La Presse Bisontine 188 - Juin 2017

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 188 - Juin 2017

Le candidat En Marche écrase Marine Le Pen à Besançon

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Emmanuel Macron : “On ne sera pas dans un continuum”

Déflagration Éparpillé par petits bouts, façon puzz- le… Pour continuer dans la métaphore Audiard, Emmanuel Macron a dynami- té, dispersé, ventilé les partis classiques en un temps record. Et ce n’est sans doute pas fini. Si le résultat laisse pan- tois, et si personne encore ne peut garan- tir les résultats de cette méthode, on peut sans conteste affirmer que la démo- cratie prend un sacré coup de jeune et, en miroir, les querelles gauche-droite et les discussions d’appareil un cruel coup de vieux. La stratégie minutieusement réfléchie par cet homme beaucoup plus déterminé que certains goguenards pou- vaient l’estimer il y a encore quelques semaines a de bonnes chances d’abou- tir, si ce n’est à une majorité absolue du mouvement République En Marche aux prochaines législatives, du moins à une majorité de projet à l’Assemblée Natio- nale afin de mener à bien les réformes que le nouveau président s’est engagé à conduire. Mais derrière le souffle de la déflagration et sous les ruines des partis classiques (P.-S.) ou les divisions des autres (L.R.) restent néanmoins plus de 40 % de Français qui ont, à l’élection présidentielle, fait le choix de la contes- tation. Soit en se jetant dans les bras d’une Marine Le Pen dont on a - enfin - vu le vrai visage et les limites lors du débat d’entre deux tours, soit en choi- sissant la posture radicale de la gauche mélenchoniste. C’est cette petite moitié de Français qui considère toujours M. Macron comme un épouvantail que ce dernier devra rassurer dans les toutes prochaines semaines. Conscients du risque de voir ces contestataires tenter, par idéologie ou par peur irrationnelle, de bloquer le pays, le nouveau prési- dent et son gouvernement doivent main- tenant avoir la main ferme et ne pas trembler face à l’enjeu. La majeure par- tie du destin de la France pour les cinq années à venir se jouera sans doute dans ces trois prochaines semaines. Si ce gouvernement aux origines hétéro- clites sait avancer soudé dans le bon sens, alors Emmanuel Macron réussira son pari jusqu’au bout en obtenant une majorité En Marche aux législatives. Si les moindres couacs, même infimes, apparaissent d’ici là, il y a fort à parier que le vieux clivage droite-gauche renais- se de ses cendres fumantes. Tout l’en- jeu est de savoir si la France doit une nouvelle fois renoncer avant la derniè- re marche ou aller au bout de la logique supra-partisane qu’une majorité de Fran- çais appellent de leurs vœux. ■ Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet,Thomas Comte, Jean-François Hauser. Ont collaboré à ce numéro : Céline Garrigues, Sarah George. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Mai 2017 Commission paritaire : 0220 D 80130 Crédits photos : L.P.B., G.B.H., F. Kuntz, Y. Petit, 13 ème R.G.

L a Presse Bisontine avait eu l’opportunité de rencontrer le nouveau président Macron en tête-à-tête lors de sa venue à Besan- çon le 11 avril dernier, à douze jours du pre- mier tour de la présidentielle. Quinze jours après son accession à la magistrature suprême, après avoir fait voler en éclat la traditionnelle fractu- re gauche-droite, il est savoureux de rappeler les priorités qu’il avait confiées à notre journal. Prémonitoire aussi. “Nous ne serons pas dans un continuum. Pour arriver à faire ce que je sou- haite pour ce pays, il faudra accepter tous les talents. Ce n’est pas une histoire de droite et de gauche. Mon projet sera d’engager les réformes nécessaires concernant notamment le droit du travail en créant des protections nou- velles et un équilibre subtil entre liberté et pro- tection. Cette priorité n’est ni de droite ni de

gauche” commente M. Macron. Il avait insisté également sur quelques-unes des mesures- phares qu’il s’apprête à défendre : “La sup- pression de la taxe d’habitation aura un impact neutre sur les collectivités comme ici à Besan- çon. L’État couvrira le manque à gagner.” Sur la suppression de 120 000 postes de fonc- tionnaires, il détaille aussi : “Sur le quinquen- nat, 500 000 fonctionnaires partiront en retrai- te. Des créations de postes auront lieu dans les domaines régaliens, notamment justice et poli- ce, et nous ciblons 70 000 suppressions dans la fonction publique territoriale et 50 000 dans la fonction publique d’État. On peut faire mieux en dépensant moins” ajoute celui qui n’était encore que candidat il y a quinze jours. Le nou- veau président ne semble pas renier le candi- dat. Pour l’instant en tout cas. ■

Près de trois votants bisontins sur quatre ont choisi Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle.

