La Presse Bisontine 185 - Mars 2017

LE GRAND BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 185 - Mars 2017

LOISIRS

Les nouvelles technologies ont révolutionné la pratique Généalogie : partez sur la piste de vos aïeux La numérisation des archives et leur accès libre sur Internet ont fait de nouveaux adeptes comme l’a constaté le Centre d’entraide généalogique de Franche-Comté (C.E.G.F.C.).

“S i on ne sait pas ce qu’on a à chercher, on ne va pas trou- ver.” Voilà comment pourrait se résumer tout début de quête généalogique d’après Françoise Galliou, présidente du C.E.G.F.C., qui insiste bien sur le fait qu’il ne s’agit pas “de mettre juste des noms et des dates. On se pose surtout beau- coup de questions.” Le Centre d’entraide, créée en 1980 par un groupe de pas- sionnés, se propose de guider

les Francs-Comtois sur lamétho- dologie. Car si le gros avanta- ge de la généalogie est que “l’on

la population, les métiers exer- cés…, d’autres étudient leur patronyme ou encore les vagues d’immigration des Italiens.” Il faut savoir par où commen- cer et en la matière, mieux vaut s’appuyer sur l’expérience de ses 1 000 adhérents. Les res- sources du Centre peuvent éga- lement aider. “Nous avons des bibliothèques, des bases de don- nées…” Plus de 3 millions d’actes de naissance, demariage et de décès francs-comtois sont ainsi retrans

François Galliou présente la riche documentation répertoriée au sein du siège de l’association à Besançon, dont les arbres des Comtois les plus célèbres.

peut tout faire” , cela se révèle aussi le princi- pal inconvé- nient. “Des tas de directions sont possibles. Des personnes travaillent chez nous sur leur vil- lage : autour de la fluctuation de

Peu de chances de parentés célèbres.

crits et mis à disposition de ses adhérents. Un bon début quand on sait qu’il s’agit de trois docu- ments indispensables. Petite astuce que l’on nous donne au passage : “Allez directement aux archives départementales où sont conservés la totalité des registres” , car en mairie, on pourra trou- ver seulement un acte de décès par exemple (son parent étant bien mort là, mais né ailleurs). “Pour toute recherche, il faut au minimum un nom et une date” , précise Françoise Galliou, et pour réaliser son arbre généa- logique, “le premier travail consistera à interroger son entou- rage” , sans oublier de prendre des photos ! L’appareil numérique est en effet

devenu le compagnon fidèle de tout généalogiste, entraînant une véritable révolution dans la pratique : “Avec une journée de photos, on va travailler trois mois.” Tout comme les logiciels de généalogie, qui repèrent les incohérences et font apparaître les liens de parenté. L’export et le partage en ligne sont égale- ment devenus monnaie cou- rante. L’activité reste pour autant tou-

jours aussi chronophage. Mais Françoise Galliou l’assure, “on peut remonter sur sept généra- tions en moins d’un an en fonc- tion des caractéristiques de sa famille.” De là à y trouver un ancêtre célèbre ou un tonton des Amériques dont on va hériter, il y a peu à espérer. Le “Graal” tient plus dans la signature ou la photo du parent décédé. n

S.G.

Contact : C.E.G.F.C., maison des associations, 5, avenue de Bourgogne, 25000 Besançon. Accueil et permanence chaque vendredi de 14 h à 18 h Adhésion : 43 euros par an. Tél. : 03 81 41 92 07 E-mail : cegfc@cegfc.net

Le C.E.G.F.C. est structuré en huit antennes locales. Il dispose aussi d’une section parisienne, pour les Francs-Comtois expatriés (photo C.E.G.F.C.).

GÉNÉALOGIE Portrait de bagnards ordinaires Derrière les documents administratifs, se cachent des histoires personnelles Au XVIII ème siècle, il n’était pas rare d’être condamné au bagne. Des adhérents du Centre d’entraide généalogique de Franche-Comté s’y sont intéressés et ont déjà recensé 9 500 Francs-Comtois, contraints aux travaux forcés.

L ors de la dernière exposi- tion annuelle de l’asso- ciation, qui s’est tenue à Pelousey en novembre, plusieurs recherches avaient été mises en avant, dont celle sur les bagnards. Un sujet peu évoqué dans l’histoire régiona- le et qui a pourtant son impor- tance. “À l’époque, on était incarcéré pour des faits minimes : vol d’églises ou à l’étalage, violence ou désertion” , note Françoise Galliou, à l’origine des instiga- tions. On était transféré de Besançon et ses alentours prin- cipalement vers les bagnes de Brest, Toulon ou Rochefort. Le chemin pour les condamnés s’ef- fectuait à pied, soit entre 600 et 800 kilomètres. “Les futurs

bagnards attendaient en prison le passage des convois. Ils étaient ensuite ferrés et reliés à une longue chaîne, empruntant un itinéraire bien précis.” Si tous n’en revenaient pas, d’autres avaient plus de chan- ce comme Pierre Bourcet, ori-

bagne de Rochefort, pour ten- tative de vol de vin. Libéré en décembre 1819, il rentra à Pelou- sey à pied muni d’une feuille de route à faire viser dans les postes de police des villes qu’il traver- se. “Ce visa est obligatoire et la maréchaussée lui offre en contre- partie un hébergement pour la nuit” , explique Françoise Gal- liou, qui a retrouvé à ce sujet une lettre du préfet du Doubs adressé au maire de Pelousey, l’enjoignant de “le faire sur- veiller.” Malheureusement, Pier- re Bourcet décédera moins de cinq ans après son retour. Le BisontinMarc-François Bou- vier, né en 1786, n’a pas eu, lui, l’occasion de revoir ses terres natales. Condamné pour vol en

Les fiches des bagnards comtois ont été consultées à Toulon, Brest, Paris ou Rochefort, comme ici pour Pierre Bourcet. (photo : Archives du Service Historique de la Défense de Rochefort).

ginaire de Pelou- sey. Un de ces anonymes que ce travail généalo- gique a sorti de l’oubli. Fils de laboureur et maréchal-fer- rant de profession, il est condamné à six ans de travaux forcés en 1812, à l’âge de 58 ans, dirigé vers le

complicité, à la peine de 8 ans de travaux forcés alors qu’il était bonnetier à Troyes, il est envoyé au bagne de Brest. Il tente une première évasion avant son transfert et écope d’une année supplémentaire. Le climat bres- tois ne semblant pas lui conve- nir, il essayera de s’évader à nouveau en 1828 et 1829. Libéré en février 1838 après 11 ans de détention, “ce qui témoigne d’une certaine résis-

tance, il rentre à Troyes où il apprend que le roi lui a fait grâ- ce de son année d’emprisonne- ment supplémentaire. On le retrouve néanmoins quelques années plus tard, au bagne de Toulon, condamné cette fois à 20 ans de travaux forcés pour un autre vol et où il décédera en août 1848.” Deux histoires personnelles par- mi tant d’autres, dévoilées der- rière des noms et des numéros

de matricule. “C’est tout l’intérêt de la généa- logie, mettre de l’humain der- rière les documents” , souligne la présidente du C.E.G.F.C. Un travail qui sert à la compré- hension du passé mais aussi du présent, à l’image de ces autres recherches d’adhérents menées notamment sur l’immigration, ou sur les horlogers en lien avec le musée du Temps. n S.G.

Des allers parfois sans retour.

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