque je tra- vaillais à l’A.N.P.E., je

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