S i Emmanuel Macron réa- lise à Besançon un de ses meilleurs scores des communes du Doubs avec 77,81 % des voix, une des autres leçons à tirer du second tour de la présidentielle à Besançon, c’est le taux parti- culièrement élevé d’absten- tionnistes. Sur les 68 673 élec- teurs inscrits sur les listes bisontines, seuls 48 269 se sont déplacés aux urnes ce dimanche 7 mai. L’abstention atteint donc 29,71 % dans l’ex- capitale de région. C’est enco- re plus que pour le premier tour où l’abstention avait atteint déjà les 25,94 %. Et sur les 70,29 % de votants à ce second tour, 11,21 % n’ont fait aucun choix en votant blanc, ou nul. Si bien que si Emmanuel Macron l’em- porte haut la main avec 77,81% des suffrages exprimés, contre 22,19 % pour Marine Le Pen,

le vote Macron aura réuni moins de 50 % des inscrits (48,56 % précisément). Rappelons néan- moins que le nouveau prési- dent de la République avait été porté en tête des votes du pre- mier tour à Besançon, avec 26,44 % des suffrages expri- més, juste devant Jean-Luc Mélenchon (25,55 %), et loin devant François Fillon (18,50%) et Marine Le Pen qui était arri- vée en quatrième position seu- lement avec 13,80 % des voix. Sur l’ensemble du Doubs, le candidat Macron a rassemblé 63,77 % des suffrages expri- més contre 36,23 pour la can- didate frontiste. Le nouveau président de la République était arrivé premier dans tous les cantons à la seule exception de celui de Bavans où Marine Le Pen l’avait légèrement devancé (50,23 % contre 49,77 %). ■

Le nouveau président Macron le 11 avril dernier, aux côtés d’Alexandra Cordier qui a mené

la campagne départemen- tale d’En Marche. Michel Vautrot siffle la fin de sa vie professionnelle

D imanche 11 juin, à Haïfa en Israël, Michel Vautrot s’installera pour la der- nière fois dans une tribune d’un stade de football avec un rôle officiel. Impossible de prédire si ses yeux vont s’embuer. Ce qui est certain : ils seront tour- nés vers les quatre arbitres qui dirigeront la rencontre Israël- Albanie, match éliminatoire pour la coupe du Monde. “Ce sera ma dernière mission d’obser- vateur F.I.F.A.-U.E.F.A. qui consiste à accompagner les arbitres, les observer, puis dres- ser un rapport. C’est la derniè- re activité pour le foot, la der- nière de ma vie” confie l’ancien arbitre international bisontin, 71 ans aujourd’hui, qui a commencé sa carrière d’arbitre il y a 52 ans (sa première sortie internatio- nale eut lieu en 1972 à la touche à Tottenham) dont 26 années passées comme observateur et

instructeur national. Une page se tourne. Ou plutôt un livre que Michel s’est refusé à écrire bien que poussé par des maisons d’édition. Et Dieu sait qu’il a des anecdotes à narrer “notre” arbitre après avoir sifflé sur tous les continents jusqu’à des terrains reculés du Kazakhstan, de Papouasie, de Saint-Pierre et Miquelon ou de Colombie, quelques jours après l’assassi- nat d’un arbitre. La limite d’âge l’oblige à ces- ser son activité pour le comp- te des instances mondiales du foot. “J’ai eu une vie riche de rencontres comme personne. J’ai vécu des émotions intenses comme rentrer dans un stade de 100 000 personnes, quelque chose qui te tord les boyaux” évoque l’ex-homme en noir qui a dirigé une demi-finale de cou- pe du Monde (1990) et des finales de Champion’s league.

Le gosse d’Antorpe à qui les médecins avaient refusé de fai- re du sport pour des raisons cardiaques a déjoué les pro- nostics sans jamais prendre la grosse tête. “Lorsque je rece- vais ma convocation pour un match, j’étais toujours comme un gosse” assure-t-il. Dans les aéroports, les gares, des pas- sionnés de foot l’interpellent encore. De quoi le surprendre. Vautrot, sifflet doré autour du cou, a laissé l’image d’un hom- me “atteignable” à l’inverse des arbitres actuels “robotisés.” Sa devise : “Être pris au sérieux mais ne pas se prendre au sérieux.” Il y a 10 ans, à Buca- rest, le club qui avait battu le F.C. Barcelone en finale de Champion’s league (1986) lui a remis cette plaque, en français, “20 ans après, nous n’oublions pas.” Lui, en bon Franc-com- tois à qui des supporters ont

L’ex-arbitre et ex- observateur de la F.I.F.A. Michel Vautrot, 71 ans.

lancé un trousseau de clefs (Bas- tia), un plomb de pêche (Mar- seille) passé à ras de sa tête, une chaussure (Nice), a été mar- qué par un séminaire qu’il a diri- gé dans un camp de réfugiés à Zaatari non loin de la frontière syrienne en 2016. Ses amis s’inquiètent. Va-t-il s’ennuyer ? Michel rassure. Il a

son jardin à Antorpe, des voyages prévus. “Seul le contact avec les personnes” va lui man- quer…mais pas les (longs) rap- ports à rédiger en anglais pour la F.I.F.A., fastidieux à son goût. En attendant, il lui reste enco- re un rendez-vous, de taille. Inaugurer le complexe Michel- Vautrot à la Malcombe ! ■

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